ENJEU — Économie : Éléments contrastants !

Lakwizinn du PMO pavoise avec la promotion de Maurice dans le Top 20 au tableau de Ease of Doing Business 2018 de la Banque mondiale en grignotant cinq places

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Le MCB Group rappelle la vulnérabilité des exportations avec un déficit de Rs 121 milliards, soit 23% du PIB et le Gross Domestic Saving sous la barre de 10%, soit le plus bas depuis des décennies

Endettement: Rs 307,3 milliards pour le GM et Rs 381,7 milliards pour le privé, dont plus de Rs 100 milliards à l’industrie du bâtiment pour la première fois

Le classement établi par la Banque mondiale au chapitre du Ease of Doing Business, rendu public en fin de semaine, Maurice intégrant le Top 20 de 190 pays, est accueilli avec satisfaction à l’Hôtel du gouvernement. Cette performance intervient sur un fond d’une succession de cartons rouges sur le plan économique au niveau international, notamment pour le Global Business Sector, un nouveau pilier économique en devenir. Cette progression de cinq places dans la Flagship List de la Banque mondiale survient après la déconvenue enregistrée lors du précédent classement de l’année dernière. Lakwizinn du Prime Minister’s Office, et surtout la nouvelle plateforme pour attirer les investissements, l’Economic Development Board, sont montés au créneau pour souligner “a well-defined agenda to further improve the ease of doing business in Mauritius charted out together with Government”. Toutefois, le contraste est venu sous la forme de la dernière édition de MCB Focus, Economic Update No 74. Dans cette édition rendue publique à la mi-journée, jeudi, le MCB Group énumère les zones de vulnérabilité, dont la détérioration des paramètres économiques, le déficit de la balance commerciale étant de l’ordre de Rs 121 milliards en 2019, soit Rs 8 milliards de plus que l’année dernière, ou encore le niveau le plus bas depuis des décennies du Gross Domestic Saving, susceptible de descendre sous la barre des 10% contre une moyenne de 25%. Sur le plan de l’endettement, les derniers chiffres publiés par le ministère des Finances pour la dette publique, soit Rs 307,3 milliards, et par la Banque de Maurice au titre des crédits bancaires au secteur privé, dont Rs 381,7 milliards, représentant une progression de l’ordre de Rs 30 milliards en une année, devront remettre les pendules à l’heure avec la prochaine réunion du Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice en fin de semaine.

Le Ranking de Maurice au classement de Ease of Doing Business de la Banque de Maurice, notamment la 20e place sur le plan mondial et le premier en Afrique, est salué avec force dans les milieux de l’Hôtel du gouvernement et aussi par la Banque mondiale. Dans un communiqué publié à cet effet, cette dernière institution souligne que “Mauritius also finds itself in the top 3 countries among 51 upper middle-income economies. The country distinguishes itself ahead of countries like Canada (22), Germany (24), France (32), Japan (39) and China (46). The top five countries in Africa include Mauritius (20), Rwanda (29), Morocco (60), Kenya (61) and Tunisia (80)”.

Poursuivant la présentation de ces détails, la Banque mondiale met en exergue le fait que Maurice a réalisé des “recognized improvements” dans huit des seize indicateurs, dont Starting a Business, Dealing with Construction Permits, Getting Electricity, Registering Property, Protecting Minority Investors, Paying Taxes, Trading Across Borders et Enforcing Contracts. Le représentant de la Banque mondiale à Maurice, Erik von Uexkull, ajoutera que “Mauritius’ improved position in the Doing Business Report is an impressive achievement and reflects the country’s commitment to strengthening its business climate. This will increase Mauritius’ attractiveness for both domestic and foreign investors, and thus deliver new economic opportunities for Mauritians”.
Le nouveau patron de l’Economic Development Board, François Guibert, qui a connu une entrée en fonction mouvementée avec la Blacklist des Golden Passport Schemes de l’Organisation du commerce et du développement économiques (OCDE) et le Working Paper du Fonds monétaire international sur les retombées des Double Taxation Anti-Avoidance Treaties, avoue que « this recognition by the World Bank confirms that Mauritius remains a competitive and attractive jurisdiction whilst consolidating investor’s trust ».
Instrumental role

Dans un commentaire sur le Website de l’Economic Development Board, François Guibert ajoute que “a well-defined agenda to further improve the ease of doing business in Mauritius has been charted out together with government”. Il poursuit que “the Honourable Prime Minister has played an instrumental role in driving the reform agenda for Mauritius. Under his leadership, structures have been put in place at the level of the Prime Minister’s Office, the Ministry of Finance and Economic Development and EDB to coordinate and monitor the implementation of major projects related to ease of doing business in Mauritius”.

