DROIT DE VOTE ET CANDIDATURE: Mauriciens et Etrangers

On a récemment beaucoup parlé de réforme électorale. On a beaucoup parlé de deuxième république. On a finalement voté un amendement à la Constitution pour apparemment être plus juste envers les candidats aux élections. Qu’en est-il des étrangers à l’Ile Maurice et des mauriciens à l’étranger ? Peuvent-ils voter ou être candidats ?
Etrangers à Maurice
Quid des étrangers vivant à l’Ile Maurice ? L’article 25 de la Constitution parle de « Commonwealth citizen » donc « citoyen du Commonwealth » et on se réfère évidemment au Commonwealth britannique. Tous les citoyens mauriciens sont des citoyens du Commonwealth et tous les citoyens du Commonwealth ont les mêmes droits à l’Ile Maurice que ce soit pour voter ou être candidats. Je le répète, l’étranger provenant d’un pays membre du Commonwealth a les mêmes droits que le mauricien. Ainsi, quelqu’un de Kiribati, du Canada, de l’Ouganda ou du Sri Lanka peut voter ou encore être candidat, être élu et plus encore devenir député, ministre ou Premier ministre. Par contre, le mauricien habitant à la Réunion ou à Madagascar ne peut le faire. De plus, le citoyen réunionnais ou malgache résidant à Maurice ne peut ni voter ni être candidat.
Il faut ici nous tourner vers la Mauritius Citizenship Act  de 1968. Cette loi catégorise les personnes physiques comme étant soit des « Commonwealth Citizens » soit des « Aliens ». Nous avons parlé précédemment des citoyens du Commonwealth, mais qui sont donc ces « Aliens » ? Vous avez surement dû voir le film E.T ou peut-être encore « Alien » avec Sigourney Weaver. Au fait ces Aliens ne sont pas des extraterrestres ou des monstres mais sont simplement des étrangers hors pays du Commonwealth, donc des non Commonwealth persons. Mes recherches démontrent cependant que la plupart des autres pays du Commonwealth ont presque éliminé au fil des années, le droit des citoyens étrangers provenant du Commonwealth de pouvoir voter ou d’être éligible comme candidats dans leurs pays respectifs. L’idée initiale, lors de la décolonisation des années 60, était que tous les citoyens du Commonwealth pouvaient voter ou être candidats dans d’autres pays du Commonwealth après une brève période de résidence. Nous ne jouissons désormais plus d’une réciprocité à laquelle nous devrions avoir droit de la part de ces autres nations du Commonwealth.
Voilà donc quelque chose à mettre à l’agenda de l’Assemblée Nationale ! Il est évident que nous respectons tous le Commonwealth britannique. C’est un club de nations qui ne nous coûte pas grand chose mais qui nous rapporte beaucoup. Mais nous sommes aussi francophones et même francophiles. De par notre position dans l’océan Indien, nous sommes proches de la Réunion, de Madagascar et des Comores. Un peu plus loin, le Mozambique (non Commonwealth) est appelé à devenir économiquement un des pays phares de la région. Il faut noter que ce sont des pays « non Commonwealth » mais aussi pour certains, des pays d’origine du peuplement mauricien.
Nous avons de ce fait deux catégories de non-citizens en droit mauricien : les citoyens du Commonwealth et les « Aliens ». En vivant sur le territoire mauricien, ces étrangers, après un certain laps de temps, peuvent prétendre – et c’est normal – à la nationalité mauricienne. Les procédures sont cependant différentes si l’on est du Commonwealth ou si l’on est « Alien ». Le citoyen du Commonwealth sous la Mauritius Citizenship Act, bénéficie d’un régime plus souple pour se faire «enregistrer » comme mauricien alors que l’ «Alien » doit passer par une procédure plus compliquée qui est celle de la « naturalisation ». Voilà donc un droit à deux vitesses !
Que faire donc ? Probablement harmoniser notre droit de façon à ce que les étrangers aient les mêmes droits. Il me semble anachronique de faire passer un citoyen de Tuvalu, de Trinidad, du Nigéria ou de la Nouvelle Zélande comme citoyen de catégorie supérieure alors que nos voisins de l’Océan Indien sont de catégorie inférieure.
Mauriciens de l’étranger
Pour les mauriciens de l’étranger, c’est simple, ils n’ont pas le droit de vote ni le droit d’être candidats aux élections mauriciennes. La logique est supposément claire, comme ils ne sont issus d’aucune circonscription, ils ne sont pas inscrits sur la liste électorale et ne peuvent donc pas voter. Notre démocratie fonctionne sur un système où les élus du peuple sont les élus d’un lieu géographique mauricien. Ils ne peuvent pas non plus être candidats. Ce n’est pas tout, il faut en plus qu’un citoyen mauricien ait passé en moyenne deux ans à Maurice pour pouvoir voter ou être candidat.
En ce qui concerne les mauriciens vivant à l’étranger, il me semble injuste de les priver du droit de vote. Quand quelqu’un détient la nationalité mauricienne et donc le passeport mauricien, il a des obligations et des devoirs et ce n’est que juste, en retour de ces obligations et de ces devoirs qu’ils puissent également jouir des droits du mauricien, notamment le droit de voter ou encore d’être éligible comme candidat.
Il serait intéressant pour faire le lien avec la diaspora mauricienne de l’étranger, de trouver une solution adéquate comme par exemple avoir trois députés qui représentent les mauriciens de l’étranger.  Ou alors que les mauriciens de l’étranger puissent avoir la possibilité d’être inscrits dans la circonscription où ils habitaient avant de quitter le territoire. Plusieurs solutions sont envisageables et possibles – il suffit d’y réfléchir posément et un tel amendement, je pense, serait un bon début vers une vraie égalité des chances pour tous les mauriciens.

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