DOSSIER CHAGOS : Bérenger appelle Bancoult et le GRC à ne pas «faire le jeu des Britanniques»

Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM, lance un appel au Groupe Réfugiés Chagos (GRC) et à son porte-parole à ne rien entreprendre qui puisse faire le jeu des Britanniques dans la démarche légitime des Chagossiens d’un retour sur leurs îles natales. Le chef de l’opposition dit souscrire à ce propos à la déclaration du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, à l’Assemblée nationale mardi, à l’effet que l’État mauricien doit nécessairement être partie prenante de toute discussion relative aux Chagos, comme stipulé par le jugement du Tribunal de la Mer. Le leader des mauves doute en revanche de l’utilité à se stade de saisir les Nations Unies d’un projet de résolution pour confirmer la pleine souveraineté mauricienne sur l’archipel. Il réitère plutôt la nécessité de renouer avec l’initiative prise en 2001 par le gouvernement MSM-MMM d’alors en insistant sur le fait que le contexte d’aujourd’hui s’y prête mieux.
Paul Bérenger précise d’emblée que, comme le gouvernement du jour, l’opposition MMM tient beaucoup à ce que Maurice récupère sa pleine souveraineté sur l’archipel des Chagos. Il explique que là où il y a désaccord, c’est la manière par laquelle y parvenir. Compte tenu du contexte  plus favorable, le leader de l’opposition répète que, dès son installation au pouvoir en décembre 2014, le nouveau gouvernement aurait dû avoir renoué avec l’initiative entreprise en 2001.
Paul Bérenger insiste sur le fait que le contexte est encore plus favorable qu’à l’époque à la lumière notamment du jugement du Tribunal international de la Mer blâmant la Grande-Bretagne sur projet de parc matin aux Chagos. Signe aussi, selon lui, que le contexte s’y prête mieux aujourd’hui : le ton “très positif” dans lequel la rencontre entre le président américain, Barack Obama, et le Premier ministre britannique, David Cameron, s’est déroulée le mois dernier à Londres dans le cadre de la prochaine arrivée à terme du bail consenti par la Grande-Bretagne aux États-Unis pour les besoins de la base aéronavale américaine de Diego Garcia.
C’est ainsi que Paul Bérenger regrette que depuis son installation à l’Hôtel du gouvernement, sir Anerood Jugnauth n’a, d’après lui, pas pris les initiatives qui conviennent pour une prise de contact personnel avec le Premier ministre britannique, notamment lors de sa participation au dernier Sommet du Commonwealth à Malte l’an dernier. Se fiant à son expérience en tant qu’ancien Premier ministre, il explique que de tels sommets sont propices à l’établissement de contacts personnels entre chefs de gouvernements.
Le leader de l’opposition allègue en revanche que, selon ses informations, avant même de s’aviser à nouer préalablement un contact personnel avec David Cameron à Malte, sir Anerood Jugnauth aurait agi “maladroitement” en soulevant directement la question des Chagos en présence d’autres chefs de gouvernements. Ce qui, selon lui, n’aurait pas plu au Premier ministre et officiels britanniques. Paul Bérenger dit son scepticisme quant à la possibilité que la question de la souveraineté mauricienne soit portée devant l’Assemblée générale des Nations unies cette année même, comme l’a laissé entendre mardi au parlement le Premier ministre.
“Le chef du gouvernement a-t-il pris en considération le temps de préparation que cela requiert ?” se demande-t-il. Le leader de l’opposition évoque, à cet égard, le temps nécessaire pour la rédaction de la résolution y relative, celui dévolu pour que celle-ci figure à l’ordre du jour et encore plus tout le travail de convassing à être entrepris auprès des États membres pour faire pencher comme il se doit la balance en faveur de la résolution présentée par Maurice. “Je ne sais pas qui sont ceux qui le conseillent mais il est clair que sir Anerood n’a pas fait son homework”, estime ainsi Paul Bérenger.
Ces maîtres du “divide and rule”
Le leader de l’opposition ne manque pas non plus de rappeler une fois encore que même si elle était adoptée, la résolution onusienne appelant au respect de la souveraineté mauricienne sur les Chagos ne contraindrait pas pour autant la Grande-Bretagne de s’y conformer. “Toute la question ne pourra alors qu’être portée devant la Cour internationale de justice (CIJ). Et l’on devra encore attendre des années avant un jugement”. Compte tenu des nombreux jugements de la CIJ non respectés par les États blâmés, Paul Bérenger soutient que nul ne dit si Maurice pourra par ce moyen être rétablie dans ses droits sur l’archipel des Chagos.
“C’est pour cela que je dis qu’il n’est pas trop tard pour reprendre l’initiative de 2001. Si cela s’avère un échec, nous nous tournerons alors vers l’ONU ou nous pourrons aussi envisager d’autres initiatives diplomatiques ou politiques”, répète le leader de l’opposition. Paul Bérenger ouvre à ce stade une parenthèse pour rappeler que lors de la première réunion du comité parlementaire qui avait été institué dans le sillage du jugement du Tribunal de la Mer, il avait laissé entendre au Premier ministre qu’il était disposé à le rencontrer en tête-à-tête pour lui faire personnellement part des moyens qui devraient, selon lui, être mis en oeuvre dans cette démarche pour récupérer la pleine souveraineté mauricienne sur les Chagos.