L’Economic Development Board concède que cette intégration au Top 20 impose de nouvelles exigences pour Maurice en matière de Ease of Doing Business en dressant la liste d’initiatives mises en chantier, dont le National E-Licensing System, qui est présenté comme un Game Changer dans le processus d’octroi de permis dans les affaires avec le reengineering de quelque 150 Business Permits et Licenses. “While we join the club of Top 20 in the world, we are aware that it will become tougher to improve our ranking in the ease of doing business indicator. What we do now in terms of regulatory reforms, business processes, and digital transformation will also require greater determination and a paradigm shift from one and all to continue to progress”, ajoute François Guibert.
Cependant, en toile de fond des retombées positives du Reforms Agenda de Maurice, le MCB Group, sans vouloir jouer de manière préméditée les trouble-fêtes, nuance davantage les perspectives de l’économie en s’appuyant sur l’évolution des paramètres et des principales filières. D’entrée de jeu, le Chief Strategy Officer, Gilbert Gnany, recadre les prévisions de croissance, avec une baisse de 10 points, soit de 3,8% à 3,7%, vu la performance du secteur des exportations.  “Our already feeble outlook for the sugar sector has been further downgraded amidst unfavourable climatic conditions and weaker than anticipated export prices on the world market, while a lower outturn is now expected in the textile industry on the heels of a modest evolution in exports and higher pressures on margins”, souligne le MCB Group pour étayer ses dires au niveau de la croissance.
L’analyse sectorielle du MCB Group précise que la contribution de la Financial and Business Services Industry et celle des TIC devront être déterminantes au décompte final à la fin de cette année. Mais le Chief Strategy Officer se montre également sensible aux conditions internes aussi bien qu’externes dans lesquelles évolue le Global Business Centre. Dans la conjoncture, il se permet d’ouvrir une parenthèse pour attirer l’attention sur les Downside Risks vu que “the global business segment is facing up to an increasingly demanding operating landscape, spurred notably by amendments to the regulatory and tax framework and enhanced substance requirements towards fast-tracking the country’s adherence to international codes and standards”.

Le Chief Strategy Officer du MCB Group n’écarte pas des effets perturbateurs sur la croissance générés par le Global Business Sector. “It can also be noted that real GDP growth could end up being lower in the event that the global business industry registers a lower growth outcome than envisaged in our baseline scenario amidst a further escalation of market uncertainties and business development challenges”, prévient MCB Focus, avec le risque d’un taux de croissance le moins élevé de ces cinq dernières années.

Le poids de l’industrie du tourisme devra s’avérer critique dans la croissance pour cette année même si une baisse dans la progression de la valeur ajoutée pourrait se faire sentir. Le MCB Group rappelle que pour les neuf premiers mois de l’année, une augmentation de 4% dans les arrivées a été enregistrée et que les recettes brutes s’affichent déjà avec un + 12%. Attention, les dangers se présentent sous la forme de la diversification du marché vu que les touristes en provenance de la République populaire de Chine continuent de régresser pour la troisième année consécutive. À cela viennent se greffer la compétition accrue des destinations touristiques de la région et le coût croissant du billet d’avion.

Nouveaux sommets
Le secteur manufacturier, que ce soit sur le plan domestique ou des exportations, continuera à traîner les pieds alors que, sans le boom dans l’industrie de la construction, avec le projet de Metro Express et les composantes du Road Decongestion Programme, le tableau de la croissance aurait été différent pour cette année et également pour l’année prochaine.

Toutefois, la tendance à la baisse de la valeur des exportations constitue un sujet d’appréhension pour le MCB Group d’autant plus que la facture d’importations devra continuer à grimper compte tenu de l’évolution du cours mondial du pétrole. Un élément, qui ne passera pas inaperçu, est que les exportations par rapport au PIB sont en chute libre, passant de 28% il y a une décennie à 16,8% cette année. L’Influential Drag des exportations est estimé à deux points de croissance.

