A FLACQ: L’art en fête

Artistes et férus d’art se sont retrouvés pour une belle journée de démonstration et d’échange autour des arts visuels, samedi dernier au centre commercial Flacq Coeur de Ville à Centre de Flacq. Une initiative de l’Association pour la créativité artistique (ACA) soutenu par Flacq Coeur de Ville et la National Art Gallery (NAG) pour marquer la journée internationale de l’art, célébrée à travers le monde le 15 avril.
Rendez-vous était donné aux artistes pour un «live painting» à compter de 10 heures, une heure où le centre commercial grouille déjà de monde les samedis matin. Chacun est arrivé avec son matériel de travail : peinture, canevas, papier, crayon, pastel sec, colle, savon et autres outils pour la sculpture, bâton d’encre… Les chaises et tables étaient fournies. Installés dans les allées d’une aile du centre commercial au premier étage du bâtiment, les artistes ne se sont pas fait prier pour démarrer la démonstration : certains pour faire découvrir de nouvelles techniques au public, d’autres montrant un travail en cours de réalisation ou encore démarrant un nouveau tableau dans le cadre de la préparation d’une exposition. Nishal Purbhoo faisait partie de ceux-là. Il se spécialise dans la technique du dessin tamponné en s’inspirant d’Andy Warhol et en la réadaptant au contexte local. «Je travaille sur une série d’oiseaux pour une exposition», fait ressortir notre interlocuteur. Ses travaux requérant des techniques mixtes, l’artiste fait le va-et-vient entre l’intérieur et l’extérieur du centre ne pouvant utiliser un pulvérisateur dans un endroit clos.
À côté de lui, en face de la salle d’exposition, Avi Chetlall. Habitant de quatre soeurs et élève en architecture, il dessine une nue à partir d’une photo sur téléphone portable. Le jeune homme s’inspire des postures humaines pour développer des structures originales pour le bâtiment. « On procède par épuration », dit-il. Yeshita Gokool travaille au pastel sec. De nombreux élèves du HSC ont répondu présents l’invitation de l’ACA en ce jour spécial.
Nombreux étaient-ils à s’être attardés devant la table de David Tsang Mang Kin qui avait devant lui un bâton d’encre, un bassin, un gros pinceau et du papier. Que fait-il? Maître Zen, il explique son art : «C’est du Sumi-e, un mouvement de la peinture japonaise originaire de Chine». Pour lui, «l’art est un moyen de méditer». Il invite tous ceux souhaitant expérimenter la technique à la faire, sur du papier de récupération.
En face de lui, Valérie Médard dessine le portrait d’Amma. Un crayonné.«Il sera offert à Amma lors de sa visite à Maurice». Ce jour-là, la professeure d’art avait choisi de mettre en exergue les portraits qu’elle a réalisés. « La plupart du temps, souligne-t-elle, je fais de la sculpture sur canevas avant de la peindre». Ravi Beekharry, professeur d’art peint un phare…  Jhosila Dhaby, artiste autodidacte, poursuit un travail qu’elle avait commencé auparavant. Elle affirme expérimenter de nouvelles techniques régulièrement.
Non loin d’elle, Geeta Mohit Pusun travaille sur tableau qu’elle a intitulé «Reminiscence». Elle a choisi le collage et la peinture pour cette oeuvre. Au Mauricien, elle explique qu’un jour, en rangeant ses affaires, elle est tombée sur des papiers décoratifs qu’elle avait réalisés en utilisant la technique du «marbling», il y a une trentaine d’années et elle a décidé de les utiliser en collage pour réaliser ce tableau dans le cadre du live-painting. L’occasion pour l’artiste de partager cette technique avec ceux qui s’y sont intéressés de près. Notre interlocutrice apprécie cette journée bien que des fois, comme la plupart des artistes, elle aime travailler seule chez elle, concentrée sur son art. «C’est aussi intéressant de pouvoir partager avec les autres», dit-elle, en estimant toutefois avoir souhaité qu’il y ait encore plus de monde. Selon elle, les Mauriciens ne sont pas encore tout à fait sensibilisés à l’art comme tel est le cas à l’étranger. «Dans certains cas, timides, ils n’osent s’approcher pour poser des questions. Ils regardent de loin alors qu’à l’étranger, souvent les jeunes semblent plus curieux et ils osent», affirme cette ancienne professeure d’art et pédagogue.
Pour Omeshwaree Deepa Bauhadoor – qui apporte une dimension artistique à la canne à sucre qui fait partie de son identité pour avoir grandi dans les champs à Petite Julie –, des rencontres comme celles de samedi dernier sont tout indiquées pour voir l’émergence de nouveaux projets. « Sinon, on n’a pas forcément le temps de rencontrer d’autres artistes. Dans des rencontres de ce genre, on peut partager nos expériences, y compris avec le public, et bien sûr monter des petits projets pour amener l’art vers le grand public», soutient notre interlocutrice. Ses filles s’en sont donné à coeur joie dans le cadre de cette journée avec leurs tubes de peinture et canevas.
La journée de samedi, qui a pris fin à 15 heures, a vu la participation d’artistes professionnels et des élèves d’art visuel mais aussi celle de Sevany Appavoo dont la présence est devenue quasi indissociable des activités artistiques locales. Photographe, elle immortalise chaque instant de la journée qu’il soit une démonstration ou une rencontre. Rien que pour le plaisir de partager ces souvenirs par la suite.

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