D’un parcours touristique à Auvers-sur-Oise

Tenant son nom du latin « Adversus » qui veut dire « tourné vers le soleil » , Auvers-sur-Oise a tenu, en ce début d’été, ses promesses ensoleillées me permettant ainsi d’apprécier avec un regard éclairé la richesse de cette commune française située à une trentaine de kilomètres de Paris.
Ville fleurie par excellence, Auvers s’est révélée, sous le ciel bleu et dégagé, comme ce pays « gravement beau » qu’avait découvert le peintre post-impressionniste, Vincent Van Gogh, lorsqu’il y posait ses bagages le 20 mai 1890. Se doutait-il alors qu’il y passerait les 70 derniers jours de sa vie et qu’il allait s’y reposer pour l’éternité ?
Si la première impression de Van Gogh semble être liée à une fâcheuse prémonition, mon sentiment favorise plutôt la première définition du Petit Larousse du mot « grave »: « Qui est d’une grande importance en soi ; sérieux » sans pour autant verser dans le tragique.
Auvers est un petit village de quelque 7 000 habitants qui a su préserver son charme et son authenticité; sources d’inspiration des artistes peintres à travers le temps. Ici, le développement hôtelier à grande échelle peut toujours attendre.
Cependant, malgré ses 150 lits disponibles, ce département de l’Oise, accueille en moyenne 250 000 visiteurs à l’année. Ces derniers viennent, le temps d’une excursion, y humer l’âme des artistes, surtout celle de Vincent Van Gogh, enfant terrible de la peinture, artiste prolifique, qui compte plus de 2000 oeuvres, dont une seule a été vendue de son vivant. Aujourd’hui, celui-ci est acclamé comme un des plus grands artistes de tous les temps. Ses tableaux s’arrachent à des prix faramineux. D’ailleurs l’un d’eux, Le portrait du Dr Gachet , ami et mécène de l’artiste, chez qui il allait déjeuner les dimanches à Auvers, fut vendu à 150 millions de dollars en 1990 et se classe à la 9e place des tableaux les plus onéreux de la planète.
La maison du bon Dr Gachet est l’une des étapes incontournables du parcours de Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Un parcours valorisé, entre autres, par l’exposition des tableaux du peintre lors de son ultime passage au village  devant les endroits qu’il a immortalisés. Une reproduction de l’Église d’Auvers se trouve d’ailleurs à l’endroit même où s’était mis l’artiste pour la peindre ! Le village vit à l’aune de l’artiste, ce qui contribue également à le faire vivre aussi bien culturellement qu’économiquement.
En quoi ai-je été interpellé par cette mise en scène certes intéressante qui se passe à 12 000 kilomètres de nos côtes ? En quoi la question m’est-elle parue si grave? D’une part, en tant qu’être humain, je me suis rendu compte, une fois de plus, que l’homme ne vit pas que de pain et de finances, mais aussi d’émotions intangibles, mais ô combien indispensables pour sublimer sa part divine. D’autre part, en tant que citoyen mauricien, la tête dans le ciel mais les pieds bien sur terre, je n’ai pu m’empêcher d’établir un parallèle entre Auvers et Maurice qui dispose d’un réservoir d’artistes dont la mémoire mériterait d’être valorisée, voire célébrée pour notre plus grand bien et celui de nos visiteurs.
A quand un parcours Ti frer dans le village où il a évolué ou une route geet gawai culminant sur de vraies représentations? Faire la part belle au tourisme culturel autour de nos artistes ne peut-il pas, à l’image d’Auvers, devenir un des fers de lance de notre économie touristique tout en entretenant la fierté de la nation ?
N’est-ce pas là un tableau qui gagnerait à être réalisé par une population qui possède à la fois le talent et les matériaux ? A nos pinceaux citoyens !

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -