DROGUE – ENQUÊTE : Le CP ou un DCP intéresse la commission Lam Shang Leen

Avec les conclusions de cette Highly Sensitive Probe au sujet de la perquisition de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) au domicile du Temwin Sok Samachar au lendemain de ses révélations accablantes sur le trafic de drogue, il devient de plus en plus évident que des explications sont attendues des Police Headquarters. En effet, tout semble indiquer que soit le commissaire de police, Mario Nobin, soit l’un de ses proches collaborateurs, probablement du rang de Deputy Commissioner of Police (DCP), qui pourrait être convoqué formellement par la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge de la Cour suprême Paul Lam Shang Leen, en vue d’élucider le mystère de ce « soi-disant appel anonyme » passé pour tenter de déstabiliser l’un des plus importants témoins. En parallèle, l’enquête sur la triple saisie de 157 kilos d’héroïne, d’une valeur marchande de Rs 2,5 milliards en mars dernier, a abordé une autre étape. Lors de son interrogatoire “Under Warning” au QG du Central CID hier, le Star Witness-in-Waiting Navin Kistnah a repoussé toute la responsabilité des importations sur le disparu Homanchal Ramdin.
Après l’épisode de ce qui pourrait se présenter politiquement comme le “Titanic Revisited”, notamment l’audition du Chairman de la Gambling Regulatory Authority (GRA) et de la Law Reform Commission, Me Raouf Gulbul, l’ancien juge Lam Shang Leen se prépare à consigner les explications de la police au sujet de cet appel téléphonique à la fin de la deuxième semaine d’octobre en vue d’intimider le témoin George. Les recoupements effectués par Le Mauricien auprès de sources concordantes indiquent que cet appel téléphonique, dénonçant la présence de 500 g à un kilo d’héroïne et une importante somme d’argent en devises étrangères au domicile du Temwin Sok Samachar, a été effectué à partir d’un numéro de téléphone attribué aux Police Headquarters des Casernes centrales.
Dans un premier temps, la commission d’enquête veut obtenir des précisions au sujet de l’accès à ce numéro de téléphone disponible à ce carré hautement confidentiel des Casernes centrales. Depuis ce vendredi 13 octobre, l’ancien juge de la Cour suprême veut à tout prix démasquer l’auteur derrière cette opération 148, en vue de s’ingérer et porter préjudice à l’intégrité des travaux de la commission.
En parallèle, le premier rendez-vous de Navind Kistnah au Central CID a vu ce dernier renvoyer la balle de la responsabilité des importations sur le dos de Homanchal Ramdin, qui est porté manquant depuis le 17 mars dernier. « Mo ti travay ek Ramdin. Mo konn nanyen ki ti pe inporte », devait-il faire ressortir par rapport aux importations effectuées par sa société, KUN Management International Ltd, depuis avril 2016. « Cet aspect de l’enquête ne concerne nullement l’importation des 157 kg d’héroïne saisis dans le port en mars 2017 », avance une source aux Casernes centrales.
Pendant un peu plus de cinq heures, en présence de Mes Rama Valayden et Neelkant Dulloo, Navind Kistnah a eu l’occasion de faire un exposé de sa compagnie, que ce soit de sa création et de ses dirigeants. Cet habitant de Montée S, Petite-Rivière, a dit être connu comme un courtier marine important plusieurs « consignments » d’Afrique du Sud, dont des équipements de construction. Il travaillait avec Homanchal Ramdin, officiellement portée manquant depuis plus de huit mois. « Ramdin ki ti pe okip sa bann zafair papie-la », a-t-il soutenu avant d’affirmer tout ignorer des différentes transactions effectuées par son ancien partenaire en affaires.
Les enquêteurs lui ont fait comprendre qu’ils sont en possession de plusieurs “billings” utilisées pour le dédouanement des équipements, soupçonnés de renfermer de la drogue. Ce à quoi Navind Kistnah a précisé que c’est la compagnie Brillant Resources Consulting Ltd, du duo Sidi Thomas/Geeanchand Dewdanee, qui avait pour tâche de dédouaner ses produits. « Mo zis enn kourtie », a-t-il rappelé.
Les hommes de l’ACP Devanand Reekoye ont en main plusieurs documents, portant de faux tampons et de fausses signatures, qui auraient été utilisés par la KUN Management International Ltd depuis l’année dernière. Les enquêteurs soupçonnent un complot entre Navind Kistnah et Brillant Resources Consulting Ltd pour faciliter l’entrée des équipements sur notre territoire, dont des sablonneuses. C’est d’ailleurs dans ces objets que la police avait découvert 157 kg d’héroïne au port en mars.
Au cours d’un précédent interrogatoire au quartier général de l’Anti-Drug and Smuggling Unit après son arrestation, Geeanchand Dewdanee, le “zenfan lakaz” du Sun Trust, avait nié les allégations portées contre lui, affirmant ignorer qui a falsifié les documents de sa compagnie. Dans le même ordre d’idée, il avait expliqué aux hommes du DCP Choolun Bhojoo et du surintendant Sharir Azima que les tampons utilisés sur les “billings” utilisés pour dédouaner les sablonneuses renfermant la drogue n’étaient pas ceux qui sont utilisés par sa compagnie, avant d’ajouter que sa signature ne figurait pas sur la facturation du conteneur arrivé sur le MSC Ivana le 4 mars dernier. Appelé à fournir plus de détails à ce sujet, il avait fait valoir son droit au silence.
Le CCID n’écarte pas la possibilité de l’interroger, de même que son partenaire Sidi Thomas, par rapport aux dédouanements des produits effectués avant mars 2017. À noter d’ailleurs que la Brillant Resources Consulting Ltd a été incorporée en 2008 et que ce n’est qu’en 2016 qu’elle a commencé à mener ses activités. L’interrogatoire de Navind Kistnah devrait reprendre dès que ses avocats auront fixé un nouveau rendez-vous.

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