Diego Garcia : Des risques catastrophiques d’explosion

Des documents tenus secrets par Londres et Washington soulignent que « the (US) Marine Corps position is that the net explosive risk at Diego Garcia is unavoidable »

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En moyenne, une vingtaine de navires de guerre US, avec des bombes et autres munitions, sont stationnés à la base de Diego Garcia

À 75 jours de l’ouverture des auditions consacrées à l’“Advisory Opinion” contre Londres sur le démantèlement du territoire de la République de Maurice avant l’indépendance, une nouvelle pièce à conviction a été versée dans le dossier à charge. Toutefois, ce développement prend à contre-pied l’engagement formel pris par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, quant au maintien de la base militaire des Américains à Diego Garcia, au-delà du retour de l’archipel des Chagos sous la souveraineté de Maurice.

En effet, la publication New Internationalist, sous la plume de la journaliste Katie McQue, basé à Dubaï, révèle que la base militaire de Diego Garcia comporte de graves risques d’explosion avec des dégâts conséquents sur le plan humain, aux infrastructures militaires et aussi à la faune et la flore marines dans le lagon des Chagos. Ces informations ont été publiées suite à une demande d’accès à des dossiers classés jusqu’ici secrets, comprenant des documents de la US Navy, par Londres et Washington sous les dispositions de la Freedom of Information Act. En tout cas, ce détail devrait relancer la campagne de Lalit pour un océan Indien – Zone de Paix, réclamant la fermeture de Diego Garcia compte tenu des risques à la sécurité.

S’appuyant sur des documents “highly classified” de plus de 300 pages, New Internationalist alerte contre les risques d’explosion sur la base de Diego Garcia vu la présence de plus d’une vingtaine de navires de guerre US, avec des bombes et tous genres et des ammunitions à bord, dans une baie aussi restreinte que celle de la principale île de l’archipel. Une analyse de ces détails confirme que les règles en matière de sécurité militaire avec la présence de ces navires de guerre ne sont pas respectées en toute connaissance de cause. Ce qui pousse la journaliste Katie McQue à souligner avec force que « Freedom of Information documents reveal the US Navy is keeping ships at the controversial naval base so close together and they risk catastrophe ».

D’entrée de jeu, New Internationalist puise des documents confidentiels pour soutenir la thèse de risques accrus d’accidents graves à Diego Garcia, notamment à la page 268 où il est fait mention que « the risks of anchoring ships closely together are moderate, the consequences of an explosion are catastrophic, but maintaining the warfighting capability at Diego Garcia is paramount since no other alternative is available. » En permanence sur la base de Diego Garcia sont accostés une vingtaine de navires de guerre avec la base accueillant quelque 4 000 membres du personnel de la US Navy.

En raison de l’exiguïté des facilités portuaires à la base militaire, les risques à la sécurité ont accru car « due to the small size of the anchorage, these ships must be positioned closer together than the normal US Department of Defense safety guidelines allow. There is a significant risk that if one of the ships detonate, it could ignite several ships in its proximity, causing a cascade of further explosions and damage ». Un Memorandum adressé au “US Assistant Secretary of the Navy” atteste du fait que ces dangers ont déjà été portés à l’attention des autorités américaines au plus haut niveau mais sans aucune mesure corrective apportée.

Présentant la base militaire, ce Memo révèle l’importance stratégique de cette base navale et aérienne, notamment que « Naval Support Facility, Diego Garcia is designated as the primary Western Pacific anchorage for MSC pre-positioned ships carrying Army ». Plus loin dans ce même document, le “Director, Supply, Ordnance and Logistics Operations” de l’armée américaine avance que « ship anchorage area (at Diego Garcia) cannot be reorganized to provide sufficient separation distances for the assigned ammunition-laden ships as required by Department of Defence explosives safety standard ».
Ainsi, l’une des conséquences est que les critères de sécurité ne peuvent plus être respectés à Diego Garcia. « Unmanaged, the limited spacing would not preclude an explosion from propagating ship to ship – with catastrophic impact to mission-related personnel, ships and shore facilities, one of the documents, obtained through from the US Department of Defense through Freedom of Information requests, states. (p. 268) The Marine Corps position is that the net explosive risk at Diego Garcia is unavoidable (p. 262) », ajoutent des extraits « from a catch of documents that reveal the UK-owned Indian Ocean island of Diego Garcia is continuously subjected to explosive hazards ».

Les autorités américaines et britanniques ont été averties formellement des conséquences de toute explosion à bord d’une unité de la marine américaine basée à Diego Garcia, à savoir « A. Serious injury or death to personnel is likely from the blast and from fragments and debris resulting from the blast, B. 20% risk of eardrum rupture and serious lung injuries may occur, C. Vessels containing explosives are likely to be damaged extensively and delayed propagation of the explosion may occur. (p. 284) ».
Ces échanges de correspondance au sein de l’Administration américaine autour des facilités portuaires s’imposent dans le cadre des exemptions aux conditions de sécurité dans l’archipel. « These exemptions, known as explosive safety waivers and secretarial certifications, have been in place ever since. Notably, the regulatory requirements that need to be met to obtain these permissions may actually be a reason why the Chagossians are not permitted to return to their homeland », avance New Internationalist dans un “posting” en ligne depuis hier.

Même si dans le cadre du projet unilatéral de “Marine Protected Area” dans l’archipel des Chagos, les Britanniques ont pris le soin d’exclure Diego Garcia, avec un potentiel de risque de pollution élevée, New Internationalist se penche sur les conséquences d’ordre environnemental. « While the explosive hazard does not impact the waters encompassed by the Marine Protected Area, which conveniently does not include Diego Garcia and its three-nautical-mile territorial sea, there are other protected conservation sites on the island that would be affected, raising questions over the authenticity of UK government’s conservation concerns for the Chagos », soutient Kate McQue.

Après consultations avec des experts, New Internationalist trouve qu’une explosion à la base de Diego Garcia, selon le scénario de la US Navy, entraînera la destruction de la faune et de la flore sur une distance de sept kilomètres à l’Est de Diego Garcia. « An explosion of this type would lead to extensive underwater damage in the northern end of the lagoon. Both the lagoon and land lie within a restricted conservation area protected under the RAMSAR Convention – an intergovernmental treaty that provides the framework for national action and international cooperation for the conservation and wise use of wetlands and their resources. »

Des arguments qui auront pour effet direct de renforcer la coalition des militants luttant pour la préservation de l’environnement et de ceux qui luttent pour la démilitarisation de l’océan Indien, avec la fermeture de Diego Garcia comme revendication étendard pour contrer la position de Pravind Jugnauth aux Américains de poursuivre leurs opérations « related to the wars in Iraq and Afghanistan with US Navy nuclear submarines calling at Diego Garcia for resupply and crew changes », sans compter les facilités pour les bombardiers.

 

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