ÉDUCATION : Le MMM dénonce les « couacs » de la rentrée

La Commission éducation du MMM s’est exprimée hier sur différents manquements de la rentrée 2016. Parmi, citons l’indisponibilité des manuels tant au primaire qu’au secondaire, l’allocation de collèges pour la filière préprofessionnelle en retard, de même que la distribution du matériel aux enfants défavorisés, ainsi que le flou qui persiste sur les nouvelles matières dans le cadre du projet de réforme. Pour Steve Obeegadoo, président de la Commission, ce « cafouillage » n’est pas de bon augure pour la Nine-Year Continuous Basic Education.
« Quelles sont les chances de réussite de la réforme alors qu’on n’est même pas capable de gérer une rentrée ? » C’est la question que se pose Steve Obeegadoo au vu des manquements enregistrés depuis la rentrée scolaire et dont la plupart ont été évoqués dans Le Mauricien ces deux dernières semaines. Il dit aborder ces sujets après les nombreuses demandes des parents. « Il y a beaucoup de parents qui sont inquiets et qui se demandent ce qui va arriver à leurs enfants avec le Nine-Year schooling annoncée l’année prochaine. Il y a un cafouillage total. Les enfants de Std V qui sont censés prendre part au nouvel examen en 2017 n’ont même pas de manuels et les maîtres d’école ont dû aller chercher des photocopies, dont certaines de mauvaise qualité, au MIE. »
Ce qui pousse Steve Obeegadoo à se demander ce qui va se passer l’année prochaine et l’année suivante, avec l’entrée en vigueur de la Nine-Year Continuous Basic Education. Sur ce même dossier, il note qu’il y a un flou total autour des nouvelles matières annoncées dans le cadre de la réforme, avec pour conséquence que les maîtres d’école n’ont pu finaliser les time tables. « On a parlé de Communication Skills, d’ICT, de PE, de natation, de théâtre, de droits humains… Qui va enseigner quoi, quand et comment ? » se demande-t-il.
Au sujet de l’ICT, Steve Obeegadoo rappelle qu’il avait introduit cette matière lorsqu’il était ministre de l’Éducation et que par la suite, ceux qui ont pris la relève l’ont retirée. « Aujourd’hui on vient parler de réintroduction. Ce qui est bien, mais a-t-on fait une évaluation du programme là où ça s’est arrêté et surtout, des salles informatiques ? » Il relève également un « désordre général » au niveau du déploiement des enseignants au primaire, ainsi que concernant l’introduction des Remedial Reachers. Certaines écoles de l’Ouest, dit-il, peinent à avoir des enseignants car elles sont éloignées. Steve Obeegadoo est d’avis qu’il faudrait s’inspirer de ce qui se passe dans des pays comme l’Australie pour trouver des solutions pour ces écoles.
De même, il regrette que des Deputy Head Teachers soient dorénavant confinés aux tâches administratives, alors que certains sont de bons profs qui auraient pu apporter leur contribution. « Quand j’étais au ministère, j’avais créé le poste de mentor pour ceux qui souhaitaient continuer l’enseignement tout en ayant le même salaire que les DHTs. Mais il semble que ce poste doive bientôt disparaître. »
Au niveau secondaire, Steve Obeegadoo dénonce le fait que le collège Imperial ne s’est vu attribuer aucun élève par le MES après le CPE. « Imperial qui est un collège à forte demande a eu la liberté de remplir toutes ses classes seul. Ce qui crée un mauvais précédent, surtout dans le cadre du Nine-Year Schooling. Demain, un collège pourra utiliser cet exemple pour conserver toutes ses places. »
De même, Steve Obeegadoo note que certains collèges manquent cruellement d’élèves alors que d’autres en ont jusqu’à 1 400, soit bien plus que les 1 000 élèves préconisés. Il dit noter également que les demandes d’enregistrement des nouveaux collèges payants abondent. Ce qui le pousse à se demander si la politique du ministère est de « privatiser » l’éducation.
Autre « couac » relevé par la Commission éducation du MMM : le transfert des chefs d’établissement et la politique des Supply Teachers. « Il y a 280 postes vacants et on a posté 600. » Pour Steve Obeegadoo, la qualité de l’éducation réside dans la stabilité et une bonne gestion. Ce « cafouillage », dit-il, démontre tout le contraire. Il se dit également sceptique sur la nouvelle National Student Behaviour Policy. Pour lui, le document disponible sur le site du ministère ne montre aucune solution. « Il ne s’agit que du bla bla. On aurait dû aller à la source du problème, savoir pourquoi les enfants s’absentent et trouver des solutions appropriées. »
Finalement, Steve Obeegadoo regrette le manque de considération à la filière Prévoc et aux enfants défavorisés. « Ce n’est que le 8 janvier, le jour de l’admission, que les parents ont appris quel collège a été attribué à leur enfant. C’est là qu’ils ont dû entreprendre des démarches pour l’uniforme, les livres et l’admission à la fois. » Quant au matériel scolaire offert aux enfants nécessiteux, Steve Obeegadoo regrette que la distribution ne soit faite qu’à partir du 15 janvier et s’échelonnera jusqu’à février. « Ce qui veut dire que ces enfants défavorisés n’ont pas eu de matériels à la rentrée, contrairement à leurs petits camarades. Si on voulait vraiment les aider, il fallait commencer par leur donner un bon départ », insiste-t-il.

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