En prévision du budget : Un ballon d’oxygène de Rs 1,3 milliard pour le sucre

  • La contribution du CEB à des Package pour la coupe 2018 s’élève à Rs 200 millions, soit une moyenne de 10 sous par kWh générée à partir de l’huile lourde
  • Le profil de la nouvelle industrie cannière : 50 000 hectares sous culture de cannes pour une production de 400 000 t de sucre à partir de 4 M de T de cannes et 510 GWh destinés CEB Grid

La dégringolade du cours du sucre sur le marché mondial d’une pointe de Rs 17 573 la tonne en 2012 pour se retrouver à Rs 10 000 pour la récolte sucrière de cette année, soit un “All-Time Low”, constitue une équation insoutenable pour la communauté des planteurs. En marge de la présentation du budget 2018-2019 et dans le sillage de l’abolition des quotas de sucre sur le marché européen depuis le 1er octobre dernier, le Joint Technical Committee sur le sucre propose un “Salvage Package” de Rs 1,3 milliard pour la coupe 2018.

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L’enjeu de ce ballon d’oxygène vise non seulement au démantèlement de l’industrie sucrière par attrition mais aussi à assurer le volet des sources d’énergie renouvelable dans le volant de la génération électrique du Central Electricity Board (CEB). Les premiers éléments, qui ont transpiré jusqu’ici, indiquent qu’en complément aux mesures financières proposées, ce secteur économique devra connaître des changements fondamentaux dans les règlements régissant les conditions de travail et des relations industrielles dans le sucre. Il va sans dire que le Joint Negotiating Panel, regroupant les syndicats de l’industrie sucrière, est déjà sur le pied de guerre par rapport aux relations industrielles.
Contrairement aux précédentes analyses du Syndicat des sucres de Devesh Dukhira, laissant miroiter une lueur d’espoir d’une hypothétique reprise du prix du sucre à l’exportation, le “Joint Technical Committee” est plus catégorique à ce chapitre. Outre la confirmation que pour la récolte sucrière de l’année dernière, le prix de la tonne de sucre aux planteurs était tombé à Rs 11 000, les prévisions pour celle de 2018 s’annoncent pus catastrophique. Les Rs 10 000 annoncées pour 2018 constituent un manque à gagner de Rs 7 573 sur le prix élevé obtenu au cours de ces six dernières années, soit en 2012. Dans la conjoncture, le seuil de viabilité dans l’industrie sucrière est à hauteur de Rs 17 000 avec Rs 10 000 par tonne bien en deçà.

Avec un tel constat sur le plan de la rentabilité sucrière, le rapport du “Joint Technical Committee”, soumis au ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun, tire la sonnette d’alarme quant à la survie de ce qui fut l’épine dorsale de l’économie du temps du Protocole Sucre, qui a regagné le Musée de l’Histoire depuis 2009. Les points cardinaux retenus lors des délibérations conjointes entre le gouvernement et le secteur privé pour redéfinir le profil de l’industrie cannière des cinq prochaines années s’articulent autour d’une superficie minimale de 50 000 hectares consacrés à la culture de la canne avec une moyenne de production de quelque 400 000 tonnes de sucre sur la base d’une récolte de quatre millions de tonnes de cannes, la génération de 510 GWh d’électricité à partir de la bagasse et de la “Cane Trash”, représentant 20% de la production d’énergie sur le plan national et 140 000 tonnes de mélasse.

Avec la mise à exécution de ce “Turnaround Plan”, le Joint Technical Committe se dit confiant de pouvoir rétablir à partir de 2022 la rentabilité de l’industrie cannière, assurer la contribution de ce secteur dans la génération des énergies renouvelables et assurer sa participation en matière de sécurité alimentaire. Le document en possession du gouvernement reprend l’expression de “Bold Measures” avec le double objectif d’accroître les revenus ds producteurs et de réduire les coûts de production. Comme préconisé par Business Mauritius dans son “Budget Memorandum” au Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, mention est faite que « the game changers are first the energy component that would provide the means to increase producers’ revennue and secondly the review of labour laws ». Ce dernier volet s’inscrira dans la logique de la réduction des coûts.`

Au chapitre de la revalorisation de la bagasse, le Joint Technocal Committee situe son importance au tableau énergétique avec les centrales thermiqyes à bagasse représentant actuellement 16% de l’“Energy Mix” du Central Electrucity Board. Pour réaliser l’objectif de 25% d’ici 2015, la bagasse aura son rôle à jouer. En cas de pénurie de bagasse dans les quatre centrales thermiques de l’industrie sucrière, les importations de combustibles pour le compte des centrales du CEB imposeront une facture variant entre Rs 700 millions et Rs 1,5 milliard annuellement. En vue de pallier ce scénario, susceptible de remettre en cause la politique d’énergie renouvelable, le rapport recommande le paiement supplémentaire de quelque Rs 3 000 par tonne de sucre pour la bagasse.

Le General Bagasse Funding pour 2018 devrait s’établir comme suit :
– Rs 323 millions suite aux recommandations du “Restricted Negotiation Committee”, soit Rs 64 millions avec la “Bagasse Transfer Pricing Formula” et Rs 259 millions en provenance du “Coal Levy” ;
– Rs 145 millions de MID Levy sur les produits pétroliers ;
– Rs 200 millions de contributions du CEB, soit les 10 sous par unité générée à partir d’huile lourde.

Avec ces fonds, la répartition de ce “Salvage Package” aux différents acteurs de l’industrie cannière devrait se faire de manière différenciée, soit Rs 3 092 par tonne de cannes aux petits planteurs, produisant en moyenne 56 000 tonnes, Rs 2 127 la tonne aux planteurs avec une production de plus de 60 tonnes (112 000 tonnes annuellement) et Rs 2 032 la tonne aux usiniers/planteurs avec quelque 105 000 tonnes. Une formule de paiement est également proposée pour la “Cane Trash”, soit entre Rs 600 et Rs 800 la tonne.
Avev l’“Energy Component” du “Turnaround Plan” de l’ordre de Rs 604 millions, le “Joint Technical Committee” a élaboré une série de “Supportive Measures” de l’ordre 673 millions, dont Rs 200 millions d’“Environment Protection Fee”, de Rs 150 millios de “Waiver” pour le paiement du Cess et Rs 100 millions avec une révision à la hausse des droits de douane à l’importation du sucre pour la consommation locale.

Au cas où ce package est adopté, les revenus de l’industrie cannière devraient être de l’ordre de Rs 8,7 milliards, dont Rs 6 milliards des recettes d’exportation sucrière et Rs 2,3 milliards au guichet énergétique. La dimension la plus délicate du Joint Technical Committee Report concerne les “Cost Reduction Measures”, dont un “Downsizing” conséquent de la main-d’œuvre hors des bénéfices prévus sous le “Blue Print” ou encore de nouvelles dispositions, dont l’élimination du paiement du “double wage compensation”, des changements dans les règlements du travail saisonnier ou encore une harmonisation des contributions au Fonds national de pension. Toutefois, les recommandations devront être avalisées au préalable par le Conseil des ministres.

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