FOOTBALL À RODRIGUES – ENTRAÎNEUR DE BALADIROU SC : Mané Azie, « On souffre d’un manque de solidarité »

Le football rodriguais passe, une fois encore, par des moments difficiles, avec les dérapages impliquant, au cours de ces trois derniers mois, le club de Boysters, forçant même à un moment donné, l’arrêt du championnat de première division. Le comité régional a tenté de réagir par la voix de son président Christopher Raboude, en poste depuis septembre 2013, en mettant sur pied un comité disciplinaire pour résoudre ce problème. Pour Mané Azie toutefois, entraîneur de Baladirou SC, le problème est encore plus grave.  » Le football rodriguais souffre d’un manque de solidarité. Si nous parvenons à nous mettre tous autour d’une même table et trouver des solutions durables, je pense qu’on pourra alors commencer à parler de renouveau « , a-t-il déclaré.
S’il y a bien une équipe qui a émergé au cours de ces cinq dernières années, c’est bien Baladirou SC dont Mané Azie  est l’entraîneur.  » Je suis un amoureux du ballon rond et de mon île. Je ne suis nullement intéressé par un poste au sein du comité régional, car j’estime que ma place est sur un terrain, là où j’ai tellement de choses à donner aux jeunes. Si j’ai décidé de parler aujourd’hui, c’est pour aider le football et rien d’autre « , a-t-il d’emblée fait remarquer. Car pour Mané Azie, il est grand temps d’arrêter de tourner autour du pot. L’heure est venue, a-t-il ajouté, de trouver des solutions qui permettraient au football rodriguais de se remettre enfin en selle.
Le football, tel qu’il est présenté aujourd’hui, doit évoluer, a souligné notre interlocuteur. Il y a eu des élections et des voix réclamaient le changement. Il y a eu  beaucoup de bonnes volontés et de nouvelles idées, a-t-il fait part. Toutefois, au fil des mois, l’optimisme a laissé place, à nouveau, à la déception.  » Ce qui désole aujourd’hui, c’est que ceux qui prônaient le changement critiquent. Certes, ils ont le droit de le faire, mais faut-il encore qu’on joigne le geste à la parole. J’estime donc qu’il est plus que temps que toutes les parties concernées se mettent autour d’une table, afin de dégager une stratégie commune. L’ancien comité régional avait l’intention de le faire, mais sans plus. Idem pour l’actuel comité « , a indiqué Mané Azie.
Des membres ont même pris leurs distances du comité régional, a-t-il ajouté.  » Ces membres ont peut-être leurs raisons, mais toujours est-il qu’ils n’ont pas assumé la responsabilité qui leur avaient été déléguée à l’issue de leurs élections.  » Hormis les problèmes évoqués, la question de gestion des compétitions, d’infrastructures et de finances constituent autant d’obstacles ne permettant pas à l’épanouissement du sport roi, a souligné l’entraîneur rodriguais. A titre d’exemple, a-t-il ajouté, les terrains de quartiers sont pourvus de systèmes d’éclairages de bonne qualité, à Maurice. Ce qui n’est pas le cas à Rodrigues.  » Faire tourner un club requiert un très gros budget. Un ballon coûte presque le double qu’à Maurice et nous  avons besoin de 10 pour deux à trois mois vu l’état pitoyable de nos terrains. Les sponsors sont, eux, très rares et cela complique la tâche des clubs « , a-t-il avancé.
C’est pour cette raison que Mané Azie a salué la démarche de deux sponsors pour leur soutien à deux clubs de D1 et d’un de la D2. De passage à Maurice au cours de ces dix derniers jours, il a contacté certaines compagnies qui sont aussi représentées à Rodrigues.  » Ma question a été très simple : pourquoi aide-t-on les clubs mauriciens et pas les clubs rodriguais ?  On m’a fait comprendre qu’il y aura un suivi. Donc j’attends, dans l’espoir que le football rodriguais sera enfin soutenu « , a-t-il fait remarquer.
Donner la chance aux Rodriguais
D’autre part, l’entraîneur rodriguais dit avoir eu l’occasion de parfaire ses connaissances en participant aux entraînements  au sein d’un club local pendant son séjour à Maurice. Ce qui lui a permis de comprendre certaines choses. Selon lui, les entraîneurs avec qui il avait suivi le stage pour une Licence C, il y a huit ans de cela, sont aujourd’hui détenteurs d’une licence A et entraînent dans la ligue professionnelle. « Je suis content pour eux et à la fois triste que nous Rodriguais, n’avons pas eu cette chance.  » Il trouve aussi dommage que lors des rares occasions qui sont offerts aux Rodriguais pour se perfectionner, seuls deux places sont attribuées et ce, à travers l’Assemblée Régionale.  » Pourquoi ne pas donner la chance à plus d’entraîneurs rodriguais, quitte à ce qu’ils fassent eux-mêmes les frais de déplacement à Maurice ? C’est justement ce manque de contact, tant au niveau des entraîneurs que des joueurs qui nous fait défaut « , a-t-il déploré.  
En parlant de joueurs, Mané Azie dit constater que les étrangers évoluant dans le championnat professionnel n’ont pas tous un bon niveau d’où son plaidoyer pour que les clubs mauriciens accordent un peu d’attention aux joueurs évoluant à Rodrigues. Car selon lui, le potentiel existe.  » On semble oublier qu’Henri Spéville, Guillano Edouard et Jean-Marc Ithier ont fait honneur au pays et que ce dernier a même inscrit le but victorieux aux JIOI de 2003. Dans le championnat professionnel, ils sont au moins dix à représenter Rodrigues et il y en a encore d’autres qui attendent à Rodrigues, tous très doués « , a-t-il indiqué.
Pour conclure, Mané Azie a proposé que les 27 entraîneurs qui ont suivi le stage de la CAF Licence C à Rodrigues s’intègrent aux écoles de football. Il est aussi d’avis qu’une annexe du Centre technique national devrait voir le jour à Rodrigues, afin de servir de tremplin vers le football professionnel mauricien.  

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