Économie – Croissance 2020 : Contraction de 5% quasi incontournable

En cette période de confinement, l’économie de Maurice ne tourne qu’à 35% de sa capacité, avec le spectre du chômage presque inévitable

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Outre le tourisme et la manufacture, les banques et le secteur de l’immobilier fragilisés par le ralentissement

La tonne de sucre redescend sous la barre des Rs 10 000, passant de Rs 13 000 à Rs 9 000 à la fin de ce premier trimestre

Le diagnostic de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’économie de Maurice, dressé par AXYS en ce début du deuxième trimestre est implacable. « We expect Mauritius to experience a 2020 GDP contraction – for the first time in a generation (40 years) of 5% in an optimistic scenario », notent sans ambages Bhavik Desai et l’équipe d’analystes dans une première analyse livrée durant le week-end. AXYS n’écarte pas la possibilité que la réalité sur le terrain pourrait être encore plus dramatique compte tenu du fait que pendant la période de confinement, l’économie ne tourne qu’à 35 % de sa capacité et que même si le couvre-feu sanitaire est levé au cours de la semaine, des secteurs économiques resteront toujours en mode standstill. La sonnette d’alarme est tirée par rapport au secteur bancaire à Maurice, venant confirmer les appréhensions exprimées par Moody’s Investor Services sur la notation de Maurice (voir l’édition spéciale conjointe de Week-End/Le Mauricien de samedi). Un écroulement du secteur de l’immobilier de luxe aussi bien que du segment de la consommation de luxe et des répercussions sur des activités de Leasing est également à craindre. Néanmoins, dans l’immédiat, la tonne de sucre est redescendue sous la barre de Rs 10 000, passant de Rs 13 000 à Rs 9 000, avec un véritable casse-tête pour tous les opérateurs de l’industrie cannière.

AXYS met l’accent sur le fait que « we are living in unprecedented times » avec la propagation du nouveau coronavirus et souligne que le Plan de Soutien du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, représentant 2% du PIB, pourrait ne pas suffire à la longue. En fin de semaine, 109 969 salariés de 9 440 entités ont bénéficié du Wage Assistance Scheme sous le contrôle de la Mauritius Revenue Authority (MRA), qui avait également enregistré 50 000 demandes pour le Self-Employed Assistance Sheme. En ce qui concerne la performance de l’économie, le prognosis est que « the real figure (d’une contraction de 5% de la croissance) is likely to be worse given that some industries will remain at a standstill even after the Mauritians will be free to circulate and demand of some services will drop ».

Partant du principe qu’avec le choc du COVID-19 « consumer spending patterns will change in the coming months », AXYS maintient qu’il faudra, selon toute probabilité, faire une croix sur le segment du luxe. « First and foremost, consumers are likely to delay and/or trim spending on luxury goods and items », note cet Assessment, qui laisse sous-entendre de graves risques au tableau du chômage dans le pays.

Par ailleurs, l’un des secteurs de l’économie qui pourrait se retrouver en première ligne des COVID-19 Casualties, n’est autre que les banques. Un peu à la manière de l’analyse de Moody’s. Et cela, même si « banks have never been better capitalised and/or have liquidity buffers than at the start of 2020 ». Avec la pandémie du nouveau coronavirus, toutes les activités économiques ont été affectées de plein fouet. Le Bottomline est « the absence of revenue for its corporate clients and loss of jobs for household will result in short-term cash flow issues for both of these categories of clients ».

Les opérateurs dans le secteur bancaire devront s’attendre à affronter des problèmes croissants sur le plan des Non-Performing Loans, pour ne pas dire de Defaults. Toujours quant aux finances, la filière de la Consumer Finance – qui avait pris de l’essor ces dernières années avec un marché du luxe, notamment celui des voitures neuves, en pleine effervescence – n’a pas été épargnée par le COVID-19. Les consommateurs mauriciens seront appelés à revoir de manière dramatique leur Spending Spree en la matière.

Par contre, le secteur des assurances semble pouvoir tirer son épingle du jeu à court terme. Et ce, en raison de deux facteurs majeurs. D’abord, le préjudice causé par le nouveau coronavirus n’est pas sujet à couverture de risques et avec le couvre-feu vert sanitaire et une réduction conséquente de véhicules sur les routes, soit une réduction du nombre d’accidents pour au moins un mois, la facture de compensation à être versée sera nettement inférieure.

Au chapitre de l’industrie du tourisme, le poids du COVID-19 s’annonce insupportable pour les opérateurs, tant grands que petits. Le poids des facilités bancaires accordées à cette industrie est tel que l’option de « Too Big To Fail » devra imposer une vaste opération de Bailing Out pour éviter un cataclysme sur le plan socio-économique.

AXYS avance que les autorités seront appelées à intervenir pour soutenir cette industrie vu les risques de contagion avec le secteur bancaire et de perte d’emplois par milliers. Toutefois, l’urgence de cet accompagnement nécessitera également que des « strings to be attached to reform/restructure both operations and the industry ».

Les spécialistes avancent qu’avec une éventuelle reprise de l’économie, il faudra s’attendre à une mutation conséquente au sein de la clientèle avec « a shift from luxury segment into the upper/middle market ». De ce fait, toute la stratégie de marketing de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) et des Majors de l’industrie devra tenir compte de ce phénomène et rajuster le produit Tourisme mauricien à cette enseigne.

Toujours au chapitre d’éventuelles interventions du gouvernement, une Cash Injection au sein de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, devra être « in the pipeline » pour éviter tout Collapse. Depuis la semaine dernière, tous les avions de la compagnie aérienne nationale sont cloués au sol sans aucune source de revenus.

Les perspectives dans le domaine de l’immobilier, surtout de luxe, sont des plus défavorables. AXYS craint par rapport au Real Estate que « should employers start laying off the expatriates home rental market will be first hit. This would render property investments less attractive ». Structurellement, la filière de Property Development devra conjuguer l’avenir avec un Drying Up of Investments vu la perspective de Weak Demand.

Avec le nouveau coronavirus, le sucre devra entrevoir des Loss-Making Operations encore une fois cette année. Pour cause, le prix de la tonne de canne a dégringolé pour se retrouver sous la barre des Rs 10 000. Les prévisions sont que les planteurs devront s’attendre à un prix de Rs 9 000 la tonne au lieu des Rs 13 000.

Le commerce et la manufacture, secteur dont la contribution au Produit intérieur brut est passé de 17% en 2009 à 13% l’année dernière, soit en l’espace de dix ans, sont sous le coup d’un net ralentissement avec la pandémie de COVID-19.

En conclusion, le constat d’AXYS est axé sur le comportement de la roupie sur le marché des changes et ses conséquences sur le plan économique. « The rupee has been depreciated to record lows following the Repo Rate Cuts and the resumption of US $ purchases by the Central Bank. A weaker rupee will help both exporters of goods and services (hospitality and outsourcing) through higher income, but cannot help with the reduced demand ».

Néanmoins, en cette période de grandes incertitudes sur tous les plans, le message transmis est que « some will feel pain but it is also a once in a lifetime opportunity to make the necessary reforms and/or structural adjustments that have been put off for another day. Now is the time for all to Gather around thee, as one people, as one nation ». Et pour la survie…

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