ENFANTS VULNÉRABLES : Des mères d’Anoska, « Nou per pou nou bann zanfan ! »

Le meurtre atroce de la petite Helena Gentil, portée disparue le 6 avril dernier et dont le cadavre a été retrouvé ce mercredi 15, suscite son lot d’interrogations et d’appréhensions. Pire que des craintes, un groupe de mères de famille, vivant à Cité Anoska, où vivait la petite victime de 11 ans, témoignent de leur « vives inquiétudes quant à la sécurité de nos enfants. » Elles lancent un appel pressant au gouvernement pour « créer et mettre en place des structures adéquates afin de protéger nos enfants. Nous ne pouvons les garder en permanence entre les quatre murs de la maison?!»
« La mor Helena finn kre enn sikoz dan Anoska. Nou nepli anvi les nou bann zanfan sorti tousel… Pa kapav kone ki pou arive ! » Elles sont une dizaine de mamans, toutes vivant à Cité Anoska et préférant l’anonymat, parce que « quand nous nous permettons de dire certaines vérités, concernant la région, quand nous interpellons même certains habitants au sujet d’un manque de discipline et d’égards, ou que nous agissons dans l’intérêt de nos familles et de nos enfants, nous sommes mal perçues. Si nos voisins savent que nous nous sommes exprimées dans les médias, ils feront notre procès et nous en voudront… » Pourtant, disent ces mères de familles, « tout ce que nous voulons, c’est que nos enfants, tous les enfants d’Anoska, puissent vivre et grandir dans un environnement sain. »
Cependant, notent-elles, « depuis huit, dix ans, l’atmosphère s’est sérieusement gâtée ici… » Elles expliquent que « des jeunes filles de 13, 14 ans se baladent, le soir, tard… Où vont-elles?? Que font-elles??» Inévitablement, renchérissent ces mamans, « Nous nous doutons bien qu’elles attirent le regard des hommes sur leur passage. » Surtout, soulignent certaines, « ki sou lefe lalkol, ou kone ki arive… ». Des « allées et venues louches, tard dans la nuit et même au grand jour, nous y sommes quasiment habituées, maintenant », ponctuent nos interlocutrices.
Au « gros problème d’alcoolisme, dans le village, il faut désormais y compter les grossesses précoces, des enfants non scolarisés et des familles brisées. » Ces mères, âgées de 28 à 40 ans, relatent des cas de « jeunes filles de 14-15 ans qui ont des enfants et qui ont dû arrêter l’école pour s’occuper de leurs bébés. Elles sont encore elles-mêmes des enfants. Que savent-elles de la vie de mère??» Et de rappeler que « Nous devinons bien que ces jeunes filles voient leur avenir brisé dès un très jeune âge. Qui les aidera à apprendre à tenir un foyer?? Si tant est que le père de l’enfant ne disparaisse pas… »
Depuis plusieurs années, soutiennent encore nos interlocutrices, « nous avons fait un choix?qui n’est pas du tout facile. Celui de garder un oeil constant sur nos enfants. Mais combien de vigilance peut-on pratiquer sur des gosses qui ont envie de courir dans un jardin, jouer avec d’autres camarades de leur âge, faire du vélo, jouer au foot??» Nombre de mères de Cité Anoska interrogées signalent que « nou prefer interdir nou bann zanfan sorti. Plito ki zot al gayn move frekantasion ek linflians, nou fors zot swa res lakaz, swa nou al ar zot kot bizin ale… »
Cependant combien de temps pourront-elles tenir?? «C’est la raison pour laquelle nous lançons un appel pressant au gouvernement : sauvez nos enfants?! Donnez-nous des structures et des personnes ressources, des travailleurs sociaux, des éducateurs, des animateurs qui viendront encadrer nos enfants dans des espaces safe et où ils pourront s’épanouir. » Ces mamans soutiennent : « Ce n’est pas parce que nous sommes pauvres et que nous n’avons pas de grands moyens matériels à notre disposition que nous n’allons rien faire pour protéger nos enfants ! Nous savons quelle est notre responsabilité afin de faire d’eux des adultes responsables de demain. Et c’est dans leur enfance qu’il faut leur inculquer la notion du bien et du mal. Malheureusement, à ce jour, la plupart des parents ne font pas cet effort… »
Elles demandent également aux ONG qui oeuvrent dans divers secteurs concernant l’éducation, le développement humain, la sexualité, les dangers sociaux, entre autres, de venir donner un coup de main. « Seules, nous ne pourrons veiller sur nos gosses 24 h sur 24. Aidez-nous?! Qu’il n’y ait pas d’autre Helena ici… »

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