DÉCISION DU MPC : La baisse du taux directeur bien accueillie par les milieux d’affaires

La baisse du taux d’intérêt directeur de 4,9 % à 4,65 % – décision prise hier par vote majoritaire – par le comité de politique monétaire (Monetary Policy Committee) de la Banque de Maurice est bien accueillie par les milieux d’affaires et le vice-Premier ministre et ministre des Finances Xavier-Luc Duval. « C’est une bonne nouvelle. Le Joint Economic Council avait suggéré qu’on fasse des efforts pour garder au moins le taux directeur inchangé. On a fait mieux en décidant d’une réduction de 25 points de base », a déclaré Ahmed Parkar, président du JEC au Mauricien ce matin.
Il faut remonter à mars 2012 pour voir la dernière baisse (de 5,4 % à 4,9 %) du taux directeur. Le taux a été maintenu à 4,9 % aux quatre réunions subséquentes du MPC malgré les craintes qu’une augmentation pouvait intervenir à n’importe quel moment pour contrer les risques inflationnistes. Hier encore, les membres du MPC ont noté que les possibilités d’une remontée de l’inflation demeurent significatives, cela dans le sillage de l’application des recommandations salariales du Pay Research Bureau pour le secteur public et les retombées possibles sur le secteur privé.
Dans son communiqué annonçant la décision du MPC, la BoM rapporte que selon le dernier sondage mené auprès des opérateurs économiques pour connaître leurs attentes concernant l’inflation, il était estimé, par 50 % des sondés que le taux d’inflation en moyenne annuelle (headline inflation) pourrait atteindre 4,3 % en décembre 2013. Les prévisions « on a no-policy change basis » sont que l’inflation en progression annuelle s’établirait dans une fourchette de 5,3 %- 5,8 % d’ici décembre 2013, ce qui équivaudrait à une healine inflation se situant entre 4,1 % et 4,3 %.
« The MPC discussed alternative interest rate scenarios and was divided on the risks to the growth and inflation outlook. » Certains membres ont argué que le mandat du MPC est de rechercher la stabilité des prix et ont soutenu qu’il faut se montrer proactif en vue de juguler l’inflation dans le moyen terme. Pour d’autres, les perspectives de croissance économique se sont assombries au vu des derniers développements dans nos principaux marchés commerciaux. En effet, le MPC a noté que la situation économique globale est restée morose depuis la réunion de mars 2013. Alors que l’économie américaine reprenait légèrement ses forces, l’activité au Royaume-Uni est demeurée en dessous des attentes. La zone euro, elle, a enregistré une chute de sa production et ce pour le sixième trimestre consécutif. « Growth has slowed in a number of emerging economies as a result of persistent external headwinds », souligne le communiqué de la BoM. Entretemps, l’inflation globale n’a pas connu d’évolution négative, les prix des matières premières n’ayant pas enregistré de hausses importantes.
L’économie mauricienne, observe le MPC, est toujours vulnérable face à un environnement économique globale contraignant. « Economic performance has been below trend, with slow growth recorded in major export sectors despite diversification efforts, while a significant contraction has been noted in the construction sector », indique le communiqué. Tenant compte des conditions économiques prévalant chez nos principaux commerciaux et les risques de repli des perspectives économiques, la BoM a revu à la baisse son estimation de croissance de l’économie mauricienne, ramenant la fourchette de croissance de 3,4 %-3,9 % à 3,2 %-3,7 %. Le MPC a également pris note du fait que les différents indicateurs d’inflation n’ont pas connu de changement depuis la réunion de mars 2013 mais constate que le nouveau panier de l’indice des prix à la consommation (CPI) aurait peut-être contribué à modifier la donne concernant le CPI et pousser vers une baisse.
Soutenir l’économie
Interrogé par Le Mauricien, le vice-Premier ministre et ministre des Finances Xavier-Luc Duval a déclaré qu’il accueille favorablement la décision du MPC. « Nous respections l’indépendance du MPC et il est bon de rappeler que le comité a été reconstitué et se compose de membres dont la compétence est reconnue. Le ministère des Finances a la possibilité de présenter ses vues au comité par le truchement du secrétaire financier. Chacun a l’occasion de présenter ses idées, ses priorités », a fait remarquer le Grand argentier. Faisant état de l’endettement des entreprises, ce dernier a souligné qu’une telle situation peut déboucher sur leur fermeture. La décision du MPC de revoir le taux directeur à la baisse montre qu’il y a une tendance à encourager l’investissement. « Le MPC va dans la même direction que les Finances. Il y a une meilleure coordination et ça me fait plaisir », ajoute-t-il.
Le vice-Premier ministre a également insisté sur la nécessité de protéger et de créer des emplois. Il a annoncé que, sous le Youth Employment Programme lancé il y a quelques mois, près d’un millier de jeunes ont pu être placés dans des entreprises.
Du côte du secteur privé, le président du JEC, Ahmed Parkar, trouve que le MPC envoie un bon signal et que le comité démontre, à travers la baisse du Key Repo Rate qu’il est conscient des problèmes auxquels les entreprises sont confrontées. « Soutenir l’économie, créer des emplois. Ce sont les priorités de l’heure », a fait ressortir Ahmed Parkar. Pour lui, la situation est loin d’être réconfortante dans les marchés d’exportation. Les risques sont toujours présents. « Bien sûr, une baisse de 25 points de base du taux directeur ne va pas résoudre tous nos problèmes. Il y a certainement d’autres mesures à prendre comme on l’a fait, par exemple, au niveau du taux de change. Il faut renforcer la base de notre production. On est en retard sur les mesures à prendre. Nombre d’entreprises font face à de gros enjeux : rentabilité affectée, endettement élevé, manque de visibilité dans les marchés, menace sur les emplois. Nous espérons que les banques vont ajuster leurs taux dans le sillage de la décision du MPC. », a ajouté le président du JEC.
Du côté de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) et de la Mauritius Export Association (MEXA), la réduction du taux d’intérêt directeur est qualifiée de « ballon d’oxygène » pour le secteur des affaires. Gamesh Ramalingum, président de la MCCI, considère que la décision du MPC a du « commercial sense ». La croissance du Produit intérieur brut (PIB) va, selon les prévisions de la chambre, être inférieure à 3 % cette année et la baisse du taux directeur a du sens dans la mesure où elle va donner un coup de pouce à l’économie même si elle n’est que de 25 points de base.
Lilowtee Rajmun, directrice de la MEXA, a également souligné que la décision du PMC est une « bouffée d’air frais » pour les entreprises exportatrices. « Nos membres sont satisfaits. Le secteur manufacturier est porteur de croissance. Il faut l’encadrer coûte que coûte pour qu’il puisse améliorer sa compétitivité et maintenir l’investissement », a-t-elle déclaré.

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