Coronavirus: le monde se barricade, les systèmes de santé en Europe à rude épreuve

Des Etats-Unis au Royaume-Uni en passant par la Russie, des pays qui s’estimaient jusque-là épargnés ont décidé samedi de passer à la vitesse supérieure face à la propagation inexorable de la pandémie qui teste les limites des systèmes de santé des pays européens les plus infectés.

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Au lendemain de la décision du président Donald Trump de déclarer l’état d’urgence, la Chambre des représentants a approuvé samedi un plan de bataille contre le coronavirus.

Le Covid-19, qui a infecté plus de 2.000 personnes aux Etats-Unis et en a tué 47, a eu raison des divisions entre républicains et démocrates en pleine campagne présidentielle.

Dépistage gratuit, accès facilité à l’assurance chômage et déblocage de fonds fédéraux pour financer le programme « Medicaid », couvrant la santé des Américains aux revenus les plus modestes… : le berceau du libéralisme semblait redécouvrir les vertus de l’Etat-providence, dans un pays qui n’a pas de système de couverture universelle pour la santé et où les congés maladie ne sont accessibles qu’à une minorité.

Comme un symbole, Apple a annoncé samedi la fermeture de tous ses magasins jusqu’au 27 mars… à l’exception de la Chine, où il vient juste de rouvrir ses boutiques.

Point de départ de l’épidémie, la Chine (3.189 morts) semble l’avoir désormais surmontée, faisant état samedi de seulement onze nouvelles contaminations et treize décès supplémentaires en une journée.

Mais l’épidémie, qui a déjà fait plus de 5.402 morts dans le monde, progresse quasiment partout ailleurs: un premier cas a été diagnostiqué au Rwanda et les pays scandinaves recensent trois décès.

Il est « impossible » de prévoir quand aura lieu le pic de l’épidémie, a averti l’OMS. La pandémie a contaminé plus de 143.400 personnes dans 135 pays et territoires. Les pays les plus touchés après la Chine sont l’Italie avec 1.266 morts, l’Iran (611 morts), l’Espagne (136 morts) et la France (79 morts).

Face à cette propagation implacable, la Russie (45 cas, aucun décès) s’est résolue à passer à la vitesse supérieure. Dès dimanche, ses frontières terrestres avec la Norvège et la Pologne seront fermées aux étrangers. Celle avec la Chine l’était déjà.

Critiqué pour sa lenteur à réagir, dans un pays qui ne recense officiellement que 798 cas dont 10 mortels, le gouvernement britannique de Boris Johnson s’apprête à revoir son approche et interdire les rassemblements de masse. Le tournoi de tennis de Wimbledon ou de grandes courses hippiques comme la Royal Ascot pourraient en faire les frais.

Même le Maroc, qui ne recense que huit cas, a fermé subitement ses frontières et pris des mesures sévères de confinement (fermeture des écoles, des universités, des cinémas, des salles de spectacle et de sports, etc…).

– L’Europe, coeur de l’épidémie –

En Europe, « épicentre » de la maladie selon l’OMS, les systèmes de santé sont mis à rude épreuve.

Une infirmière à bout de forces endormie sur son clavier d’ordinateur: cette photo partagée sur les réseaux sociaux est devenue le symbole de l’épuisement du personnel soignant dans le nord de l’Italie, pays qui a enregistré 250 décès en 24 heures.

« Il n’y a plus de tours de garde, plus d’heures. La vie sociale est suspendue pour nous », témoignait sur Facebook Daniele Macchini, médecin dans un hôpital de Bergame (nord).

Mais les vidéos d’Italiens chantant malgré tout à leur fenêtre ou à leur balcon ont fait le tour du monde.

En Espagne, deuxième pays le plus affecté en Europe avec 5.753 cas dont plus de 1.500 depuis vendredi soir, le système de santé public de la région de la capitale est débordé. « La situation est très dure, il y a plus de patients que de lits », a déclaré Guillen del Barrio, infirmier à l’hôpital La Paz.

« Malheureusement, nous ne pouvons pas exclure que la semaine prochaine nous dépassions les 10.000 contaminés », a reconnu vendredi le Premier ministre Pedro Sanchez, qui a déclaré l’état d’alerte.

La région de Madrid a ordonné la fermeture de tous les commerces non indispensables, une mesure qu’ont adoptée à leur tour samedi la République tchèque et la ville de Rio de Janeiro au Brésil.

En France, alors que des millions de personnes vont se rendre aux urnes dimanche pour élire leur maire, le dernier bilan communiqué vendredi par le ministre de la Santé faisait état de 800 nouvelles contaminations et 18 décès supplémentaires en 24 heures, illustrant l’accélération tant redoutée par les autorités.

A partir de lundi, les écoles resteront là aussi fermées, sauf pour les enfants de « personnels soignants essentiels ».

– La vie quotidienne chamboulée –

Partout, cette épidémie bouscule la vie quotidienne, affectant indifféremment toutes les classes sociales et vidant les rues.

Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau, dont l’épouse est atteinte par le coronavirus, s’est mis au télétravail. De son côté la reine Elisabeth II a reporté « par précaution » plusieurs engagements prévus la semaine prochaine.

En Espagne, pour éviter que les églises ne deviennent des foyers de contamination, la Conférence des évêques espagnols a incité les catholiques à suivre « les messes à la radio et à la télévision ».

Les villes de Milan et Rome, où règne un silence pesant, ont décidé de fermer à partir de samedi tous leurs parcs, jardins publics et aires de jeux.

Hauts-lieux du tourisme mondial, le Musée du Louvre à Paris, la Tour Eiffel et le Château de Versailles sont fermés, tout comme les musées et sites archéologiques grecs. Samedi, l’émirat d’Abu Dhabi a annoncé à son tour la fermeture de l’antenne du célèbre musée parisien.

Les championnats de football professionnel sont suspendus dans plusieurs pays européens. Le Tour d’Italie cycliste a été reporté, le Grand Prix d’Australie de Formule 1 prévu ce weekend à Melbourne a été annulé, et le parcours de la flamme olympique en Grèce a été raccourci.

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