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eSport : le nouvel eldorado

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eSport : le nouvel eldorado
Photo d'illustration

FIFA, NBA… Le sport électronique est en plein essor. Mais pas seulement sur les consoles de salon entre joueurs, car l’eSport a pris une dimension médiatique. Désormais, les joueurs s’affrontent devant d’autres passionnés, qui se contentent de les regarder. Raison pour laquelle les plates-formes internet et autres chaînes télé se battent aujourd’hui pour conquérir ce nouvel eldorado.

Avec l’explosion du phénomène eSport ces cinq dernières années, les chaînes de télévision regardent avec appétit un marché souvent jeune et très engagé et n’hésitent plus à venir en concurrence frontale avec les plates-formes historiques de diffusion que sont Twitch et YouTube. Twitch, c’est la référence du genre, rachetée en 2014 par Amazon et désormais incontournable sur la retransmission en direct de la plupart d’eSport, des compétitions de jeux vidéo. Un marché sur lequel lorgne depuis longtemps également YouTube, filiale de Google, plus généraliste et spécialiste des vidéos montées.

“Twitch est une plate-forme de diffusion en direct, ce n’est qu’une petite partie de ce qu’est notre propre marché”, convient Ryan Wyatt, directeur monde de la division Gaming pour YouTube, qui était présent au récent salon professionnel eSports Bar, qui se tenait à Cannes. “On a sur le Web ce qui existe déjà pour la télévision avec, d’un côté, les chaînes thématiques et, de l’autre, les généralistes”, explique Laurent Michaud, directeur d’études pour le centre de réflexion Idate. Mais Twitch “s’impose dans le temps comme le leader naturel”, où les organisateurs ou les joueurs vont proposer leurs compétitions par défaut.

“Globalement, ces plates-formes en ligne basent leur monétisation sur deux leviers : la publicité et la souscription. Pour autant, elles doivent se battre sur des marchés très concurrentiels. Et dans tous les cas, cette monétisation reste l’un des principaux défis à l’avenir”, rappelle Jorge Bujia, manager principal chez Deloitte, en charge du sport. Certains acteurs internet n’hésitent cependant plus à débourser pour attirer des compétitions, à l’image de Facebook qui tente d’imposer son service Watch, en concurrence de Twitch et YouTube, avec la signature d’un accord avec ESL (ESports League), l’un des principaux organisateurs européens.

“Tout est accéléré dans l’eSport par rapport aux sports traditionnels. On peut voir une inflation très rapide de ces droits dans les deux-trois ans qui viennent”, pense Laurent Michaud. D’autant que le géant américain n’est pas le seul à lorgner ce marché : la télévision traditionnelle commence également à s’y pencher, voyant un bon moyen de ramener à elle les plus jeunes, qui ne la regardent plus.

Ramener les jeunes vers la télé.

Les chaînes en sont convaincues, elles peuvent être une porte d’entrée intéressante pour amener de nouveaux publics à s’intéresser au eSport. “Il ne faut pas oublier qu’avec la télévision, beaucoup de gens passent d’une chaîne à l’autre et peuvent tomber par hasard sur du eSport, quand ils ne trouveraient jamais le chemin pour aller regarder une compétition de FIFA sur Twitch par exemple”, souligne Stefan Zant, directeur exécutif de la chaîne allemande ProSiebenSat.1 Sport, qui était également présent au eSports Bar. “Les audiences pour l’eSport sont, à titre de comparaison avec les moyennes de la chaîne, plutôt bonnes. Nous réfléchissons à élargir nos diffusions consacrées au eSport”, estime-t-il.

ESPN, la chaîne sportive du groupe Disney, a toutefois essuyé une déconvenue avec la finale de l’Overwatch League l’année dernière, qui n’a attiré qu’environ 350,000 spectateurs, contre en moyenne 1,7 million pour une rencontre de saison régulière de NBA. “Pour les chaînes, la difficulté est de savoir quand y aller : trop tôt, elles sont certaines de rater leur coup, mais, trop tard, elles ratent carrément le coche. Par ailleurs, elles ont pour l’heure tellement investi sur les sports traditionnels qu’elles n’ont que peu de moyens pour l’eSport, tant en droits qu’en temps d’antenne”, détaille Vincent Chaudel, fondateur de l’observatoire Sport Business.

Jorge Bujia en est pourtant persuadé. “Les chaînes vont jouer un rôle important dans le développement du secteur. Des diffuseurs de référence, comme ProSieben en Allemagne, la BBC ou Sky au Royaume-Uni, travaillent fortement sur les contenus autour de l’eSport.”

À écouter tous les acteurs cependant, l’heure n’est pas à la concurrence mais bien au travail d’équipe pour attirer toujours plus de spectateurs vers l’eSport. “Pour l’instant, les diffuseurs ont tout intérêt à aider l’eSport à se structurer au maximum s’ils veulent en profiter. Ensuite, on trouvera toujours quelqu’un pour diffuser quand le contenu aura de la valeur. Là, la guerre commencera sur les droits de diffusion des compétitions”, insiste Vincent Chaudel.