EMPIRE RAWAT—BAI: La BoM et la FSC aux trousses de KPMG

La firme d’experts-comptables et d’auditeurs KPMG, qui a assuré la vérification des comptes de l’empire Rawat au cours de ces dernières années, se retrouve dans l’oeil du cyclone. Sur la base des Preliminary findings des Forensic Auditors de Singapour de nTan Corporate Advisory Pte Ltd, ayant déterré la présentation d’audit compromettante du 29 mars 2011 sur la banqueroute du groupe dirigé par le Chairman Emeritus de la BAI Dawood Rawat, et avec subséquemment le Fraudulent Mechanism mis en place par le groupe pour soutirer plus de Rs 20 milliards de 2010 à 2014 sous forme de Super Cash Back Gold et de Bramer Assets Management Ltd, la Banque de Maurice a averti depuis six semaines au moins les banques commerciales d’éviter d’avoir recours aux services de KPMG.
La Financial Services Commission (FSC), qui a déjà le Financial Reporting Council aux trousses de KPMG dans le BAI Ponzi Scheme de Rs 23 milliards, prévoit des sanctions contre celle-ci notamment par rapport à sa présence dans le secteur des compagnies d’assurances et dans l’offshore. Un dernier communiqué émis par KPMG est venu relancer la controverse au sujet des « clean audit reports » des opérations du groupe BAI, qui était en état de « banqueroute totale » depuis 2009.
Dans une première réaction officielle trois semaines après les révélations de l’hebdomadaire Week-End sur l’Audit Presentation du 29 mars 2011 au sujet de l’état des finances de la BAI Co (Mtius) Ltd, KPMG est monté au créneau pour nier toute décision de consentir à payer des amendes ou autres compensations. « It has come to our attention that the Minister of Financial Services, Good Governance and Institutional Reforms, Honourable Roshi Bhadain, has during a TV programme which was broadcast live on Friday 11 September 2015, stated that KPMG has agreed to pay fines and penalties. This statement is not true ; KPMG did not commit or agree to any settlement or compensation on that meeting », note le communiqué de presse.
Un autre point de discorde concerne la réunion du 4 septembre dernier avec la participation de Trevor Hoole, Senior Partner et Chief Executive Officer de KPMG en Afrique du Sud, et Jean-Claude Liong, Senior Partner de KPMG à Maurice. KPMG soutient que cette séance de travail avait été organisée à l’initiative de KPMG « to hear the Minister’s point of view and to note that KPMG welcomes any opportunity to collaborate with all regulatory authorities regarding the matters ».
Or, la version officielle avance que ces contacts avec le bureau régional de KPMG en Afrique du Sud font suite à une enquête confiée par la FSC au Financial Reporting Council en vue d’établir les raisons pour lesquelles le bureau de KPMG de Maurice n’avait pas notifié les autorités compétentes, dont la FSC ou encore la Financial Intelligence Unit (FIU), par voie de Suspicious Transactions Reports, des Findings de l’Audit Presentation du 29 mars 2011 au BAI Audit Committee, aux membres du Top Management du groupe BAI et aux Board Directors. Des membres de la FSC, dont le président et le vice-président de la FSC, ont participé à ces délibérations où il avait été question de Contributory Negligence alléguée de KPMG dans le BAI Ponzi Scheme.
« The right questions were put »
« Cette présentation n’a été déterrée que lors d’un exercice de Forensic de nTan Corporate. Les détails de ce document montrent clairement que the right questions were put, dont à la page 30 sur comment assurer le remboursement de Rs 4,2 milliards sous le Super Cash Back Gold alors que les Liquid Assets n’étaient que de Rs 967 millions. Difficile à comprendre comment KPMG a continué à donner des Clean Audits de la BAI de 2010 jusqu’à la veille de l’éclatement du scandale en mars 2015. Devant ces faits, nous maintenons que le CEO de KPMG Afrique du Sud a été placé devant ses responsabilités », fait-on comprendre dans les milieux officiels, occupés ce matin à répondre à la teneur du communiqué de KPMG.
À la FSC et au ministère des Services financiers, l’on indique que le CEO de KPMG d’Afrique du Sud aurait déjà signifié son intention de prendre contact avec des Professional indemnity insurers tout assurant la liaison avec la maison mère de KPMG en Europe en vue d’assumer ses responsabilités dans ces manquements notés dans la vérification des comptes de la BAI. Un autre détail lourd de sens est que la Holding Company de Dawood Rawat, KLAD Investments aux Bahamas, était déjà déficitaire de Rs 10 milliards (302 millions de dollars) au 31 décembre 2012 pour passer à 410 millions de dollars (Rs 12 milliards) l’année suivante.
En attendant que les autorités, dont la FSC, et KPMG se mettent d’accord sur les Minutes of Proceedings de la réunion du 4 septembre, le fait demeure que des premières mesures disciplinaires sont tombées. Des sources autorisées soulignent que des banques commerciales ont été averties par la Banque de Maurice de ne pas retenir les services de KPMG pour des besoins d’audits dans l’immédiat le temps que « matters are sorted out ». La Banque Centrale ne s’est pas aventurée à donner publicité à cette mesure car le contrôle des sociétés d’audit ne relève pas de ses responsabilités même si des mesures de précaution ont été prises.
Au sein de la FSC, l’enquête confiée au Financial Reporting Council sur KPMG depuis quelque temps déjà pourrait déboucher sur des mesures incessamment, notamment avec cette firme d’experts-comptables et d’auditeurs déclarée « out of bound dans le secteur des assurances et de l’offshore ». Mais aucune des sources officielles approchées par Le Mauricien n’a voulu confirmer ce détail vu qu’une réunion du conseil d’administration de la SC était en cours depuis tôt ce matin.
Criminal Intent
Pour sa part, KPMG confirme qu’elle fait l’objet d’une enquête du Financial Reporting Council mais d’aucune autre autorité régulatrice. « We have received specific queries from the Financial Reporting Council regarding certain aspects of our audit of the (BAI) Group, and have and will continue, to respond to these. We have not received any formal enquiries from any other regulatory authorities », ajoute KPMG, qui s’appesantit sur le fait que « the last financial statements on which the firm opined were for the year ended 31 December 2014. The audits were conducted in accordance with International Standards on Auditing ».
Toutefois, cette Audit Presentation du 29 mars 2011 de KPMG, portant sur la faillite du groupe BAI au 31 décembre 2009 et la genèse du Ponzi Scheme, ayant englouti Rs 23 milliards de clients leurrés, devra relancer le scandale financier avec le Central CID déjà en possession de ce document accablant pour les prochaines séances d’interrogatoire Under Caution des Top Managers et des membres du Board de la BAI sur le Criminal intent au cours de la période allant de 2010 à mars 2015 avec les responsables de KPMG venant confirmer formellement que le document émane de leurs services et compétences…

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