Excès de liquidités : le casse-tête hante encore la BoM Tower

Le Fonds monétaire international (FMI) fait de la modernisation du Monetary Policy Framework un des thèmes majeurs du programme de réforme pour l’intégration dans la high-income economy league dans les dix ans à venir. Toutefois, les observateurs sur le plan économique ne peuvent s’empêcher de tirer la conclusion que les commentaires de la mission Amadou Sy constituent un drôle de sending-off de l’actuel gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, dont le contrat arrivera à terme le 25 décembre. D’autres parlent d’un carton rouge à la Banque centrale dans la gestion de la politique monétaire vu que le rapport mentionne que « conduct of monetary policy does not appear to be in line with international best practice. » Reléguons au second plan les querelles de clocher pour se concentrer sur un problème chronique, soit les excédents de liquidités dans le circuit bancaire.

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La coïncidence a voulu que la publication du rapport annuel de la Banque de Maurice aura précédé de 24 heures celle de l’Article IV Consultations Report du FMI. À la page 44 de son rapport annuel, la Banque centrale révèle que « the average excess reserves held by banks varied in a range of Rs 5,5 -17,9 billion in fi nancial year 2015/16, compared to Rs 5,6-12,6 billion in 2015/16. » Une confi rmation de l’échec des mesures adoptées en vue de résoudre ce problème.

Ce n’est nullement un hasard de voir le FMI tirer la conclusion que « the functioning of the Bank of Mauritius’ operational framework is hindered by excess domestic currency liquidity in the money market. » La raison principale se situe au niveau de « liquidity accumulated over the past few years, mostly due to the conversion of government’s external borrowing into domestic currency, and to the accumulation of reserves through unsterilized intervention. » Le FMI remet en perspective les mesures prises depuis avril 2015 en vue d’éponger ces excédents de liquidités par l’entremise de Bank of Mauritius Bonds et autres Treasury Bills de même que des interventions sur le marché de change.

« However, excess liquidity has recently been on the rise. The buildup in excess liquidity over the years has handicapped the interest rate transmission channel of monetary policy », regrette le FMI, en soulignant que « excess liquidity remains high as the BOM continues to intervene in the foreign exchange market with a view to stabilizing the rupee and building-up foreign exchange reserves. Despite increased efforts by the BOM since March 2015 to sterilize excess liquidity, it remains high and it continues to thwart the monetary policy transmission mechanism. Sterilization efforts by the BOM do not fully offset domestic liquidity injection that stems from foreign exchange interventions. Concerns about sterilization costs of removing liquidity. » Un des facteurs inhibitifs à la stérilisation de cet excédent de liquidité demeure le coût, la Banque centrale se confortant dans une « passive liquidity management strategy », même si d’autres mopping-up instruments sont disponibles.

Réformes en profondeur

L’excédent de liquidités dans le circuit bancaire n’est pas le seul passif au bilan de la Banque de Maurice. Pour le gouverneur de la Banque centrale, la critique du FMI devait être assez sévère vu qu’à la page 16 et au paragraphe 11 du chapitre sur la modernisation du cadre de la politique monétaire, mention est faite que « despite efforts to improve its monetary policy framework, Mauritius does not appear to abide by most of the core principles that characterize an effective monetary policy framework », ou encore « despite a track record of single-digit infl ation in recent years, the conduct of monetary policy does not appear to be in line with best intrnational practice. »

En vue de rectifier le tir et placer la Banque de Maurice sur orbite, le FMI propose des mesures sur cinq plans, à savoir « clarity regarding monetary policy objectives, having an explicit or implicit inflation objective to anchor infl ation expectations, putting in place an effective operational framework, and articulation and communication of the monetary policy framework. » Parmi les autres faiblesses relevées, la FMI identifie l’absence d’une « clearly defined inflation objective to anchor expectations » et un « lack of clarity about the role of the exchange rate. »

En tout cas, le FMI précomise des réformes en profondeur au niveau de la Banque de Maurice pour mettre sur pied « an effective monetary policy framework and accelerate the transition towards a forrward looking monetary policy. » Et à la mission d’Amadou Sy de situer l’enjeu en soutenant que « at the moment, the liquidity management framework is not functioning properly. There is a persistent disconnect between the monetary policy stance decided by the Monetary Policy Committee (MPC) and the de facto stance as reflected in the money market due to the persistent structural excess liquidity. Additionally, the overall monetary policy framework is also not well articulated which has the potential to undermine the credibility of monetary policy conduct in Mauritius. »

Du pain sur la planche pour Ramesh Basant Roi, si son contrat est reconduit par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ou, le cas échéant, pour son successeur, probablement son adjoint, Yogendranath Googoolye…

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