Exportations et sucre les deux maillons faibles

Avec le First Budget Call fixé au 6 avril pour les mi- nistères et départements du secteur public, deux préoccupations majeures émergent sur le plan macroéco- nomique. En fin de compte, le Syndicat des Sucres a dé- cidé de ne plus se voiler la face avec la baisse dramatique du prix de la tonne de sucre aux planteurs, situé dans la fourchette de Rs 11 000 à Rs 11 500, loin du seuil de rentabilité des Rs 17 000 pour la récolte sucrière de 2017. Avec une production potentielle de 350 000 tonnes, les pertes pour l’industrie cannière s’élèvent à environ Rs 1,6 milliard et au sein de ce secteur économique, on commence déjà à se pencher sérieusement sur l’avenir de ce secteur économique compte tenu des conséquences du démantèlement des derniers éléments, de préférence commerciale, pour cette commodité, avec l’élimination par Bruxelles des quotas de sucre sur le marché européen. Un autre secteur qui continue à susciter de graves appréhensions, que ce soit du côté de l’hôtel du gouvernement ou des opérateurs économiques, concerne la performance des secteurs d’exportations.

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D’ailleurs, ce dossier a été l’une des priorités d’un Consultative Workshop résidentiel organisé par l’Economic Development Board (EDB) dans le cadre d’un exercice de brainstorming en marge de la prochaine présentation budgétaire. Du côté du ministère des Finances, le calendrier pour le “Run-Up” budgétaire se pré- cise, la date butoir du 30 avril étant fixée pour la soumission des Budget Memoranda par les organisations patronales, syndicales et de la société ci- vile. À ce titre, le ministère des Finances a identifié dix prin- cipales orientations, invitant du même coup des “innovative ideas and suggestions” pour le prochain budget.

Le montant du prix de la tonne aux planteurs variant au mieux entre Rs 11 500 et, au pire, Rs 11 000 suscite une véritable onde de choc au sein de l’industrie cannière. Le Syndicat des Sucres n’a eu d’autre choix que de confir- mer le prix catastrophe, sous la barre des Rs 12 000, que prévoyaient des spécialistes de même que les opérateurs de l’industrie cannière depuis le début de l’année, et ce en tenant compte de l’évolution du cours du sucre sur le marché mondial. Une première ana- lyse de la situation est que ce prix de l’ordre de Rs 11 000 la tonne se traduira par des pertes sèches de Rs 1,6 mil- liard pour l’économie, soit Rs 1,2 milliard pour les planteurs de cannes et Rs 400 millions pour les usiniers.

Au sein de la communauté des planteurs de cannes, on s’accorde à souligner que le prix de Rs 11 000 est de loin inférieur au seuil de renta- bilité de Rs 17 000, même si certaines sources s’accordent à dire qu’avec un prix de Rs 15 000, soit dans les parages des Rs 15 500 payées pour la récolte de 2016, les planteurs pourront souffler. Toutefois, valeur du jour, le “mood” dans l’industrie cannière est le “Pulling Out” de la canne. D’ailleurs, des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent que le Pulling Out Scenario est évoqué dans des Board Rooms de conglomérats ayant des intérêts dans le sucre « vu que les perspectives de reprise du cours du sucre sur le marché mondial sont bien pessimistes ».

À l’hôtel du gouvernement, on met l’accent sur les délibérations et propositions à venir du Joint Working Group sur le sucre, coprésidé par Raj Makoond de Business Mauritius et le secrétaire permanent au ministère de l’Agro-indus- trie, Vishnu Goodeea. Ce comité a été institué par le gouvernement à la fin de l’année dernière, soit au lendemain de l’élimination des quotas d’exportation de sucre sur l’Europe. Au Syndicat des Sucres, des formules de Bridging Finances, avec des recours à des facilités financières des banques et du Sugar Insu- rance Fund Board, sont élaborées en vue d’apporter un sou- tien aux planteurs de cannes dans la conjoncture en attendant que des solutions à long terme soient validées dans le cadre du prochain budget.

Par ailleurs, à l’assem- blée générale de la Mauritius Export Association demain, où le Premier ministre et mi- nistre des Finances Pravind Jugnauth prendra la parole, les problèmes du secteur à l’exportation devront être à l’ordre du jour. Documentant la performance à la baisse des exportations depuis ces der- nières années, l’Economic De- velopment Board rappelle que la contribution de l’industrie manufacturière est en nette baisse, passant de 16,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2006 à 13,3% au cours de ces dernières années.

Au chapitre de la baisse des recettes d’exportations des Export-Oriented En- terprises (EOE), soit de 8% d’une année à l’autre, des- cendant sous la barre des Rs 45 milliards, l’Economic Development Board soutient que cette situation « découle d’une baisse » dans les expor-

tations. « Textile and clothing, pearls, precious and semi-pre- cious stones whilst the closure of numerous EOEs during the period 2010/16 is mainly due to global competitiveness is- sues », dit-il. L’Economic De- velopment Board maintient que : « Manufacturing in com- paratively middle-income eco- nomies, such as Mauritius, must undergo a profound change to remain globally competitive. »

En marge des préparatifs pour le prochain budget, le ministère des Finances fait un appel au « people from all walks of life, business and trade asso- ciations, professional bodies, trade unions, NGOs, Civil so- ciety organisations and other stakeholders to share with us their views and suggestions on the forthcoming Budget ». Avec la date limite du 30 mars pour la soumission des propositions et suggestions, les autorités ont arrêté les « core features of Government’s development agenda which will be the prio- rities of the 2018/2019 Budget ». Il s’agit de la nouvelle Mau- rice avec une infrastructure moderne, la consolidation des secteurs économiques tradi- tionnels et émergents, tout en « anchoring our economy fir- mly to the digital revolution », le développement d’une classe d’entrepreneurs innovateurs, y compris dans la Blue Economy, l’introduction de Fintech avec Maurice servant de hub pour l’Afrique, une plus grande ou- verture de l’économie vers le monde, des investissements dans la jeunesse, “achieving gender equality”, l’éradication de la pauvreté absolue, “buil- ding a more inclusive and equitable society” et, enfin, l’adoption de politiques et de stratégies de développement soutenable en vue de faire face aux défis du changement cli- matique.

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