DOSSIER CHAGOS : Bérenger s’inquiète de l’escalade dans les relations avec la Grande-Bretagne

Tout en assurant ne vouloir rien entreprendre qui soit susceptible de gêner la démarche de Maurice auprès de l’assemblée générale de l’ONU, Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM, s’inquiète de l’escalade dans les prises de position réciproques de Maurice et de la Grande-Bretagne autour du dossier Chagos dans le contexte des renégociations à venir des accords économiques et commerciaux de l’après-Brexit. Le chef de l’opposition croit savoir qu’après le communiqué conjoint américano-britannique “très peu diplomatique”, les Britanniques avaient semblé être revenus à de meilleurs sentiments, allant jusqu’à ne pas écarter la possibilité de discussions autour de la souveraineté de l’archipel.
Revenant sur le dossier de la revendication de souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, Paul Bérenger laisse entendre que dans la correspondance qu’il a adressée à son homologue mauricien, le Premier ministre britannique démissionnaire, David Cameron, a invité ce dernier à reprendre toute la question “as friends and equals” avec celle qui allait lui succéder au 10, Downing Street. Selon le leader de l’opposition, alors que jusqu’ici les autorités britanniques avaient soigneusement évité d’aborder la question de la souveraineté avec la partie mauricienne, David Cameron n’aurait pas écarté la possibilité de discussions à ce sujet dans cette lettre à sir Anerood Jugnauth.
Comme pour signifier qu’au moment du départ du Premier ministre britannique démissionnaire la Grande-Bretagne se serait résolue à revenir à une posture plus conciliante sur toute la question des Chagos, le chef de l’opposition indique que, selon ses informations, David Cameron se serait même engagé à déblayer la voie des négociations. Citant des articles parus dans la presse locale les 8 et 9 juillet dans les jours suivant la réception de la correspondance du PMO britannique, Paul Bérenger constate que le Premier ministre mauricien a “très négativement” réagi à la missive de son homologue britannique en partance.
Pour le leader de l’opposition, la réaction de sir Anerood à la correspondance de David Cameron a fait que, dès l’installation de Theresa May le 13 juillet, la partie britannique a, une nouvelle fois, choisi de changer son fusil d’épaule pour, à son tour, hausser le ton. Si bien que, dit-il, en réponse à une interpellation parlementaire, la baronne Anelay of St Johns, ministre d’État au Foreign and Commonwelth Office, a choisi d’employer des formules encore pires que celles “peu diplomatiques” qui avaient été précédemment utilisées dans le communiqué conjoint américano-britannique. “Elle a fait savoir que les États-Unis étaient encore plus braqués que la Grande-Bretagne après la réaction de Port-Louis”, dit-il.
 Base de Diego Garcia
 Le chef de l’opposition indique qu’il a été informé que, dans la foulée, l’État mauricien a saisi les Nations unies d’un avis (notice) de projet de résolution le jeudi 14 juillet et non du projet de résolution lui-même. Il s’interroge quant à savoir si, depuis, le projet de résolution en bonne et due forme a été soumis et s’il a été inscrit à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de l’ONU prévue au mois de septembre. Quoi qu’il en soit, Paul Bérenger s’inquiète de cette escalade dans les prises de position réciproques sur le dossier des Chagos.
“Tout en m’engageant de ne gêner en rien la démarche mauricienne auprès de la Cour Internationale de Justice (CIJ), j’ai eu l’occasion d’exprimer mes inquiétudes lors des travaux du comité parlementaire chargé de se pencher sur cette question de la revendication mauricienne sur la souveraineté des Chagos”, dit-il. “Seul l’avenir dira si sir Anerood Jugnauth était bien inspiré de ne pas reprendre la question avec Mme May et d’adopter un ton virulent et insultant à l’égard des États-Unis mais aussi de la Grande-Bretagne”, ajoute le leader de l’opposition. En vue d’éclairer l’opinion publique, il réclame la publication de la lettre adressée par David Cameron.
Interrogé, Paul Bérenger souligne de manière générale que plus grand monde ne remet aujourd’hui en question l’existence d’une base militaire américaine à Diego Garcia, “même pas l’Inde ou l’Afrique du Sud”, deux puissances émergentes de la zone océan Indien. “Pour nous à Maurice et au MMM, la question qui nous intéresse en premier lieu est celle de notre souveraineté sur l’archipel des Chagos et celle de la sauvegarde des intérêts de nos frères et soeurs Chagossiens”.
