Fayzal Bundhun (président de l’Association mauricienne de volley-ball) : « L’African Dream Project est mort et enterré »

En cette année de la 10e édition des Jeux des îles, Fayzal Bundhun soutient que tous les atouts seront mis à la disposition des présélections de volley-ball et de beach-volley dans le cadre de leur préparation. Dans l’entretien réalisé jeudi dernier, le président de l’Association mauricienne de volley-ball (AMVB) confirme ainsi la tenue d’un camp d’entraînement en Thaïlande. Tout en se disant en faveur d’une réintégration des équipes réunionnaises au championnat des clubs de la zone 7, Fayzal Bundhun soutient également que le Centre National de Formation sera bientôt relancé et que les écoles de volley fonctionneront à partir de cette saison. Par contre, il fait ressortir que l’African Dream Project, lancé en février 2016, est bel et bien mort et enterré.

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Fayzal Bundhun, en tant que président de l’AMVB, quels motifs de satisfaction dégagez-vous de la saison dernière ?

Cela a été à mon avis une saison positive, avec notamment un calendrier d’activités respecté et un certain nivèlement de valeurs au niveau des équipes masculines et féminines. C’est ainsi que chez les hommes, trois formations ont lutté jusqu’au bout pour la consécration, alors que les Tranquebar Black Rangers ont bouleversé la hiérarchie chez les dames. Quant à notre sélection féminine -20 ans, elle s’est bien défendue lors du championnat d’Afrique et a même disposé du Rwanda qui, de son côté, s’est qualifié pour les championnats du monde. Notre Directeur Technique National, Zoran Kovacic, a réalisé un travail intéressant et aujourd’hui, nos deux présélections nationales continuent leur préparation en vue des Jeux des îles avec une certaine confiance. Beaucoup a également été investi du côté du beach-volley, et la troisième place d’une de nos paires à un tournoi en Algérie se trouve être une autre source de satisfaction. Je ne saurais aussi passer sous silence le sacre de l’équipe féminine du Quatre Bornes VBC au championnat des clubs de la zone 7, tout en remerciant le Ministère de la Jeunesse et des Sports et Phoenix Bev pour leur support.

Si la consécration du QBVC a été un des hauts faits de la saison, ne trouvez-vous pas cela anormal qu’il aura fallu attendre 22 ans pour qu’une équipe féminine de Maurice puisse décrocher ce sacre et que la Fire Brigade attend un successeur depuis bientôt vingt ans ?

Plusieurs équipes sont passées proches de la consécration. À l’instar du Port Louis Red Star, du Faucon Flacq Camp Ithier VBC, du Quatre Bornes VBC ou des Tranquebar Black Rangers. Il leur a sans doute manqué ce soupçon de chance pour forcer la décision en leur faveur. Les équipes auront donc à redoubler d’efforts, alors que nous sommes prêts à leur apporter notre aide au niveau de la fédération.

Le départ de Prisca Seerungen du QBVC et du giron du volley-ball vous émeut-il ?

Un tel départ est vraiment dommage. Toutefois, je ne connais pas les raisons de ce départ. Reste que cela constitue sans doute un problème interne, et je ne compte pas m’y ingérer.

Concernant ce championnat des clubs de la zone 7, quel regard jetez-vous sur cette polémique entourant la non-participation des formations réunionnaises ?

Sur ce sujet, je dois d’emblée faire ressortir que ni Maurice, ni les Seychelles et ni Madagascar ne sont contre la participation réunionnaise. La faute de cette non-participation revient tout bonnement à la Réunion dont les dirigeants n’ont pas suivi les procédures. Ces procédures stipulent que les différentes fédérations doivent soumettre les noms des équipes participantes au secrétariat de la zone 7. À partir de là, le secrétariat se met en rapport avec le pays organisateur qui s’arrange alors pour l’accueil et l’hébergement entre autres.

Pourtant, un accord avait été signé fin 2017 entre les présidents de la fédération française, de la Ligue réunionnaise et de la fédération malgache

Je me demande si les accords de ce protocole ont été appliqués. Seul, le président de la fédération malgache peut y répondre. Quoi qu’il en soit, les Seychelles auraient refusé de signer ce protocole, tandis qu’aucune sollicitation n’a été effectuée au niveau de Maurice.

En tant qu’ancien volleyeur et entraîneur, êtes-vous en faveur d’une réintégration des équipes de l’île soeur ?

Je suis définitivement en faveur, mais il faut que la Réunion suive les procédures. Il est dommage que toute une polémique a été créée autour de cette non-participation réunionnaise, et que les volleyeurs de l’île soeur soient pénalisés. Il est tellement réjouissant de réunir toute la famille du volley de l’océan Indien dans un esprit de camaraderie. Cela aurait également permis une évaluation à quelques mois des Jeux des îles.

En évoquant les Jeux des îles, comment s’annonce la préparation de nos différentes présélections au cours de ces prochains mois ?

