DÉCÈS DE RAMLOGUN EN CELLULE EN 2006: Quatre policiers exonérés en Cour d’appel

Dix ans après le décès de Rajesh Ramlogun, survenu alors qu’il était en détention policière, le mystère autour des circonstances entourant sa mort reste entier. Dans un jugement rendu ce matin, le juge Asraf Caunhye a rejeté l’appel du Directeur des poursuites publiques (DPP), qui contestait l’acquittement de quatre policiers impliqués dans l’enquête et accusés d’avoir causé la mort de Rajesh Ramlogun, pour manque de preuves directes contre eux. Toutefois, le juge a fait remarquer qu’il y a bien eu de mauvais traitements sur le défunt et que les responsables n’ont pas été punis pour leurs actes.
Rajesh Ramlogun avait été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le meurtre des belles-soeurs Jhurry à Lallmatie le 6 janvier 2006. Cette affaire avait débouché sur la condamnation du neveu de Rajesh Ramlogun, Ashwin Ramgotee, à 37 ans de prison pour le double meurtre.
Rajesh Ramlogun avait quant à lui été arrêté dans le cadre de cette affaire le 12 janvier 2006. Cependant, il est décédé 48 heures après, alors qu’il était sous la charge d’officiers de police. Quatre policiers impliqués dans l’enquête avaient été poursuivis, accusés d’avoir torturé et abusé physiquement de Ramlogun. Ces derniers ont été blanchis par la Cour. Mais le DPP avait décidé d’interjeter appel du jugement. Il avait formulé 19 raisons pour soutenir son appel. Selon le DPP, les magistrats n’avaient pas pris en considération le fait que le suspect se portait bien au moment de son arrestation. Autre point, le fait que les magistrats ont failli à apprécier les preuves avancées par les témoins, dont un détenu qui avait soutenu que Ramlogun lui avait confié que des officiers de police l’avaient agressé. De plus, le DPP soutenait que les magistrats n’ont pas pris en considération les conclusions du Dr Gujjalu, qui a réalisé l’autopsie.
Le juge Asraf Caunhye a indiqué dans l’énoncé de son jugement que selon les détails de l’affaire, il y avait uniquement des « circumstancial evidence » contre les quatre policiers. Lors de son arrestation le 12 janvier 2006, la victime était en bonne santé et ne portait aucune trace de blessures. C’est le 14 janvier 2006 que Ramlogun sera conduit à l’hôpital Jeetoo, alors qu’il tombe dans le coma. Selon le médecin traitant, la victime souffrait d’une hémorragie cérébrale. Son état continuait à se détériorer jusqu’à ce qu’il décède le même jour. Les officiers de police incriminés devaient nier toutes formes de violences ou de pressions sur la victime. Les autres officiers de police qui ont été impliqués directement ou indirectement par cette affaire ont tous soutenu que Ramlogun ne s’était jamais plaint de brutalité policière et qu’il ne portait aucune trace apparente de blessures. Selon les officiers de police, il avait demandé l’assistance médicale lors de sa détention car il était malade et avait du mal à marcher.
Le juge Caunhye a statué de ce fait que les conclusions des magistrats étaient justifiées, ajoutant « the prosecution has fell short in establishing that the respondents perpetrated an abuse but in contrary appear to disculpate respondents ». Il a pris en considération le fait que la victime ne s’est jamais plaint de brutalité policière après son arrestation, le fait qu’aucun témoin n’a fait état de cas de brutalité pendant les trois jours où il était détenu. Le juge a indiqué par ailleurs que selon les preuves présentées en cour, environ 20 officiers de police étaient impliqués dans cette enquête et que les quatre officiers impliqués n’avaient pas la charge de la victime lors des dernières heures suivant son décès. Le juge devait ainsi rejeter l’appel du DPP, exonérant de tout blâme les quatre policiers. Ces derniers étaient représentés par Mes Gavin Glover et Samad Golamaully.
Le juge a toutefois fait ressortir qu’il est indéniable que Ramlogun a été victime de brutalité policière et condamne les responsables qui n’ont pas été punis. Il a ajouté que l’État doit s’assurer de la sécurité de détenus qui sont souvent victimes de tortures allant jusqu’à la mort, vu leur état de faiblesse et de vulnérabilité.

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