ENJEU: Ces enquêtes à rebondissements !

Depuis plus d’une année, des enquêtes à rebondissements passionnent l’opinion publique. L’une d’entre elles, en l’occurrence celle portant sur des allégations de pédophilie contre un ancien instructeur du Mauritius Institute of Training and Development (MITD), devra connaître un autre revirement dans les prochains jours. Les indications sont que le Central CID a déjà bouclé ce dossier ouvert il y a bientôt quinze mois avec une déposition consignée par la ministre de la Sécurité sociale, Sheila Bappoo, contre le leader du MSM, Pravind Jugnauth, suite aux commentaires de celui-ci dans le sillage de l’affaire du téléphone cellulaire de Nandanee Soornack. Une autre institution publique, la Tertiary Education Commission, défraie la chronique avec la série de scandales allant de l’Eastern Institute of Integrated Learning and Management (EEILM) du Jeetah Trust au DY Patil Medical College, qui a Raj Bappoo, l’époux de la ministre de la Sécurité sociale, en tant que directeur. Mais le dernier accord signé par la TEC avec l’University Grants Commission (UGC) de l’Inde n’est pas pour arranger le cas des instituts d’enseignement supérieur affiliés à des universités indiennes. Quasiment, aucun de ces cinq cas dénoncés ne se qualifie sous les nouvelles conditions. Pourtant, la TEC n’a pas encore agi, préférant faire la sourde oreille dans la conjoncture. En dernier lieu, le dénouement dans le meurtre de Barthélemy Azie, âgé de 17 ans, commis le 1 er août 1999, se jouera en début de semaine à Port-Mathurin, avec la convocation du Chief Investigating Officer, l’inspecteur Rajesh Moorghen, suite à des allégations de forgery contre des enquêteurs dans un autre volet extrêmement délicat de ce dossier.
Les conclusions de l’enquête du Central CID dans l’affaire des allégations de pédophilie formulées contre un ancien instructeur du MITD, Narain Chedumbrum, jugé très proche  du ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree, devront alimenter de nouveau la polémique autour de cette affaire. À ce jour, des témoins, plus particulièrement la psychologue du MITD, Pascale Bodet, et un enseignante de cette même institution, Sudha Singh, dont la version des faits à la police découlent des confidences faites par la victime, une adolescente et étudiante, sont déjà sous le coup d’une inculpation provisoire de fausses dénonciations.
Toutefois, le principal concerné, Narain Chedumbrum, n’a été rattrapé que par une affaire de tentative de pervertir le cours de l’enquête, suite à des accusations portées par son ancienne épouse, Sweety Preetee Chedumbrum. Cette dernière avait accusé l’ex-instructeur du MITD d’avoir exercé des pressions sur elle en vue de se rétracter au sujet de la teneur d’un affidavit, juré en décembre 2012, faisant état de ses déboires conjugaux.
Après presque quinze mois d’enquête dans ce scandale allégué, le Central CID ne serait pas parvenu à établir des preuves pour soutenir un prima facie casede pédophilie contre cet ancien instructeur du MITD. S’appuyant sur les faits versés dans le dossier à charge, l’Office of the Director of Public Prosecutions (DPP) pourrait conclure à un no case to answerau nom de Narain Chedumbrum.
Unrebutted evidence
Des limiers du Central CID affirment ne pas détenir de dénonciations formelles de la part de la jeune étudiante victime pour accréditer la thèse de relations sexuelles avec l’ex-instructeur du MITD lors des passages à un pensionnat de Bonne Terre. L’examen médical n’aurait, semble-t-il, pas permis aux enquêteurs d’obtenir les unrebutted evidencenécessaires pour une inculpation. Néanmoins, à ce stade des procédures, le bureau du DPP détient encore le pouvoir de retourner le dossier au Central CID en vue d’élucider des zones d’ombre ou encore d’approfondir des pistes après un examen de toutes les dépositions enregistrées.
À ce stade l’imbroglio de l’affaire de pédophilie alléguée au MITD se complique davantage. En effet, une des recommandations soumises à l’attention du DPP concerne des poursuites au pénal pour le délit de dénonciations fausses et malicieuses contre les deux anciens cadres du MITD Pascale Bodet et Sudha Singh, mais également contre le leader du MSM et ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances.
