EN VUE DE LA COP21: Les vulnérabilités de Maurice au changement climatique identifiées

Dans le cadre de la participation de Maurice à la 21e Conférence des parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (COP21), qui se tiendra en décembre à Paris, le ministère de l’Environnement a émis un document identifiant les vulnérabilités de notre île au changement climatique. Le réchauffement climatique est une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre liée au rejet dans l’atmosphère d’émissions de gaz à effet de serre, émissions causées par l’activité humaine.
Selon le document du ministère de l’Environnement (MoE), intitulé “Vulnerability of Mauritius to Climate Change”, le changement climatique (CC – voir encadré) est le défi le plus grand et complexe posé à la communauté internationale aujourd’hui et pour les années à venir. En tant que Petit État insulaire en Développement, Maurice est très vulnérable aux impacts négatifs du CC. Parmi ceux-ci figurent la montée du niveau de l’océan et des températures, des changements dans nos régimes des pluies, de cyclones, de sécheresses et d’inondations, entre autres. Notre bétail ainsi que nos récoltes sont également affectés, sans compter les maladies.
Dans ce contexte, le document rappelle que, selon le World Risk Report 2014, Maurice se classe 14e en tant que pays encourant le plus de risques de catastrophes. « Parce que c’est un problème pluridimensionnel, le CC a des implications beaucoup plus conséquentes qu’un changement de régime climatique. Ce phénomène affecte les projets de développement en passant par l’allégement de la pauvreté aux soins de santé, de la croissance économique à la réduction des risques de catastrophes. Le CC menace nos capacités à atteindre nos objectifs de développement durable », selon le document.
Le MoE souligne que les impacts négatifs du CC se font déjà sentir à Maurice. En sus, une hausse accélérée du niveau de la mer par 5,4 mm par an (plus haut que la moyenne mondiale de 3,3 mm par an), l’aggravation de l’érosion côtière sur environ 17 km de plage, l’augmentation en fréquence et en intensité de phénomènes climatiques extrêmes (cyclones, marée de tempêtes, entre autres), la diminution de nos régimes des pluies avec cependant des inondations rapides plus récurrentes.
En matière d’augmentation de la température, comparée à la période 1961-1990, la température moyenne à Maurice a augmenté de 0,74 à 1,1°C. D’ici 2070, on s’attend à ce que la température moyenne subisse une hausse de 2°C.
Ainsi, Maurice doit faire face à de multiples problèmes environnementaux dus au CC, s’inquiète le rapport. D’ici 2030, la fourniture d’eau pourrait être insuffisante pour répondre à la demande projetée, estime le document. Des projections indiquent que d’ici 2050, jusqu’à 13% de nos ressources en eau potable auront en effet diminué. Parallèlement, notre production agricole pourrait diminuer par 20% à 30% dans le moyen et long termes du fait de la diminution de nos régimes de pluies (8% depuis 1950).
Nos ressources naturelles, comme nos plages, piliers de l’industrie touristiques, peuvent disparaître graduellement, engouffrant très probablement avec elles plus de USD 50 millions en valeur ajoutée dans ce secteur d’ici 2050. Nos zones côtières sont particulièrement vulnérables aux impacts du CC, tels des inondations côtières, la montée du  niveau de la mer, les marées de tempêtes, l’infiltration d’eau de mer dans nos nappes souterraines (salinisation de nos nappes phréatiques), l’érosion côtière et le blanchiment des coraux tandis que les écosystèmes et les habitats naturels des poissons et d’autres espèces marines se dégradent rapidement, nos récifs coralliens étant menacés d’extinction. Ces 5 dernières années, le niveau de la mer à Port-Louis a augmenté d’environ 3,8 mm par an. « Ces impacts ont des conséquences socio-économiques dramatiques sur la pêche, la subsistance de ceux vivant dans les zones côtières et, surtout, sur notre tourisme », relève le document.
Citant le Disaster Risks Reduction Report 2013 de Maurice, le document du MoE prévient que les éléments suivants sont à risque suite aux marées de tempêtes ou à la montée du niveau de la mer à cause des inondations : 19 à 30 km de terre agricole, 5 à 70 km carrés d’endroits bâtis, 2,4 à 3 km d’autoroute, 8 à 19 km de routes principales et 668 à 109 km de routes secondaires. De même, des dommages aux bâtiments et aux infrastructures ont été estimés à USD 2 milliards et USD 1,4 milliard respectivement pour les 50 prochaines années à l’horizon 2070.
Parallèlement, le montant total en termes économiques d’éléments exposés aux risques de glissements de terrain est estimé à USD 8 072 M pour Maurice et USD 393 M pour Rodrigues. Élaborant sur l’impact du CC sur la pêche, le rapport précise qu’avec la montée de la température de l’océan, la taille, la location et la migration des bandes de thons seront affectées. Notre Sea-Food Hub et notre industrie de la pêche seront donc perturbés. Rappelons à cet effet qu’en 2003, le pourcentage de coraux (refuge et habitats des poissons) blanchis à l’île-aux-Bénitiers, à Belle-Mare, à Poudre-d’Or et à Albion était de 56%, 11%, 22% et 2% respectivement. « Avec une prédiction de la réduction par 80% à 100% de coraux vivants d’ici 2100, les zones côtières vont se détériorer et les poissons se feront rares, affectant grandement la communauté côtière et mettant en danger la subsistance des pêcheurs », fait ressortir le document.
En outre, poursuit le rapport, des températures plus chaudes et des hivers plus doux favoriseront l’apparition de nuisances – tels des insectes – et des maladies. « D’ici 2050, on pourrait s’attendre à ce que notre production alimentaire diminue de 30%, menaçant notre sécurité alimentaire », prévoit le rapport.
Cependant, le document du MoE énumère une quinzaine de programmes et autres études et plans élaborés ces dernières années par le gouvernement pour faire face aux défis du CC. « Il y a toutefois encore des défis à relever et des solutions pour y faire face seront proposées dans le cadre de notre “Contribution nationale” en vue de la 21e Conférence des parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques, qui aura lieu à Paris en décembre », soutient le document. Une « contribution nationale », ou INDC (Intended Nationally Determined Contributions), est un document contenant les objectifs nationaux que se fixe un État pour réduire ses émissions de GES d’ici 2050.

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