EXPO: Interrogations sur la figure féminine

Le Hennessy Park Hotel accueille jusqu’au 12 septembre l’exposition Nodus Tollens, de Chloé Ip. Avec une dizaine d’oeuvres, la collagiste autodidacte propose une série de collages numériques et manuels sur l’évolution de la figure féminine, ou de la dualité de l’espace qu’elle occupe depuis toujours et qui ne changera fort probablement jamais.
Des femmes anonymes avec une partie du visage dévoilé ou aux figures parfaites reconnaissables parmi mille, semblant sortir tout droit de revues de mode — avec parfois un côté vintage que l’artiste affectionne —, les images conçues et travaillées par Chloé Ip ne pourraient laisser le visiteur insensible. Dès le premier abord, le sujet interpelle. Si certaines images peuvent choquer, car loin de la beauté classique à laquelle s’identifie le visiteur d’un premier coup d’oeil, leur esthétisme mérite que l’on s’y attarde, évoquant un certain symbolisme dont seul l’artiste a le secret.
La dimension dérangeante de certaines images est-elle voulue ? « Oui », nous répond Chloé Ip, précisant toutefois, que « ce n’est pas fait dans le but de choquer, mais pour se poser de bonnes questions sur chaque composition ». Ainsi, l’on note, parmi d’autres, cette femme toute de noir vêtue, avec somptueux bijou à la place de la tête. « C’est pour montrer qu’on la met sur un piédestal, mais qu’au bout du compte elle reste sans importance », indique l’artiste. Elle explique aussi celle qui montre plusieurs femmes sans visage. « C’est des clones pour montrer qu’elles sont toutes pareilles, mais à la place du visage il y a des bouts de paysages différents. C’est pour montrer qu’en même temps, elles ont toutes une histoire singulière ».
Chloé Ip fait de la photographie en freelance. Intéressée par l’art depuis toujours, elle s’est mise au collage il y a environ trois ans. « C’est découper des images qu’on voit dans des publications ou même sur internet pour en faire d’autres. Je fais du collage manuel et numérique. Parfois je mélange les deux ». Elle concède avoir beaucoup appris sur internet. « Il existe de nombreux sites qu’on peut consulter pour voir ce qui se fait. L’art du collage avait quelque peu disparu, mais depuis quelques temps il y a un regain d’intérêt parmi les jeunes. Cette technique me permet de créer des univers à l’infini ».
Le thème exploité, la Femme, est une manière pour l’artiste de revenir sur son passé, ou sur ce qu’ont toutes les femmes en commun. « J’évoque les femmes sous plusieurs aspects : les rôles qu’elles ont déjà eus et ceux qu’elles n’ont pas encore eus ». Par exemple, le tableau montrant une femme dans une position centrale et entourée de corbeaux. « C’est une papesse. On voit que même dans cette position, la femme est emprisonnée. Les corbeaux représentent les hommes en religion. Il y a aussi, par exemple, cette femme noire, La vierge noire. C’est du fétichisme, du racisme, tout ce qu’on veut, et ce n’est pas aujourd’hui que cela s’arrêtera », souligne-t-elle.

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