Lors de leurs interrogatoires dans les locaux du Central CID et en présence de leurs conseils légaux, Pascale Bodet et Sudha Singh ont soutenu qu’elles avaient été approchées par l’étudiante-victime, qui aurait fait des confidences au sujet de ses relations intimes présumées avec Narain Chedumbrum. Sudha Singh avait même produit à la police une série d’enregistrements de conversations avec la jeune fille pour justifier le bien-fondé de sa démarche en tant que membre du personnel soucieux du bien-être des étudiants.
De son côté, Pravind Jugnauth pourrait se retrouver dans une posture compromettante dans ce dossier sur la base de sa déposition-marathon du 3 janvier 2013 au Central CID. Lors de cet interrogatoire en présence de son homme de loi, Me Roshi Bhadain, il avait dressé la chronologie de cette affaire qui avait pour genèse une Private Notice Question du leader de l’opposition, Paul Bérenger, adressée au ministre Bunwaree lors de la séance parlementaire du samedi 17 novembre 2012.
Cover-up
Après les échanges acrimonieux au sujet d’un éventuel cover-upau sein de l’hémicycle, les choses devaient en rester là. Au moins jusqu’à ce que n’éclate l’incident du téléphone cellulaire de Nandanee Soornack — cette activiste rouge devenue encore plus célèbre avec son notoire gagging order— lors du décompte des voix pour les dernières élections municipales dans un des centres de dépouillement de la ville de Vacoas-Phoenix au début de décembre 2012. La saga Nandanee Soornack servira de détonateur au scandale de pédophilie alléguée au MITD.
Réagissant à une prise de position de la ministre Bappoo en faveur de Nandanee Soornack deux jours après, soit le 21 décembre 2012, Pravind Jugnauth s’appesantira sur le fait que « kan tifi 15 an pé violé par profeser dans lékol et ki fam profeser la vinn dir: mo mari li obsédé sexuel, kot Madam Bappoo ek konsor ? ( ) Zot protez gouvernma pédofil, enn gouvernma sadik, enn gouvernma ki pé propaz kiltir Macarena  »
Le même jour, la ministre Bappoo avait donné au poste de police de Beau-Bassin une déposition à charge contre Pravind Jugnauth au sujet de cette affaire qui a vu le leader du MSM être convoqué d’urgence aux Casernes centrales pour interrogatoire under warningle 26 décembre 2012. Finalement, cet exercice débutera au matin du 3 janvier 2013 pour prendre fin aux petites heures du matin du 4.
Dans cette déposition, Pravind Jugnauth déballera les dessous du cas de pédophilie alléguée au MITD, dont des détails puisés du rapport de la psychologue Pascale Bodet à l’effet que la jeune victime avait fait état de relations sexuelles avec l’ancien instructeur en pas moins de huit occasions au pensionnat de Bonne Terre à partir du 2 juillet 2011,
— des relations étroites entre Narain Chedumbrum et le ministre Bunwaree et le recrutement du premier nommé en tant que Physical Instructor au MITD à partir du 2 août 2010, soit après les dernières élections générales,
— des échanges de sms et d’appels téléphoniques entre l’ancien instructeur du MITD et la ministre Bappoo entre juin 2011 et octobre 2011, et Pravind Jugnauth soutenant au Central CID « all this clearly shows that Mr Narain Chedumbrum was intricately close to Minister Bappoo and establishes the motive of Minister Bappoo for making the present complaint »,
— des détails des messages obscènes échangés entre l’ancien instructeur du MITD et la jeune étudiante,
— des extraits de l’affidavit de l’épouse de Narain Chedumbrum à l’effet que le ministre Bunwaree aurait déclaré à l’intention de l’ancien instructeur du MITD que « mo tendé to pé fer mové garson avec enn zélev. To pas pé vinn lakaz tou sa. Si to pou fer koumsa mo pou transfer twa ek mo pou suivre twa de près »et
— aussi les différentes dépositions de Sweety Preetee Chedumbrum, au moins trois portant les références OB3598/11, OB3742/11 et OB 5020/11, accusant son époux d’avoir des relations sexuelles avec une fille de 14 ans et poussant Pravind Jugnauth à affirmer que, « in the light of the evidence mentioned, it is clear that the police has chosen to be willfully blind in this case ».
En tout cas, l’éventualité de procès devant la Cour intermédiaire instruit contre Pravind Jugnauth, Pascale Bodet et Sudha Singh aura pour conséquence d’étaler au grand jour les détails cachés de la polémique autour de ces allégations de pédophilie impliquant un ancien instructeur du MITD, dossier qui avait pris de la poussière dans l’opinion publique depuis ces derniers mois.

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