FORMATION TERTIAIRE : Les universités étrangères, quelle crédibilité ?

Les universités étrangères privées exerçant à Maurice suscitent parmi la population de nombreuses questions. Sont-elles accréditées et reconnues par l’État ? Est-ce que l’enseignement offert est de qualité ? Quelle est leur crédibilité ?
Elles sont plus d’une cinquantaine d’institutions étrangères implantées à Maurice. Si certaines jouissent d’un certain prestige, d’autres sont beaucoup moins connues. Pourtant accréditées par la Tertiary Education Commission (TEC) sous l’égide du ministère de l’Éducation tertiaire, elles accueillent des milliers d’étudiants et leur dispensent une formation dont le niveau est souvent mis en doute. Cependant, la présence de ces institutions donne le sentiment de pouvoir accéder à des formations jusque là non-disponibles à Maurice. Disponibilité de chargés de cours étrangers, présentation de thèse par vidéoconférence, reconnaissance de diplômes par les diverses institutions du pays mais également sur le plan international afin d’obtenir facilement un emploi, ou encore avoir la possibilité de poursuivre les études à l’étranger… Pour avoir accès à toutes ces facilités, un budget énorme est requis. De plus, certains étudiants inscrits dans certains de ces établissements et interrogés par Le Mauricien indiquent que leurs résultats du HSC n’étant pas brillants, « nous n’avons pas eu d’autre choix que de nous tourner vers ces institutions qui sont moins exigeantes à ce niveau ». Au début de l’année, par le biais d’une campagne publicitaire, l’EIILM proposait d’ailleurs à ceux qui échoué au HSC de suivre une Foundation Course avant d’intégrer l’université. Une question soulevée par le député du MMM Steve Obeegadoo, ancien ministre de l’Éducation, a “voice-out” le point de vue de nombreux Mauriciens à ce sujet. « Accéder à une université avec seulement un A level, c’est effectuer un nivellement vers le bas », disait-il. Une situation qu’il considérait comme « grave », car cela revenait à « sacrifier la qualité à la quantité ». De plus, pour certains étudiants, avoir une place à l’Université de Maurice ou à l’Université de Technologie était impossible, d’où la nécessité de travailler pour économiser en vue de financer leur études.
Certaines universités étrangères présentes à Maurice appliquent des critères d’admission très stricts. D’autres contribuent à parfaire l’apprentissage qui n’a pas été complété en fin de cycle secondaire, à l’instar de RRJ & Col Ltd à Flacq, qui bien que proposant des cours avancés, permet à ceux qui souhaitent s’inscrire de se rattraper dans un programme très élaboré. « Elle offre une panoplie de cours qui permet à l’élève n’ayant pas brillé au en HSC de se mettre à niveau », affirme Ourvashini, 20 ans, ex-élève de cette institution.
À l’Analysis Institute of Management (AIM) à Port-Louis, l’âge minimum pour s’inscrire est de 28 ans. Les cours partiels en management qui y sont offerts sont principalement destinés à ceux qui exercent déjà dans ce secteur. Installé à Maurice depuis 1995, l’AIM est également présente en Afrique. Située à la rue Saint Georges, elle est actuellement à sa septième promotion et a produit plus d’une centaine de diplômés depuis qu’elle est présente à Maurice. « Normalement, nous prenons des personnes qui sont déjà dans le domaine du management et qui souhaitent perfectionner leurs connaissances dans ce secteur. Si l’étudiant est déjà employé, cela est un atout pour son apprentissage », indique-t-on du côté de l’AIM. Quant au paiement, il se fait en euros, sauf en ce qui concerne les frais d’inscriptions dont le montant peut être effectué en cash ou en chèque.
Ces dix dernières années, l’on a également noté l’implantation à Maurice de nombre d’institutions tertiaires indiennes, proposant des cours de gestion, d’administration, de finance, de comptabilité, de médecine… Le DY Pathil Medical College, implanté à Quatre-Bornes, Moka et Ébène et l’Anna Medical College and Research Centre à Solitude sont parmi les plus populaires. Leur “awarding body” est l’Université de Technologie de Maurice, et elles bénéficient du soutien d’experts indiens. « Nous offrons toutes les facilités nécessaires afin d’assurer la formation de nos jeunes. Avec le HSC en poche et s’il répond à nos critères de sélection dont un total de 21 points aux examens du HSC avec pour matière les mathématiques, la chimie, la biologie ou la physique, un étudiant pourra facilement intégrer le cours », laisse-t-on entendre du côté de l’Anna Medical College and Research Centre, qui représente à Maurice la Maragadham Education Ltd. « Nous assurons également l’internship de nos étudiants qui se fait principalement à l’hôpital de Flacq », affirme la responsable de cette institution. Les inscriptions qui débutent en juillet permettront au prochain “batch” d’étudiants de commencer les cours en septembre. Une fois sélectionné, l’étudiant doit verser Rs 60 000 pour réserver sa place. Le coût est Rs 1,5 M pour au maximum quatre ans et demi de cours. Si ces institutions n’ont jamais fait la Une, l’école Louis Pasteur, autrefois située à Port-Louis ainsi que l’Eastern Institute for Integrated Learning in Management (EIILM) ont été au centre de polémiques.

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