ENQUÊTE EN DIRECT ET DIMANCHE CULTURE : « L’une me fait tenir l’autre » affirme Finlay Salesse

Le  dimanche 13 décembre, Dimanche Culture, émission culturelle présentée par Finlay Salesse sur Radio One,  a fêté son 300e numéro. Un direct qui a commencé exceptionnellement à 10 heures, à l’hôtel Hennessy Park. Dans une rencontre avec Le Mauricien en marge de cette célébration, le journaliste évoque les moments forts de l’émission qui l’ont marqué. Connu aussi pour son émission « Enquête en direct », qui d’ailleurs, dit-il, a fait sa notoriété, Finlay Salesse affirme que « l’une me fait tenir l’autre ».
Engagé dans deux univers quasi opposés, dans l’un depuis 13 ans, dans l’autre depuis cinq ans, le journaliste est catégorique : « Enquête en direct, c’est toutes les misères du monde alors que Dimanche culture, c’est tous les bonheurs du monde même si parfois les univers qu’on fréquente dans les livres sont plus glauques et plus angoissants qu’Enquête en direct. On respire, c’est une fenêtre ouverte sur une multitude d’univers ». Des univers qu’il ne souhaite toutefois pas garder pour lui tout seul : « J’essaie de les partager avec tout le monde ».
Cependant, c’est en toute humilité que Finlay Salesse, semaine après semaine, tente de résoudre les problèmes quotidiens des Mauriciens avec succès parfois, par d’autres non. Mais pour lui, « donner du bonheur à une personne est énorme ». Comme lorsqu’il a pu, avec le soutien des volontaires, arriver « à faire construire une maison pour des gens qui n’ont peut-être jamais pensé à en avoir une ».
Si Enquête en direct a démarré avec l’avènement de la radio privée, sur Radio One, il y a 13 ans, c’est en 2010 que Finlay Salesse propose « Dimanche Culture » qui vient succéder à « Sous la varangue », animé à l’époque par Claude Cziffra mais avec un horaire différent. « Il faut rendre hommage à Claude qui avait commencé une émission culturelle à 22 heures ». Pris par l’actualité, il n’avait plus le temps de le faire et lorsque Finlay Salesse propose de remplir ce créneau 11 heures-12 heures les dimanches par une émission culturelle, il se souvient « tout le monde a hurlé ». « Aucune émission culturelle n’est acceptée avec enthousiasme sauf par ceux qui sont amoureux des livres », dit-il.
Ainsi, démarre cette émission. Malgré l’angoisse quasi hebdomadaire que ressent le journaliste, il arrive toujours à trouver des sujets, entre cinq et six personnes interviewées par émission, ce qui lui ramène à plus de 800 interviewés dans différents secteurs artistiques dont un grand nombre littéraire. « Ce qui fait le succès de l’émission, note-t-il, c’est les grosses pointures qui reviennent comme Patrick Poivre d’Arvor, Olivier Poivre d’Arvor, Tatiana de Rosnay, Claire Castillon ».
Beaucoup d’auteurs français ou francophones ? C’est une perception, mais en même temps, il y a beaucoup d’auteurs mauriciens qui écrivent en français et qui reviennent, dit-il en citant quelques-uns des plus connus et édités en France : Ananda Devi, Natacha Appanah, Amal Sewtohul entre autres. Pour interviewer les écrivains anglo-saxons ou les Mauriciens qui écrivent en anglais, « c’est la croix et la bannière », dit-il. Selon notre interlocuteur, ceux-là sont plus disponibles. « Les éditeurs en France m’envoient les livres et m’arrangent des interviews plus facilement ». Est-ce que ces livres sont disponibles sur le marché par la suite ? Souvent, des librairies font venir les livres ou le journaliste lui-même en parle aux libraires.
Cependant, souligne-t-il, « on risque ni d’être blasé, ni avoir la grosse tête parce qu’on partage l’univers des autres ». Une intimité exprimée à la fois dans les livres et lors des interviews. « Ces gens te ramènent à ta juste mesure quand tu apprends le chemin qu’ils ont parcouru ».
De Dimanche culture, Finlay Salesse conte des anecdotes mémorables comme sa rencontre avec Stéphane Hessel. « Pour tout ce qu’il représente : son combat permanent ». Alors qu’il le connaissait de réputation, lors de l’interview, M. Salesse ne pouvait s’empêcher de lui poser la question sur le film « Jules et Jim » de François Truffaut : un ménage à trois inspiré de la vie de sa mère. Il m’a répondu que cela ne pouvait être autrement et de quelqu’un d’autre que moi.
Ségolène Royal, Daniel Cohn-Bendit, un soixante-huitard comme lui, mais qui a « fait de son rêve un cauchemar dans la même émission », Bernard Pivot… ce sont autant de grands moments dont parle l’animateur. Son regret : n’avoir pu interviewer Jacques Chancel qui présentait l’émission radiophonique Radioscopie ou encore Jean d’Ormesson qui est souffrant ces jours-ci et qui vient de sortir son dernier livre.
Outre les écrivains, Finlay Salesse accueille aussi des artistes et des photographes sur son plateau. L’un des derniers photographes était Philip Lim, un Mauricien établi au Canada.
Cependant, une de ses plus belles rencontres fut celle d’avec un homme, à l’allure un peu sale, qu’il croyait venait lui parler d’un problème et il lui a dit : « Dimans kiltir la, mo pa compran nanye, me mo fors mo bann zenfan pou ekout ou tou les dimans ». Une raison suffisamment forte pour motiver encore plus le journaliste animateur à poursuivre son émission.

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