Flic-en-Flac : Le calvaire d’un couple de retraités

Les conditions attachées à l’appartement qu’ils ont acheté pour Rs 4, 8 millions pas respectées

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Le promoteur refuse d’obtempérer à un « pulling order » de la Cour suprême

Le président du Village Council, Steeve Magdeleine « On ne peut rester insensible à la détresse du couple Antoine »

Après plus de cinquante ans passés en Angleterre, José Antoine et son épouse Monique, décident de retourner vivre à Maurice. Ce couple de retraités avait acheté, en juin 2014, soit quelques semaines après leur retour à Maurice, un appartement avec balcon au premier niveau d’une résidence de luxe de deux étages à Flic-en-Flac. Ils ont payé pour cela Rs 4, 8 millions. Mais les conditions attachées à cet achat n’ont pas été respectées. Pire, la joie de retrouver leur île natale, les plages de Flic-en-Flac, les proches, va vite tourner au cauchemar, car non seulement le promoteur a ajouté deux étages supplémentaires sans permis, mais leur appartement est tombé en décripitude.

Au début, tout allait bien, souligne José Antoine, mais sa stupeur a été grande quand il a appris que le propriétaire de la résidence faisait construire deux étages de plus à l’immeuble qui n’en comptait que trois niveaux, rez-de-chaussée compris. « Le notaire qui avait rédigé les actes de vente avait spécifié dans le titre de propriété que le promoteur n’avait pas de permis pour faire ériger des étages supplémentaires », précise José Antoine. « Partir en retraite, c’est un retour aux sources et se réinventer un cadre pour penser à soi après une vie de durs labeurs. Or, nous vivons avec un sentiment de révolte et d’incompréhension », dit Monique Antoine, les larmes aux yeux. Elle raconte comment ce qui devrait être une « retraite dorée, en toute tranquillité et calme » s’est mué en calvaire quotidien.

Va-et-vient d’ouvriers, des clameurs, des bruits de machines, des vibrations qu’elles émettent et la découverte de fissures au plafond, aux murs et au carrelage de leur appartement.

Des fissures colmatées

« Certaines fissures, qui n’étaient pas apparentes lors des visites préalables à l’achat, avaient été soigneusement colmatées par le vendeur qui nous avait certifié, au début, que ces travaux concernaient uniquement la rénovation du bâtiment et que tout rentrerait dans l’ordre dans pas longtemps ». Ils vont finalement comprendre que ce ne sont pas des rénovations, mais bien des travaux préliminaires pour deux étages supplémentaires prévus par le promoteur. Ces travaux sont susceptibles de perturber l’équilibre général de l’immeuble. C’est un véritable coup de massue pour José et Monique Antoine. Ils décident de contacter un avocat qui commande un rapport à un ingénieur qui a confirmé « le mauvais état du bâtiment qui pourrait céder au bout de dix ans. »

Par ailleurs, l’eau suinte continuellement des fissures sur le plafond et déborde parfois jusqu’aux escaliers, dit-il. Sur le conseil de son homme de loi, le couple sollicite une injonction en Cour suprême pour l’arrêt des travaux. Le dossier a même été transmis à l’ICAC pour vérifier si le permis pour les deux étages supplémentaires avait bel et bien été régularisé. Jusqu’à l’heure, aucune réponse de l’ICAC n’est parvenue au couple.
Le couple raconte qu’à partir de ce moment là, le vendeur leur a fait subir toutes sortes de brimades : « Il nous a coupé l’eau, prétextant qu’on ne payait pas le syndicat. Il mettait de la musique à plein volume dans l’appartement qu’il occupait naguère, à côté du nôtre », raconte le septuagénaire qui ajoute que le manque d’empathie du promoteur lui avait fait perdre son sang-froid et les accrochages verbaux avec lui devenaient récurrents. José et Monique évoquent aussi l’influence du vendeur sur les autres résidents qui ne se sont jamais plaints des inconvénients engendrés par cette construction contestée. Dégoûté, le couple décide, en janvier 2018, de quitter définitivement leur appartement pour louer une maison à Beau-Songes.

Six mois plus tard, c’est avec soulagement que José et Monique Antoine apprennent que la Cour suprême a ordonné au promoteur d’arrêter sur-le-champ la construction de l’extension et de démolir les parties déjà construites à ce niveau. « Le District Council de Rivière-Noire a même fait la promesse, dans un affidavit, de prendre les actions appropriées après avoir confirmé devant le juge que le promoteur a bien fait des travaux majeurs sans l’obtention d’un permis. En outre, leur conseiller juridique a dit qu’il fallait poursuivre le vendeur pour ces travaux illégaux », souligne José Antoine. Week End a tenté de contacter le promoteur pour avoir obtenir son point de vue, mais ce dernier est resté injoignable jusqu’à l’heure

Le président du District Council, Steeve Magdeleine, promet de « ne pas rester insensible à la détresse du couple Antoine. J’en ferai une priorité, surtout qu’il y a eu un jugement en leur faveur ». A noter que l’avocat de José Antoine a fait parvenir une lettre au Commissaire de Police qui a répondu qu’une enquête avait été diligentée, et que tout a été fait selon les règles. « A partir de là, on a déposé treize plaintes au poste la police de Flic-en-Flac qui disent que c’est un civil case. Le comble ! », regrette José Antoine.

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« Nous retournerons en Angleterre avec notre argent »

Agés respectivement de 74 ans et 71 ans, José et Monique Antoine, qui fêteront leur 50e anniversaire de mariage le 23 août prochain, ont choisi de laisser derrière eux leurs deux filles et 3 petits-enfants pour s’installer à Maurice…

« Mon épouse et moi avions 16 ans, lorsque nous avions démarré l’aventure anglaise, bien que nous nous sommes rencontrés six ans après que j’eus posé mes valises à Londres », se remémore José Antoine. Après avoir pris leur retraite en 2012, le couple veut alors « rattraper le temps perdu et découvrir les facettes de cette île que je connaissais très peu, ayant été en Afrique dès l’âge de 7 ans avant d’émigrer vers l’Angleterre », nous confie Monique. Le climat estival a fait pencher la balance, José Antoine étant sujet à des douleurs récurrentes au dos.

Or, les lourdeurs administratives, le stress, les prises de bec avec le promoteur sont autant d’éléments qui pèsent sur le moral des septuagénaires.
« On se battra jusqu’au bout pour que la justice triomphe et qu’on nous rende notre argent qu’on a gagné honnêtement. Bien que je souhaite continuer l’aventure à Maurice, mon épouse n’étant pas du même avis, nous comptons retourner en Angleterre après », affirme José Antoine.

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