Economic Development Board : problèmes de dentition et tourmente

  • Divergences aux Finances sur le modus operandi de l’Economic Development Board (EDB) et sur la nomination du Chief Executive Officer
  • Rezistans ek Alternativ réclame la dissolution de cet organisme succédant au Board of Investment

À peine l’Economic Development Board (EDB) a-t-il fait ses premiers pas en remplacement du Board of Investment (BOI) que des problèmes de dentition et des grincements de dents sont signalés. Ce scénario perdure au Prime Minister’s Office et au ministère des Finances depuis la préparation du Budget 2018-2019.

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En effet, deux clans se démarquent, soit l’équipe de l’EDB, considérée comme la nouvelle « Lakwizinn 2018 », et les anciens collaborateurs de Pravind Jugnauth, qui l’avaient aidé lors de son budget en 2017. Les divergences, bien que camouflées lors des discussions prébudgétaires depuis le début de l’année, ont commencé à faire écho depuis quelque temps, notamment après que l’EDB du tandem Cartier-Currimjee s’est vu devenir l’épine dorsale du “Transformative Journey” du Premier ministre. En parallèle, Rezistans ek Alternativ, qui a fait dérailler des projets budgétaires, intervient contre le plan de sauvetage de Rs 1,3 milliard en faveur de l’industrie cannière ou encore la vente de la citoyenneté mauricienne à Rs 35 millions, réclame la dissolution pure et simple de l’EDB.

Dans la conjoncture, l’EDB qui est perçu comme le nouvel outil institutionnel de « Lakwizinn » depuis le début de l’année 2018 passe par des secousses internes avec son modus operandi contesté par un autre clan au ministère des Finances. Les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent que la manière d’opérer de cette nouvelle entité, née de la fusion du Board of Investment, de la Financial Services Promotion Authority (FSPA) et de Enterprise Mauritius et menée par le tandem Charles Cartier et Azim Currimjee, fait l’objet d’une contestation dans certains milieux à l’hôtel du gouvernement.

La dernière controverse aurait surgi dans le sillage des procédures pour la nomination du Chief Executive Officer (CEO) de l’EDB, le Financial Secretary, Dev Manraj ayant des différends par rapport à la méthode du tandem Cartier-Currimjee. Les deux hommes forts de l’EDB peineraient à choisir celui qui sera responsable des opérations et qui serait aux côtés de l’Acting Chief Executive Officer, l’ancien numéro un du BoI, Ken Poonoosamy.

Au ministère des Finances, plusieurs techniciens sont inquiets de la montée en puissance de l’EDB, notamment avec les anciens collaborateurs de Pravind Jugnauth tenus à l’écart des préparatifs budgétaires. Déjà, le gouvernement a déjà reculé sur le projet de la vente de la citoyenneté et du passeport mauriciens à Rs 35 millions et Rs 17 millions respectivement. À cela, il faut ajouter la crainte des employés qui est aussi source de préoccupation. La Private Sector Employees Union (PSEU) a récemment exprimé sa désapprobation du fait qu’aucune instance syndicale n’avait été consultée en prélude à la fusion du BoI, de la FSPA et d’Enterprise Mauritius.

Ces employés sont sujets à des transferts sans consultations ou encore sans connaître les “Terms and Conditions” de leurs emplois. Selon le syndicat, les recrutements effectués par l’EDB « seem not to be fair while for certain positions it is advertised and for other positions like Deputy CEO, it was just nominated, going against the equal opportunity legislation ».  Une rencontre avait d’ailleurs été sollicitée par la PSEU mais en vain. Du côté de l’EDB, on avance que les employés ont été consultés sans les syndicats.

Devant les remous causés par l’EDB, Rezistans ek Alternativ, par la voix de Robbie Hurloll et Stephan Gua, réclame sa dissolution. L’EDB devait techniquement mettre à exécution le projet de la citoyenneté et gérer un budget de plus de Rs 500 millions au titre du “National Regeneration Scheme”, sans compter les opérations de la “Single Licensing Agency” pour les “Business Permits and Licences” à des investisseurs. Devant les pouvoirs et prérogatives octroyés à l’EDB, le sentiment unanime se dégage quant à la réputation de “Superpower” au PMO de cette institution.

Développant les arguments pour justifier la demande de la dissolution de l’EDB, les porte-parole de Rezistans ek Alternativ avancent qu’il est indéniable que le dernier budget de Pravind Jugnauth « est un aveu de l’échec » de l’État dans sa politique économique de ces dernières années, « une politique orientée vers la braderie du patrimoine mauricien aux riches étrangers. Non seulement, cet échec est d’ordre social et politique, il est aussi d’ordre économique ». Et d’ajouter que la politique adoptée par le gouvernement, sur recommandation de l’EDB, « se résume simplement à saigner à blanc la classe ouvrière et moyenne pour garantir la profitabilité accrue des plus nantis de la société mauricienne. Le tout à travers l’augmentation de la dette publique pour financer le budget de l’État ; une taxation régressive dont la classe moyenne et ouvrière en fait les frais ; la défiscalisation de l’investissement ; l’érosion des droits et acquis des travailleurs ; la vente aux étrangers du patrimoine foncier de Maurice ; et les largesses octroyées au capitalisme financier mondial à travers une législation financière libérale ».

Rezistans ek Alternativ, tout en concédant que cette politique a été endossée par les différents gouvernements successifs depuis 2000, trouve que le moment est venu pour opérer une « véritable rupture avec cette politique économique destructrice, et la dissolution immédiate du Economic Development Board, puisque cette entité n’est rien d’autre que le résultat de l’échec de cette politique. Le EDB n’est en fait qu’une entité qui vise à rendre plus effective la vente de la République de Maurice sous couvert de stimulation de capitaux étrangers ». Le tandem Hurloll/Gua dénonce le fait que le « conseil d’administration, composé de huit membres, n’a qu’un représentant de l’État en la personne de l’énigmatique Dev Manraj, tous les autres membres étant issus du privé local et international. Cela n’empêche cependant pas à l’EDB d’avoir un mandat politique important qui le place au-dessus des autorités démocratiques locales ».

Du côté de l’opposition, l’on compte revenir sur la proximité de certains au sein de l’EDB avec Henley and Partners, firme internationale. On fait ressortir que les informations révélées à l’Assemblée nationale sur les agissements des représentants de cette firme, que ce soit à Maurice ou à l’étranger, sont des plus inquiétants. « Tout le ramdam autour de la mesure budgétaire concernant la vente du passeport et de la nationalité mauricienne, la proximité du EDB avec les ‘passport and nationality traders’ de Henley & Partners, n’est qu’un échantillon de la dangerosité du EDB », fait valoir Rezistans ek Alternativ en attendant les débats sur le Finance Bill par rapport aux ramifications de l’EDB dans les décisions économiques majeures.

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