ENTREPRISE – GLORY PLASTIC INDUSTRY LTD : Trois décennies au service de l’industrie mauricienne

Il y a longtemps, Rajdeo Haronia, habitant de Mare Tabac, passionné par la notion du business et de l’entrepreneuriat, a créé son propre emploi en mettant sur pied une petite entreprise de fabrication de produits en plastique utilisés dans l’industrie locale. Employant deux autres personnes, il déclare : « Nous créons nos propres salaires, notre propre boni de fin d’année et nous construisons notre propre avenir ».
La Glory Plastic Industry Ltd est née, dans les années 90, à partir d’une idée de Rajdeo Haronia, fraîchement issu du collège, qui voulait fabriquer des stylos, après avoir entendu maints discours sur le business et l’entrepreneuriat. À cette époque, il y avait la Small Industry Development Organisation (SIDO), émanant du ministère de l’Industrie, qui offrait des cours de formation aux jeunes chômeurs dans le domaine. Rajdeo Haronia ne s’est pas fait prier pour se joindre à cette formation. « J’avais vraiment envie de me lancer dans le business et je suis allé suivre ce cours animé par des experts indiens à Réduit. J’ai parlé de mon projet de fabrication de stylos à la SIDO ; on m’a mis en contact avec un autre entrepreneur qui vendait une machine manuelle qui fabriquait des stylos. Mais, celle-ci était vieille et démodée. On m’a alors proposé de fabriquer d’autres choses, telles des lacets qui sont utilisés dans les matelas », raconte-t-il. Il a vite démarré sa petite entreprise, après avoir contracté un emprunt auprès de la Banque de Développement (DBM) avec lequel il a acheté deux machines à fabriquer plusieurs items, dont des bouchons de table, des garnitures pour meubles, des anneaux et crochets pour rideaux, des casquettes pour chaises et tables, des pinces à linge, entre autres items en plastique. Aujourd’hui, il fabrique une centaine de ces items qu’il vend sur le marché local.
Rue Royale, Port-Louis
Au début, Rajdeo Haronia ne savait pas comment approcher les commerçants pour vendre ses produits. Des gens lui ont dit de se rendre à la rue Royale, à Port-Louis, où se trouvent de nombreuses quincailleries. « Je ne savais pas comment faire le marketing de mes produits, j’hésitais à en parler aux propriétaires de magasins et à leur montrer mes produits. C’était très difficile à les vendre. Mo dir zot SIDO ki finn avoy mwa », se souvient-il. Il a pu, ainsi, rencontrer des « wholesalers » et aussi des métalliers qui fabriquaient des chaises et des tables en métal. Le projet « stylo » est ainsi tombé à l’eau et il a commencé à fabriquer des petits items en plastique pour les quincailleries. « Je copie sur des produits étrangers, car nous n’avons ni l’expertise, ni la technologie à Maurice. Je travaille d’après les demandes de nos clients. Chaque semaine, j’ai besoin de cinq sacs de 25 kg de matière première », dit-il.
Nous sommes en 1990 et le boom industriel aidant, des quincailleries ont commencé à lui commander environ 500 unités de ses différents produits qu’il livrera en autobus. De Mare-Tabac à Curepipe et de là à Port-Louis, il transportait des gros sacs en autobus et marchait de la gare Victoria à la rue Royale, afin d’assurer la livraison de ses produits. Un trajet qu’il fera pendant sept à huit ans jusqu’à ce qu’il achète une fourgonnette. Il a aussi utilisé les services de camions qui transportaient des marchandises et sur Port-Louis. « C’est comme si je m’étais jeté en mer et que je devais nager pour s’en sortir. J’avais le fighting spirit et donc, cela m’a encouragé à lutter pour survivre et finalement imposer ma petite entreprise au sein de l’industrie mauricienne », dit-il.
Treize ans plus tard, en 2013, il a créé une compagnie afin de bénéficier des avantages auprès d’Enterprise Mauritius « car l’économie devenait morose à Maurice e travay la ti lent, et je voulais exporter mes produits ». Il a ainsi participé à des foires internationales où il a constaté qu’il pourrait honorer les commandes s’il en obtenait. Il veut exporter sur Madagascar où il a déjà fait un essai en 2016 à travers une autre entreprise mauricienne. L’essai a été concluant et Rajdeo Haronia espère que les choses vont se préciser bientôt mais il doit, avant tout, s’assurer d’avoir un client sûr dans ce pays.
Investissements et compétition
Pour développer son entreprise afin de pouvoir exporter, Rajdeo Haronia a besoin d’investissements. « J’ai déjà une base sur le marché local ; si des nouveaux items se présentent, il me faudra investir dans de nouvelles machines qui pourraient me coûter environ Rs 100 000. C’est énorme, d’autant plus que nous devons faire face à une compétition étrangère farouche de la part de la Chine et de l’Inde. Les produits indiens et chinois sont plus compétitifs que les nôtres, même si la qualité n’est pas fameuse. Ils inondent le marché avec leurs produits et les clients me disent “pou ou la pli ser”. Nous ne pouvons faire autrement. Il me faut avoir une bonne capacité de production pour pouvoir exporter. Sinon, nou pa pou kapav », déclare notre interlocuteur, qui ajoute : « Il n’est pas facile d’obtenir des prêts bancaires ; j’attends un loan depuis un an pour acheter de nouvelles machines ». Il veut agrandir son entreprise mais les investissements lui font défaut. D’ailleurs, la SMEDA lui a proposé un nouvel emplacement du côté de Rose-Belle pour développer son entreprise. Il est intéressé car là où son entreprise se trouve actuellement, à SSR Road, Mare-Tabac, elle est un peu à l’étroit.
Rajdeo Haronia entrevoit aussi un problème de main-d’oeuvre bientôt dans le domaine industriel. Auparavant, indique-t-il, certains jeunes venaient apprendre le métier dans son atelier. D’ailleurs, ses deux ouvriers actuels travaillent avec lui depuis très longtemps. « Je ne trouve pas de jeunes dans ce métier. Ils veulent tous avoir un emploi dans le service public, me komye travay gouvernman kapav kre ? Il nous faut développer nos idées et créer notre propre entreprise. J’ai créé mon entreprise et j’ai donné de l’emploi à deux autres personnes. Nous faisons vivre trois familles », souligne-t-il.
A 53 ans, Rajdeo Haronia dit aimer son métier « ki finn vini par li mem ». « C’est le destin qui l’a voulu ainsi. Je pense que c’est pareil pour nous tous. J’ai trouvé mon bonheur dans ce métier ».

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