Le leader de l’opposition révèle qu’un vice-Premier ministre qu’il n’a pas nommé et qui “se serait fait des idées” quant à ses intentions réelles aurait alors glissé sur le champ une note à sir Anerood. Revenant à sa proposition pour renouer avec l’initiative de 2001, Paul Bérenger rappelle que Diego Garcia, qui abrite la base aéronavale américaine, se situe à plus de 100 km de l’autre île des Chagos la plus proche. Il précise que l’éventuelle récupération, dans un premier temps, des autres îles n’exclut en rien la revendication de Maurice sur Diego également, celle-ci pouvant être ultérieurement récupérée.
Le chef de l’opposition réitère, en conclusion de ce dossier, que la revendication mauricienne sur les Chagos tient en compte le cas des Chagossiens. Il dit compter sur le Groupe Réfugiés Chagos et son porte-parole, Olivier Bancoult, pour que ces derniers n’entreprennent rien qui fasse le jeu des Britanniques, “qui sont connus pour être des maîtres du divide and rule”. Paul Bérenger dit souscrire à ce propos à la déclaration de sir Anerood Jugnauth à l’Assemblée nationale mardi à l’effet que l’État mauricien doit être partie prenante de toute discussion à propos des Chagos comme stipulé dans le jugement du Tribunal de la Mer.
Par rapport à la revendication de souveraineté de Maurice sur l’île Tromelin, le leader de l’opposition rappelle que dans sa réponse à une précédente PNQ, sir Anerood avait laissé entendre que le précédent Premier mi-nistre, Navin Ramgoolam, avait demandé au président français, François Hollande, en 2014, de ne pas ratifier le projet d’accord de cogestion de la petite île. Or, il s’étonne que mardi SAJ, quand interrogé, a déclaré ne pas être au courant de ce développement.
Alors que, selon lui, la question de Tromelin ne devrait pas être portée devant l’Assemblée nationale française avant la tenue de la prochaine élection présidentielle en France, Paul Bérenger estime que l’on ne saurait continuer à tergiverser et qu’il convient d’entamer des discussions sur la souveraineté mauricienne sur Tromelin avec la France.
En ce qui concerne la remise sur les rails par le gouvernement du jour du projet de métro léger, le leader de l’opposition s’insurge contre, d’une part, l’argent qui aura été entre-temps dépensé et, d’autre part, le temps perdu. Il rappelle au passage comment le gouvernement PTr élu en 2005 avait, “par pur fanatisme”, rangé au placard tout ce qui avait été entrepris par le gouvernement MSM-MMM sortant pour remplacer le projet de métro léger par un projet de Bus Lane avant de reprendre, après 2010, l’idée du métro comme mode alternatif de transport en commun.
“Accommoder l’industrie du transport par autobus”
Pour lui, c’est “par un fanatisme semblable” que le gouvernement Lepep a décidé, après les élections de décembre 2014, de ran-ger à son tour au placard le projet du précédent gouvernement avant de le ressortir aujourd’hui. “Entre-temps, on aura dépensé gros en termes d’investissements dans les routes.” Paul Bérenger s’interroge alors : “Qu’adviendra-t-il dorénavant du Road Decongestion Programme ?” Il s’étonne qu’au Parlement, mardi, le ministre du Transport intérieur, Nando Bhoda, a laissé comprendre que c’est un peu “par accident” qu’il a été décidé de signer un Memorendum of Understanding (MoU) avec un organisme parapublic sud-coréen.
Outre le financement indien agréé, le leader de l’opposition veut connaître les modalités globales de financement du projet ressuscité de métro léger de même que si une autre étude de faisabilité sera entreprise ou si celle de 2013 sera mise à jour. Paul Bérenger demande au gouvernement du jour de ne pas commettre la même erreur que le gouvernement PTr sortant qui se proposait, d’une part, d’allouer le contrat pour la conception et la construction du projet à un soumissionnaire et, celui de son opération, d’autre part, à un autre soumissionnaire.
“Il ne faut pas commettre cette même erreur” selon lui et confier l’exécution intégrale du projet à un unique soumissionnaire comme, par exemple, un consortium international. Le leader de l’opposition souligne que la remise sur les rails du projet de métro léger implique parallèlement une mise à jour du plan directeur pour la décongestion routière pour que celui-ci s’intègre harmonieusement au projet de métro léger. Paul Bérenger ne manque pas de souligner que les entreprises de transport par autobus ont été ces derniers temps encouragées à investir dans de nouveaux véhicules.
Aussi, le chef de l’opposition souligne que le projet de métro léger devra tout aussi trouver les moyens d’un accommodement avec l’ensemble de cette autre industrie de transport en commun. Quoi qu’il en soit, Paul Bérenger estime qu’il ne faut pas que le métro léger “rate son deuxième départ”.
Interrogé à propos de la nouvelle révision des salaires des parlementaires dont ceux des ministres, le leader de l’opposition trouve que la question est de savoir si les hausses consenties sont “exagérées”. C’est ainsi qu’il demande que l’on soit fixé sur ce que toucheront globalement les uns et les autres, en tenant compte des différentes allocations.
Il trouve que, strictement sur les salaires de base, la hausse ne lui semble pas “exagérée”, en citant l’exemple d’une augmentation de 3% des salaires du Premier ministre. Quoi qu’il en soit et compte tenu de la conjoncture, Paul Bérenger juge souhaitable qu’en prenant en considération leurs allocations diverses, les membres du gouvernement consentissent à un geste “même symbolique” en renonçant à une partie de leurs augmentations. Le leader de l’opposition félicite en conclusion l’Anti-Drug and Smuggling Unit pour le démantèlement, cette semaine, d’un gros réseau de trafiquants de drogue à Résidence Kennedy, Quatre-Bornes.

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