Dans nos cours d’eau : Le poisson-chat détruit nos ressources

Depuis quelques années, le Clarias batrachus, aussi appelé silure-grenouille, a envahi nos cours d’eau et nos réservoirs. Ce poisson-chat vorace est très résistant et a colonisé notre territoire grâce à ses capacités hors-norme de survie. Il dévore nos végétaux indigènes et nos poissons et crustacés endémiques. Un envahissement qui échappe au contrôle des autorités et qui se poursuit de façon exponentielle.

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Atterri dans nos milieux aquatiques d’eau douce par accident et surtout par manque de connaissance, le poisson-chat est désormais présent dans presque tous les réservoirs et les cours d’eau de Maurice. Un envahissement rapide qui a pris les autorités de court et qui est devenu incontrôlable.

Les solutions manquent pour remédier à la situation. “Contrôler le poisson-chat est extrêmement difficile”, souligne Kevin Ruhomun du National Parks Conservation Service. “On ne peut pas utiliser de produits chimiques par exemple pour l’éradiquer, car cela aura également un impact sur tout l’écosystème”, ajoute Parmanand Daby, officier de la section Fisheries du ministère de l’Économie océanique et de la Pêche.

Impact désastreux sur les écosystèmes.

Facilement reconnaissable par sa grosse tête munie d’une grande gueule et des moustaches des deux côtés de celle-ci, ainsi qu’à sa robe noire et son corps longiligne, le poisson-chat ne passe pas inaperçu. Vous le verrez le plus souvent tapi dans la vase en pleine journée, attendant que la nuit tombe pour chasser. Omnivore, il se délecte à la fois de poissons, de crustacés et de végétaux. Ce qui en fait une espèce très résistante, qui s’adapte facilement à plusieurs types d’environnement.

Son impact sur les écosystèmes qu’il a colonisés est désastreux. Il saute pour ainsi dire sur tout ce qui bouge, mettant en danger les espèces indigènes et endémiques. “Le poisson-chat a un impact énorme sur les espèces endémiques de nos rivières : chevrettes, crevettes et poissons. Désormais, l’écosystème des rivières est encore plus fragile. Il n’y a plus grand-chose, à part les espèces envahissantes comme le poisson-chat. Ce poisson a eu des impacts désastreux dans tous les pays où il a été introduit”, confie Vikash Tatayah de la Mauritian Wildlife Foundation.

Colonisateur sans égal.

Dans une étude publiée en 2015 sous l’égide de la Commission de l’Océan Indien, il est mentionné que les plans d’eau où l’on trouve le poisson-chat présentent souvent une biodiversité réduite. Il est également écrit que ce poisson hautement envahissant est peu vulnérable aux prédateurs, eu égard à sa grande taille et la faculté qu’il a de se cacher dans la vase. Il peut survivre dans la vase et même hors de l’eau pendant plusieurs heures grâce à un système respiratoire secondaire. Cela en fait un colonisateur sans égal, qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’enlever de nos eaux douces.
Face à l’envahissement de cette espèce, le gouvernement a rendu en 2015 son importation illégale en amendant le National Parks Act. Mais le mal était déjà fait. Car malgré les lois, le commerce d’espèces exotiques interdites se poursuit. “Même s’il faut un permis pour importer des espèces exotiques, on sait très bien que ces espèces arrivent à atterrir chez nous grâce à l’importation illégale. L’appât du gain encourage beaucoup de gens à contourner les procédures”, commente Vikash Tatayah.

Une plaie en grandissant.

Même s’il présente très peu de qualités gustatives, le poisson est pêché par certains, notamment par des travailleurs étrangers. Cela aide à diminuer sa population mais n’est pas suffisant pour affecter sa propagation. D’autres personnes en prélèvent pour les placer dans des aquariums ou des bassins dans leur cour.

Si l’on en croit le ministère de la Pêche, ce poisson d’origine asiatique s’est retrouvé à Maurice par le truchement du commerce des poissons d’aquarium. Il y a une dizaine d’années, son importation était légale. “Nous ne nous attendions pas à ce qu’il puisse devenir un problème. Nous avions fait des vérifications au niveau sanitaire et des maladies et tout semblait correct.” Juvénile, le poisson se prête bien à l’élevage en aquarium, mais en grandissant, il devient une plaie puisqu’il peut atteindre 50 centimètres de longueur en captivité. “Ne pouvant plus les conserver chez eux, les gens les ont relâchés dans les rivières et réservoirs et les poissons les ont colonisés”, poursuit Parmanand Daby.

Quoi qu’il soit, on doit tirer des leçons de cet épisode et redoubler de vigilance à propos des espèces exotiques qu’on introduit à Maurice. Pour que nos écosystèmes ne finissent pas par être totalement dépouillés de leurs hôtes indigènes et endémiques.

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