ENTRE “LAND AS A GIFT” ET “LAND AS A STEAL” : Les terres, les taxes, les projets Illovo, Jin Fei et Neotown

Comme le débat sur le deal Illovo occupe de nouveau l’actualité douze ans après, il est utile de revenir sur le contexte et également d’autres projets dont on nous avait vendu le même côté providentiel et qui ne se sont pas matérialisés. Mais nous n’allons pas remonter jusqu’à 1987 lorsqu’une compagnie du nom d’Albion Investments dont les directeurs étaient Navin Ramgoolam, Deva Virahsawmy et Farouk Hossen avait obtenu 94 arpents de Pas Géométriques à Albion pour la construction d’un centre de thalassothérapie, projet qui n’a jamais vu le jour et qui a ensuite été cédé au Groupe Fon Sing.
1998 : Lonrho vend ses activités, terres, usines, etc à Illovo. C’est le Premier ministre Navin Ramgoolam qui autorise cette transaction privée et c’est son gouvernement qui exempte les promoteurs d’une taxe à hauteur de Rs 200 millions. Aucune contrepartie et « même pas un pot de terre » obtenu comme l’avait si savoureusement lancé Veda Baloomoody à l’Assemblée Nationale dans ses envolées et ses exagérations habituelles.
2001 : Illovo vend ses actifs. Le gouvernement MSM/MMM est saisi du dossier, c’est un consortium public-privé qui les rachète. Toutes les conditions de l’accord sont rendues publiques. Le deal couvre 10,600 arpents de terres dont 3,600 pour l’État, 7,000 pour le Sugar Investment Trust-organisme créé par SAJ/Sithanen en 1994 et qui avait été qualifié de « vie feray » par le PTr. Sur les 3,600 arpents de l’État, 3,000 proviennent des terres de Highlands, 150 arpents à Ébène et 450 arpents à Plaisance, les deux dernières acquisitions étant au prix symbolique de R 1. Autant dire cadeau. Les 7,000 arpents sont, eux, achetés à Rs 125,000 l’arpent. Ce qui est inférieur à leur valeur réelle. Dans le reste du deal, il y a le SIT et le NPF, ce dernier réalisant après une année une plus-value de Rs 180 millions. Si Paul Bérenger alors vice-Premier ministre et ministre des Finances parle de « mari deal », le Premier ministre, Sir Anerood Jugnauth, lui, parle de « godsend » bénéfique au pays. Et ce, bien qu’il y ait une polémique sur les exemptions fiscales accordées.
2002 : les terres obtenues sont très vite mises à profit pour des développements multiples, ICT, collèges, etc. Plusieurs nouveaux organismes sont créés pour gérer cette manne foncière : Business Parks of Mauritius dont le premier président n’est autre que Dev Manraj et la State Land Development Company. A Ébène, une première cybertour est construite puis une seconde compte tenu de la demande pour des centres d’appels et des activités d’externalisation. C’est le premier pôle d’emplois massifs col blanc jamais réalisé pour la jeunesse de Maurice.
Le premier occupant dès 2004 n’est autre qu’un proche d’Amédée Darga, Jean Suzanne qui y implante son Infinity avant de devenir le conseiller spécial de Navin Ramgoolam.
Les autres premiers bénéficiaires des terres d’Ébène : le Ramnath Jeetah Trust qui y installe son université EIILM, les Bhunjun qui construisent un hôtel le Sheraton après la Voile d’or à Bel Ombre. D’autres leur emboîteront le pas, la International Financial Services de Couldip Basant Lala, Dev Joory et Milan Meetarbhan qui a été remplacé à la tête de cette entité par Rama Sithanen.

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