En attendant les prochaines averses

Depuis que les pluies torrentielles ont commencé à s’abattre sur Maurice pour les fêtes du Nouvel An, les Mauriciens sont désorientés. Il faut les entendre se plaindre de cette pluie qui oblige à annuler les parties à la plage, à renvoyer les plans de barbecue, à transformer les varangues, terrasses et garages en maison de dhobi — un autre terme oublié — et qui laisse dans son sillage une boue envahissante. Et tous d’espérer que cette pluie, qui a gâché les fêtes, cessera bientôt et que l’on retrouvera les joies de la canicule et de la climatisation. Comment seront remplis nos réservoirs s’il ne pleut pas et comment fera-t-on pour vivre sans eau? Habitués à disposer d’une fourniture d’eau , grâce aux réservoirs et leurs pompes, – et malgré les coupures, les Mauriciens des villes ne se posent pas trop la question. Ce n’est pas le cas des habitants du Nord ou des régions où sont implantés les IRS et autres résidences avec piscines destinées aux investisseurs étrangers qui sont servis en premiers. Dans le Nord, les robinets sont à sec et l’on doit s’alimenter par camion et en faisant la queue. En ne faisant pas trop le difficile sur la provenance de l’eau des camions-citernes. Dans d’autres régions du pays où l’on a souvent construit en faisant fi des écoulements naturels des eaux de pluie, où l’on a bétonné à tour de bras, avec ou sans permis de construction, les inondations se multiplient. Comme c’est le cas à chaque grosse averse et nous ne parlons pas des grosses pluies d’été qui devraient arriver dans quelques jours.

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Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces inondations vont se répéter aussi longtemps que des drains ne seront pas construits pour permettre aux eaux de pluie d’aller se déverser dans la mer. Souvenons-nous de ce qui s’est passé à Port-Louis le 30 mars 2013. Encore faudrait-il que les drains ne soient pas construits là où il ne le faut pas comme à Sans-Souci. Dans ce coin de Montagne-Blanche,  drains au coût de Rs 20 millions ont été installées sans consultation avec les habitants. Résultat : lors des averses, les drains, qui donnent directement sur les maisons, les inondent ! Ailleurs, on dit que malgré les averses, la distribution d’eau sera difficile à cause de la boue qui obstrue les tuyaux des réservoirs. Depuis toujours ont sait que les grosses pluies provoquent de la boue qui est charriée dans les réservoirs. Est-ce que les spécialistes de la CWA ne sont pas au courant de ce fait et ne peuvent pas prendre les précautions qui s’imposent ?

Et pendant ce temps les Rodriguais, dont les réservoirs sont à sec, prient pour avoir un peu de ce trop-plein de pluie dont se plaignent les Mauriciens. Des Mauriciens qui, une fois le soleil revenu, oublieront rapidement les tracas liés à la pluie. Jusqu’aux prochaines averses.

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Je ne sais pas si le Premier ministre a la mémoire courte, mais il semble avoir une énorme capacité à réciter les phrases écrites par ses conseillers, sans même réfléchir sur leurs sens. C’est ainsi que pour expliquer les problèmes de distribution d’eau potable causés par les tuyaux bouchés par la boue, il a déclaré ce qui suit. « Pendant dernier cinquante ans oken gouvernement napa finn change tiyo dilo dans Moris. » Ce n’est pas tout à fait faux. Le problème c’est que durant les cinquante ans écoulés son père a été Premier ministre du pays de 1982 à 1995 et de 2000 à 2013. De 2005 à 2005 Pravind Jugnauth fut ministre et il occupa de nouveau cette fonction de 2010 à 2011 dans le cadre de l’alliance PTr/MSM, puis avec Lalians Lepep. Cela fait donc 20 ans que Sir Anerood Jugnauth a occupé les fonctions de Premier ministre, et environ dix ans que Pravind Jugnauth a fait partie de divers gouvernements et presque un an qu’il est Premier ministre. Pourquoi est-ce que son père, lui-même et son parti « napa finn kapav change tiyo dilo dan Moris ». ? Le Premier ministre gagnerait à comprendre les phrases qu’on lui donne à lire pour éviter de se ridiculiser et de donner l’impression qu’il est un spécialiste du « koz nimport ».

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