Etats-Unis : Trump fait de sa taille un argument de campagne

Quand Donald Trump rabaisse (littéralement) ses ennemis en se moquant de leur stature, il fait de sa taille une arme et rappelle qu’en politique américaine les grands ont tendance à gagner.

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Le président américain, qui ferait 1m90, raille régulièrement la taille du candidat démocrate Michael Bloomberg, dont le certificat médical évalue la taille à 1m70.

Mais dans ses tweets et interviews, M. Trump lui enlève bien 10 centimètres, affublant cet autre milliardaire new-yorkais – qui est bien plus riche que lui – du surnom peu flatteur de « mini Mike ».

Il a aussi appelé de nombreux élus « petit », alors qu’ils ne l’étaient même pas. Il avait également semblé très vexé lorsque le sénateur républicain Marco Rubio avait attaqué la taille de ses mains (jugées petites) lors de la primaire de 2016, ce qui l’avait poussé à déclarer qu’il n’avait « aucun problème » de taille.

« Ce n’est pas typique de ce que font les présidents », explique Gregg Murray, professeur de sciences politiques, qui a étudié le rôle de la taille dans le vote des Américains.

Jouer sur sa stature peut être une arme comme une autre en période d’élection – une stature plus imposante pouvant refléter plus de force – mais Donald Trump a une manière bien à lui de le faire, ajoute cet enseignant à l’université d’Augusta, en Géorgie.

Les derniers présidents (Barack Obama, George Bush et son fils, Bill Clinton et même Ronald Reagan) mesuraient tous plus d’1m80 et le sujet semble intéresser le public.

Lors d’un débat de la primaire en 2016, une des principales recherches sur Google ne portait pas sur le programme mais sur la taille d’un des candidats républicains (Jeb Bush, fils et frère de dirigeants. 1m90, si vous vous demandiez).

« C’est largement prouvé que les personnes grandes ont plus de chance d’avoir un poste plus important dans une organisation », peu importe le pays, explique Abraham Buunk, un universitaire néerlandais qui a écrit une étude en 2013 sur la taille des présidents américains.

Selon son étude, « l’avantage des grands candidats est sans doute une affaire de perception: les présidents plus grands sont notés par les experts comme de ‘meilleurs’ présidents et comme ayant plus de leadership et de talents de communication. »

M. Buunk explique que l’idée d’étudier cet aspect de la vie des présidents américains lui est venue quand un universitaire canadien – qui se croyait grand – est venu en échange aux Pays-Bas et « s’est senti plutôt dans la moyenne ».

« Nous avons décidé d’examiner les effets psychologiques de la taille, à commencer par la jalousie », a-t-il précisé à l’AFP.

– Avantage aux grands? –

Selon les recherches de Gregg Murray, les élections américaines entre 1789 et 2012 – où ne se sont présentés que des hommes – le plus grand des deux candidats l’a emporté 58% du temps. Et 67% des fois, il a remporté le vote populaire.

« Les hommes grands, en général, se pensent mieux qualifiés que les autres pour diriger et ont donc tendance à plus se mettre en avant », analyse-t-il.

Les femmes généralement plus petites que leurs rivaux masculins sont handicapées, développe-t-il, puisqu’elle n’ont pas l’air « physiquement impressionnante », alors que les électeurs recherchent souvent des candidats hors norme.

Cette année, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren se démarque grâce à son mètre 72, plus grand que la moyenne des femmes.

Mais il existe des exceptions. Le jeune démocrate modéré Pete Buttigieg ne semble pas, pour l’instant, être handicapé par sa taille plus basse que la moyenne des hommes américains (1m75).

Et les chiffres peuvent mentir. Les 190 centimètres revendiqués par Donald Trump pourraient être exagérés de deux centimètres, si on en croit son passeport.

Les photos des débats républicains 2016 le montraient par exemple clairement plus petit – de peu, mais quand même – que Jeb Bush.

dw/leo/chp/cn

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