Paul Bérenger se dit par ailleurs “très heureux” que sa PNQ de mardi dernier à l’Assemblée nationale a permis de “remettre les pendules à l’heure et à éclaicir les choses” par rapport à toute la question de la réforme électorale. Il explique à cet effet que le Premier ministre a récemment donné l’impression à Rodrigues et à Maurice que la réforme électorale n’était désormais plus à l’agenda du gouvernement, même si celle-ci est inscrite au programme gouvernemental 2015-19 et que l’introduction d’une dose de représentation proportionnelle dans le système électoral constitue la première attribution du comité ministériel sur la réforme électorale présidé par le Premier ministre adjoint, Xavier Duval.
 Proportionnelle
 Le leader de l’opposition se réjouit que sir Anerood Jugtnauth est venu confirmé, mardi, que le gouvernement “stands committed” par rapport à l’introduction d’une dose de représentation proportionnelle dans le système électoral mauricien, que le comité Duval fera des recommandations à cette fin et qu’il est venu confirmer que le gouvernement a effectivement tenu informé les Nations unies des développements à venir en mars dernier. “Ces clarifications obtenues me satisfont beaucoup”, déclare Paul Bérenger. Il juge “souhaitable”, dans la foulée que le comité Duval “ne traîne pas les pieds”. Paul Bérenger se réjouit tout aussi que le Premier ministre a reconnu que la dose de proportionnelle pour les élections à l’Assemblée régionale de Rodrigues ne permet en rien de mettre en minorité le parti ayant récolté la majorité des sièges au First Past The Post (FPTP).
Par ailleurs, pour lui, le fait q’une ébauche de projet d’amendement à la loi électorale de Rodrigues a déjà été réalisée sans que le comité Duval n’ait été préalablement mis dans le coup constitue “une humiliation” pour ce comité. “Ce n’est que maintenant que SAJ annonce que le comité Duval sera consulté”, note-t-il. Paul Bérenger note de même qu’en ce qui concerne Rodrigues, les discussions avec la Commission électorale sont toujours en cours. Il relève quand même comme points positifs la garantie que l’amendement à la loi électorale pour Rodrigues ne sera pas finalisé “à la veille des prochaines élections régionales du début de l’an prochain” et que le draft bill une fois prêt sera rendu public en vue de permettre notamment aux forces vives rodriguaises de faire part de leur point de vue.
Le chef de l’opposition réitère que pour prévenir que d’éventuels changements d’allégeance à l’Assemblée régionale de Rodrigues ne mette en danger la majorité numérique du gouvernement régional en place, il convient d’élire au total 18 membres plutôt que 12 actuellement au FPTP. Il se dit ouvert parallèlement à l’idée, si besoin, de ramener de 6 à 4 le nombre de membres désignés à la représentation proportionnelle. Paul Bérenger se dit tout aussi ouvert à l’idée de considérer une révision du seuil qualificatif pour obtenir des sièges à la proportionnelle à Rodrigues en fonction du nombre limité d’électeurs dans la petite île.
L’affaire dite “Coin Idéal” a aussi fait l’objet de commentaires du leader de l’opposition, qui dit craindre dans ce cas que l’on ne s’achemine vers “un énorme cover-up”. Il en veut pour preuve qu’il aura fallu attendre la veille qu’une réponse ne soit donnée à une interpellation parlementaire inscrite au nom du Whip de l’opposition deux mois après les faits pour que de premières arrestations n’interviennent dans cette affaire impliquant le fils d’un très haut gradé de la police. Paul Bérenger annonce ainsi qu’il entend à son tour venir avec une PNQ pour tirer toute cette affaire au clair.
Le chef de l’opposition déclare par ailleurs n’avoir “aucune envie de pleurer” après le transfert de l’ACP Heman Jangi de la tête du Central CID. Il rappelle à cet effet avoir inlassablement dénoncé ce qu’il considère les excès de zèle et “dominer” de ce haut gradé de la police, d’abord sous le précédent régime Ramgoolam, puis sous l’actuel gouvernement Jugnauth.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -