Egalité des genres : la Mauricienne à la traîne

  • La femme touche en moyenne 23,7% moins que son partenaire, soit Rs 18 600 par mois contre Rs 24 400
  • Pour deux athlètes masculins de haut niveau, il n’y a qu’une Mauricienne, pour l’athlétisme et le handisport
  • Mais dans l’éducation tertiaire, les Mauriciennes s’affirment, représentant 57,6% de la population estudiantine dans les institutions publiques, privées et à l’étranger

Le profil de la Mauricienne n’aura guère subi de transformations substantielles. C’est ce que révèlent les Gender Statistics, rendues publiques par Statistics Mauritius en fin de semaine dernière. Même si la Mauricienne est nettement plus représentée que le Mauricien dans le secteur de l’éducation tertiaire et qu’elle réalise de meilleurs résultats aux examens de Higher School Certificate (HSC), dès qu’elle s’engage dans le monde du travail, elle se retrouve à la traîne. Ainsi, les salaires pratiqués démontrent qu’elle a un retard de 23,7% à rattraper sur les hommes. En moyenne, une femme touche Rs 18 600 par mois alors que, les salaires de son collègue masculin sont de l’ordre de Rs 24 400. Dixième édition des JIOI, pour deux Mauriciens évoluant en tant que High Level Athletes, il n’y a qu’une Mauricienne. Cette situation est restée sensiblement la même au cours de ces quatre dernières années, l’athlétisme et le handisport étant les disciplines privilégiées par la Mauricienne. Le choix de Noemi Alphonse en tant que porte-drapeau de Maurice aux JIOI ne peut être perçu que comme un hommage appuyé à la valorisation de la Mauricienne.

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Dans le monde du travail, le traitement préjudiciable subi par la Mauricienne est plus que remarquable, soit 46% des femmes en âge de travailler faisant partie de la population active contre 73% pour les hommes. Statistics Mauritius rappelle que durant la période 2015 à 2018, “male activity rate was consistently higher than female activity rate”, même si la tendance est au rattrapage. Ainsi, le taux pour les Mauriciennes est passé de 41,6% en 2005 à 46,6% en 2015 pour descendre à 45,5% l’année dernière. Les femmes sont davantage plus actives dans la tranche d’âge de 25 à 29 ans.

Sur 207 670 Mauriciennes en activités économiques, la grosse majorité, à plus de 80%, est dans le secteur tertiaire, soit des services. Ce pourcentage est nettement supérieur que les 63,2% chez les hommes. Les féministes remettront en question le fait que la femme travaille cinq heures de moins que les hommes par semaine, soit 35,4 heures contre 40,7. “And the daily house chores”, diront-elles.

Plus grave est encore, ce constat de Statistics Mauritius selon lequel “across all occupational groups, women on average earned less than  women”. La moyenne des salaires de la Mauricienne est de Rs 18 600 par mois sur le plan national contre Rs 24 400 pour les hommes. “In the occupational category of managers, professionals and associate professionals, women earned on average 76,2% of what man earned”, révèlent les données. Autre ment dit, une moyenne de Rs 32 100 pour la femme contre Rs 42 800 pour l’homme.

Le cas de la femme devient encore plus délicat du point de vue salarial dans les catégories socioprofessionnelles inférieures, les Mauriciennes ne touchant que presque la moitié, exactement 55,1% des salaires des hommes.

o Catégorie professionnelle : Rs 42 800 pour l’homme contre Rs  32 100 pour la femme.

o Clerical Support Workers : Rs 21 800 pour l’homme contre Rs              19 800 pour la femme.

o Services et commerce : Rs         21 400 pour le Mauricien contre Rs 12 700 pour la Mauricienne.

o Agriculture : Rs 16 300 pour l’homme contre Rs 10 700 pour la femme.

o Occupations élémentaires : Rs 14 700 pour le Mauricien et Rs 8 100 pour la Mauricienne.

Sur le plan du chômage, la Mauricienne est davantage pénalisée. Même si les femmes sont peu nombreuses dans la population active, elles représentent 58,4% du nombre de demandeurs d’emploi, alors que le taux de chômage chez les femmes est de 10,1% contre 4,7% chez les hommes. La disparité est encore plus flagrante dans les Lower Age Groups. Et cela même si leur niveau académique est plus élevé que chez les hommes.

Nette infériorité en matières scientifiques

Avec un avantage de huit points sur les Mauriciens au tableau de la performance académique en Higher School Certificate, confirmant l’avance en fin de cycle primaire, c’est-à-dire au Primary School Achievement Certificate (PSAC), elles sont plus nombreuses à se faire admettre dans le secteur tertiaire de l’éducation et l’écart s’agrandissant d’année en année depuis 2000. “In 2017, women enrolled in public, private and overseas tertiary institutions numbered 27 655, representing 57,6% of the student population which stood at 48 007”, note Statistics Mauritius, ajoutant que sur 19 729 étudiants inscrits en 2017 pour des Bachelor Degrees, 11 431 sont des femmes. Dans l’éducation tertiaire, les Mauriciennes s’affirment, représentant 57,6% de la population estudiantine dans les institutions publiques, privées et à l’étranger.

Les choix d’études des Mauriciennes sont quasiment les mêmes que les garçons, la comptabilité pour un étudiant sur cinq, peu importe le sexe et sensiblement le même, entre 16,6% et 18,1% pour la filière Administration/Management. Par contre, pour des matières scientifiques, les Mauricennes sont en nette infériorité, à l’instar des 2% dans l’Engineering, de 5,4% dans la filière de l’InformationTechnology, bien loin des 10,6% pour l’étude des langues.

En cette période où les JIOI occupent les devants de la scène, comment occulter le chapitre de Gender Statistics consacré au sport de haut niveau. De 2015 à 2018, la participation féminine est restée nettement inférieure, le pointage de 2018 donnant 34% pour les Mauriciennes contre 66% chez les hommes. Les trois disciplines permettant aux femmes de briller à haut niveau sont dans l’ordre l’athlétisme avec 25%, le handisport, 14,6% et l’haltérophilie, discipline pourtant considérée comme un sport d’hommes.

Le choix de Noemi Alphonse en tant que porte-drapeau de Maurice aux JIOI ne peut être perçu que comme un hommage appuyé à la valorisation de la Mauricienne

Chez les hommes, les trois disciplines les plus prisées sont la boxe, le judo et l’athlétisme se tenant littéralement dans un mouchoir. Probablement, avec le bilan de Maurice aux 10e Jeux des îles de l’océan  Indien, ce tableau pourrait évoluer de manière positive.

Pour ce qui est de la violence domestique, avec 1 527 cas rapportés l’année dernière, les victimes sont en majorité des femmes, soit plus de huit sur dix. Dans un cas sur trois, la femme a été agressée physiquement par son partenaire. Les autres cas de violence se rapportent à des insultes verbales, notamment du harcèlement et de l’humiliation, venant du partenaire et des menaces également.

L’on notera aussi que le nombre de cas de violence contre des enfants est en hausse : 5 565 contre 5 104 en 2017, 56,9% des victimes étant des filles.

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