Droits humains : Je suis concernée quand une femme est victime…

CATHERINE BOUDET, PhD.

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Je souhaite apporter les précisions suivantes concernant l’incident dont j’ai été victime samedi 22 septembre à Nouvelle-France au domicile de Mme Pratima Auckel et qui a fait l’objet d’un OB number au poste de police de Rose-Belle.

Je me trouvais au domicile de Mme Auckel dans la soirée de samedi à sa demande car elle était souffrante. Depuis plusieurs mois je prodigue à titre bénévole des soins de healing à Mme Pratima Auckel afin de l’aider à surmonter son traumatisme, car c’est une jeune femme passablement éprouvée par une procédure de divorce difficile. Samedi soir tandis que j’étais chez elle, une voiture de type 4×4 est arrivée et a fait plusieurs allers-retours devant la maison, puis une voiture de police est venue et trois policiers ont débarqué, avec des matraques et des téléphones portables. Ils étaient accompagnés de deux messieurs, dont j’ai appris plus tard qu’il s’agit de l’ex-époux de Mme Auckel et du frère de ce dernier.

Les messieurs et les policiers sont tous montés à l’étage où je me trouvais en compagnie de Mme Auckel et de deux autres personnes, M. Vincent Dada, mon ancien collègue et connaissance commune avec Mme Auckel, et l’ami de Mme Auckel, M. Husein Abdool Rahim. L’enfant qui dormait dans sa chambre s’est réveillé et s’est mis à pleurer quand il a vu les policiers avec les matraques. Ces policiers n’étaient pas munis de ‘warrant’ et ils n’étaient pas accompagnés de femme policière. Ils se sont permis de filmer et ils ont déclaré de façon agressive « Ou pa gagn drwa vinn isi ».

Pourtant, n’avoir pas répondu à l’appel à l’aide d’une femme vulnérable et isolée avec un enfant en bas âge suite à l’abandon du domicile conjugal par son mari, aurait constitué de ma part un cas de non-assistance à personne en danger. Il n’est pas dans mes principes de tourner le dos à une femme seule dans la détresse.
J’ai appris par la suite que le « Ou pa gagn drwa vinn isi » faisait référence à un court order concernant Mme Auckel selon lequel « no third party staying overnight at her place or be present during the exercise of the right of visit ». Puisque les policiers ont filmé durant l’exercice, ils ont bien constaté que je ne portais pas de pyjama et que donc je n’avais pas le projet de « stay overnight » sur place.

Quant à la deuxième partie de la condition attachée au droit de visite, « [no third party] be present during the exercise of the right of visit », cela voudrait dire que le père, le frère ainsi que les trois policiers étaient donc tous en train d’effectuer eux aussi un contempt of court en étant présents sur les lieux.

Au passage on peut s’interroger sur la constitutionnalité d’un court order interdisant à quiconque de rendre visite à une mère seule et son enfant de 4 ans. Maurice n’est pas la Birmanie. Les droits de liberté d’assemblée et d’association, ainsi que les droits de protection contre la violation de domicile sont inscrits dans la Constitution mauricienne.
Je ne suis pas concernée par la vie personnelle de Madame Auckel, par le conflit conjugal entre elle et son époux, ni par sa relation avec M. Husein Abdool Rahim qui était présent sur les lieux au moment de l’incident.

Par contre, je suis concernée en tant que femme quand une femme est victime.
Je suis concernée en tant que femme quand une femme est menacée par un homme qui a déserté le toit conjugal et qui revient la nuit en catimini.

Je suis concernée en tant que femme quand un petit enfant est réveillé en sursaut par des policiers armés de matraques.

Je suis concernée en tant que femme quand des individus machistes tentent de détourner la force policière de sa mission de protection pour venir terroriser une femme seule.
Je suis concernée quand des tenants du patriarcat se servent de la machine policière et judiciaire pour imposer leur diktat à des femmes innocentes et tenter de leur enlever la garde de leur enfant.

Je tiens à faire ressortir que je n’ai rien contre la force policière, car la force policière est le fer de lance d’une nation et le bouclier de protection des citoyens. Mais ce qui s’est passé samedi soir à Nouvelle-France de la part de ces quelques individus est une violation des droits constitutionnels des personnes présentes ce soir-là, y compris de l’enfant. Laissons les autorités compétentes décider des suites à donner à cette affaire.

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