Les dernières estimations officielles laissent voir que pour 2018, le déficit commercial devra atteindre de nouveaux sommets, avec Rs 121 milliards annoncées contre les Rs 113 milliards de l’année dernière. Ce solde négatif des échanges commerciaux représente 23% du PIB. “Such trends necessitate close monitoring given the importance of exports as a key engine for achieving high growth over the medium to long term run, with associated multiplier effects on the rest of the economy”, note la dernière édition de MCB Focus.

Avec la consommation toujours robuste, le MCB Group tire la sonnette d’alarme par rapport à l’épargne, débouchant sur une ‘trop-dépendance’ sur les Foreign Capital Flows. Pour la première fois depuis des décennies, le Gross Domestic Savings to GDP Ratio descendra sous les 10% contre 25% il y a quelques années de cela. “Such dynamics (the worsening of the already-elevated resource gap) are cause of concern as they tend to accentuate the dependence of Mauritius on foreign capital flows in the long run”, note MCB Focus, qui fait également ressortir que “this situation underscores the significance of enhancing nationwide income generation and competitiveness levels”.

Que ce soit pour les finances publiques ou le secteur privé, l’appétit pour l’endettement devient incontrôlable. En une année à la fin de septembre dernier, la dette publique a augmenté de Rs 14,8 milliards, le ministère des Finances soulignant que trois facteurs, à savoir des emprunts du gouvernement pour assurer le repaiement de Rs 3,9 milliards de Benchmark 5-Year Bond arrivant à maturité, des Short Term Stocks de Rs 312 millions pour couvrir le coût additionnel des produits pétroliers de la State Trading Corporation et le déboursement de Rs 718 millions par l’Export-Import Bank of China à Mauritius Telecom pour le projet de Safe City.

Canard boîteux
Des Rs 307,2 milliards de dette publique à la fin de septembre, soit 64,2% du PIB, Rs 30,4 milliards sont garanties par le gouvernement au nom des entités para-publiques. Des Rs 17,3 milliards consenties sur le plan local, Rs 13,6 milliards ont été injectées en vue de reflouer le Ponzi-like Scheme de Dawood Ajum Rawat, soit Rs 10,5 milliards au National Property Fund Ltd et Rs 3,1 milliards dans ce qui est en passe de confirmer une réputation de canard boîteux dans le secteur bancaire, la MauBank Ltd.

En ce qui concerne les emprunts à l’étranger au nom des corps para-étatiques garantis par le gouvernement, soit Rs 12,9 milliards, trois institutions se distinguent, Airports of Mauritius Ltd avec Rs 5,9 milliards, le Central Electricity Board (Rs 3,4 milliards) et Mauritius Telecom Ltd (Rs 1,6 milliard). Avec l’engagement revu et corrigé de ramener la Gross Public Sector Debt à hauteur de 60% à fin juin 2021, le MCB Group fait preuve de scepticisme. “When taking into account the rise in public sector debt which stood at 64,2M in September 2018, compared to 63,7% as at June last — the achievement of such target appears a challenging task”, reconnaît Gilbert Gnany, qui rappelle que l’inclusion des lignes de crédit de l’Inde devra avoir des répercussions sur les Debt Metrics.

Du côté du secteur privé, la tendance est également à la hausse.  Les données publiées par la Banque de Maurice en fin de semaine indiquent que la hausse a été de Rs 30 milliards, soit Rs 381,7 milliards à la fin de septembre. La répartition de ces crédits bancaires s’articule comme suit
— la construction: Rs 100,2 milliards, dont Rs 88,1 milliards d’emprunts, contre Rs 91,1 milliards à septembre de l’année dernière
— Global Business Sector: Rs 56 milliards, dont Rs 54,5 milliards sous forme de Financing in Foreign Currencies à Maurice, contre Rs 50 milliards il y a un an
— Services financiers: Rs 47,5 milliards contre Rs 41,3 milliards en septembre 2017
— Tourisme: Rs 45,8 milliards contre Rs 42,9 milliards il y a un an
— Commerce: Rs 34,5 milliards contre Rs 31,9 milliards et
— Ménages: Rs 31,1 milliards, dont Rs 24 milliards de prêts, contre Rs 28,9 milliards en septembre de l’année dernière.

En guise de flèche du Parthe, l’Economic Update du MCB Group, tout en saluant la baisse dans le taux de chômage à 6,9% cette année et encore plus en 2019, affirme que “the labour market remains engulfed in rather challenging territories”, avec notamment “the female participation rate standing at a more worrisome rate of 45,7% and male youth unemployment rate increasing to 25,7% compared to 19,8% for the second quarter of last year”.

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