La préparation reprendra à plein régime à l’issue du championnat des clubs de la zone 7, soit à la mi-février. Il est confirmé que les deux présélections participeront à un camp d’entraînement en Thaïlande en avril ou mai. Quoique en disent certains, ce sera du haut niveau, car la sélection féminine de la Thaïlande brille au niveau mondial, alors que ce pays a déjà organisé une édition des championnats du monde. De plus, les installations sont de qualité, comme je l’avais constaté lors d’un récent déplacement à mes frais. Plusieurs équipes, dont les États-Unis, la Corée du Sud et autres pays asiatiques en ont profité. Pourquoi pas nous. Du côté du beach-volley, nos représentants pourront participer à la Continental Cup.

En somme, vous ferez l’impasse sur la Coupe d’Afrique des Nations

Malheureusement, cette compétition coïncidera avec le camp d’entraînement. Néanmoins, nous envisageons de participer au Volley-ball Challenge ou encore au tournoi qualificatif en vue des Jeux Olympiques.

Trois joueurs, à savoir Gilbert Alfred, Akash Doobraz et Evans Sauteur ont décidé de s’aligner au beach-volley. Cette absence aura-t-elle, selon vous, une incidence sur le rendement de la sélection de volley-ball ?

Il fallait que ces joueurs fassent un choix. Cela a été effectué de concert avec les membres du staff technique, car ils ne pouvaient disputer simultanément ces deux disciplines. Toutefois, je demeure confiant qu’une des deux sélections mauriciennes remportera l’or en salle. Laquelle ? Je ne dirais rien pour le moment. D’ailleurs, je suis certain que le volley-ball sera un des rares sports collectifs à se retrouver sur la plus haute marche du podium.

Affichez-vous la même confiance du côté du beach-volley ?

Il est difficile de prédire, car nous ne connaissons pas réellement le niveau de nos adversaires. Il faudra surtout surveiller les Réunionnais dont les représentants sont revenus dans leur île depuis juillet de l’année dernière afin d’être éligibles pour participer aux Jeux. Ce sera également le cas pour les autres disciplines.

Le manque de joueurs sur le marché demeure-t-il selon vous une conséquence de la fermeture du Centre National de Formation voilà une bonne dizaine d’années ?

Définitivement, la fermeture de ce Centre a créé un déséquilibre. En 2015, nous avions lancé une dizaine d’écoles à travers l’île, puis est venue la décision de fermer le Centre National de Formation. La réouverure du Centre se trouve dans notre programme et les démarches sont en cours. Dans un premier temps, soit avec la tenue des tournois -17 ans qui lanceront cette présente saison dans les différentes régions, nous identifierons les meilleurs éléments qui intégreront par la suite le Centre National de Formation.

Au niveau de l’AMVB, croyez-vous en la formation, vu que les écoles de volley, bien que lancées l »année dernière, ne fonctionnent pas comme prévu ?

Nous y croyons, car le fonctionnement des écoles de volley figure également dans notre programme de cette saison. Le lancement officiel avait certes été effectué l’année dernière et un crash course dirigé par Zoran Kovacic avait auparavant été réalisé en février avec les responsables de ces écoles pour un nivellement de niveau. Tout était donc sur les rails, mais des soucis ont émergé en cours de route. Cette année, tout a été mis en oeuvre pour le fonctionnement de ces écoles. Quand on parle de formation, on doit également penser à nos sélections de jeunes. Je vous surprendrais sans doute en vous apprenant que selon les derniers classements réalisés par la fédération internationale, notre sélection masculine -23 ans se situe à la 13e place mondiale, et notre sélection féminine -20 ans se retrouve à la 32e place sur 76 pays.

Beaucoup a été dit jusqu’ici sur l’African Dream Project. Qu’en est-il de ce projet ?

L’African Dream Project est mort et enterré. Certes, nous avions participé au lancement de la première phase, mais ce projet a été mal géré au plus haut niveau et a ainsi disparu du circuit. Le projet était intéressant, vu l’engouement démontré par les tous jeunes à l’Ecole de Lorette de Port Louis ou à l’école Laboudonnais. Malheureusement, il a été abandonné par la fédération internationale et la Confédération africaine.

Des critiques ont été formulées quant à un manque de transparence de la fédération locale sur ce projet. Sont-elles justifiées ?

Certains nous ont accusé d’avoir obtenu des millions sur ce projet, mais nous n’avons rien à cacher. Tout a été fait dans la transparence. Malheureusement, nous ne sommes jamais à l’abri de critiques. Par exemple, tout en revenant au camp d’entraînement en Thaïlande, nos détracteurs avancent déjà que nos présélectionnés iront pour des vacances. Donc, malgré tout ce que vous comptez entreprendre, certains trouveront toujours à en redire.

La saison dernière a été entachée par l’affaire Kaysee Teeroovengadum. Estimez-vous avoir bien géré ce problème concernant le secrétaire de votre fédération ?

Je suis satisfait que nous avons essayé de gérer ce problème dans les meilleures conditions. La décision d’accepter sa demande de congé a été prise par les membres du comité, et non par moi uniquement. Je peux vous garantir que depuis cette demande de congé, Kaysee Teeroovengadum n’est pas actif au niveau fédéral. Il a certes participé au Congrès de la Confédération africaine, mais il faut comprendre les rouages de cet organisme qui possède un contrôle sur les différentes zones.

Son retour au sein du comité demeure-t-il envisageable ?

A la lumière du jugement, nous prendrons la décision appropriée. Donc, nous ne pouvons rien présumer pour le moment.

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