FRANCE Evra, le show permanent

Cloué au pilori après le fiasco de Knysna, Patrice Evra n’a pas changé et a gardé ce franc-parler qui lui a causé tant de mésaventures par le passé même si c’est désormais avec un statut de « grand frère » qu’il aborde le Mondial avec les Bleus.
Les apparitions du défenseur de Manchester United (33 ans, 59 sélections) en conférence de presse sont rares mais valent à chaque fois le détour. L’arrière gauche des Bleus n’était plus venu devant les médias français depuis novembre 2012, c’est dire l’excitation qui a gagné la presse en apprenant le menu du jour proposé par l’encadrement. Elle n’a pas été déçue.
Le moment n’était pas anodin, quatre ans quasiment jour pour jour après la grève de l’entraînement au Mondial-2010 en Afrique du Sud (20 juin), qui a plongé les Bleus dans la plus grave crise de leur histoire et fait du capitaine Evra, suspendu 5 matches par la Fédération française de football, un pestiféré.
Du temps s’est écoulé après ce véritable drame national en mondovision mais Evra l’assure: il n’a « pas changé », avant de concéder que le port du brassard lui avait « bouffé de l’énergie » et qu’il avait à l’époque « pris (s)on rôle trop à coeur » pour finir par endosser seul une responsabilité collective.
« Maintenant je donne toujours tout pour les autres mais je reçois de l’énergie en retour », a-t-il expliqué.
« Je m’aime tout le temps » 
Pour le reste, il n’était pas venu pour faire un quelconque mea culpa. Bien au contraire: « Je m’aime tout le temps! C’est un peu arrogant, mais que ce soit dans les moments difficiles, ou les moments de joie, je n’aime pas critiquer ma personne. Le même +Pat+ de 2010 ou le même +Pat+ de 2014, je les kiffe tous les deux! ».
Ses coéquipiers sont visiblement du même avis et chaque bleu interrogé ne cesse de louer le rôle de « leader » et de guide du Mancunien. Cette Coupe du monde serait-elle une entreprise de réhabilitation d’Evra après des années d’incompréhension avec le public?
Selon l’ancien Monégasque, le décalage entre son image à l’extérieur du groupe et celle qu’il renvoie à l’intérieur n’existe qu' »auprès des médias ».
« J’ai rencontré plusieurs supporteurs français et ils ont toujours été positifs avec moi, a-t-il ajouté. Si les médias veulent donner cette image de moi depuis la dernière Coupe du monde, il n’y a pas de problème. Je ne lis pas la presse, Internet. Le plus important pour moi c’est ce que pensent les joueurs, le staff, les supporteurs de l’équipe de France. Que je passe pour un bad boy auprès des médias, ça ne me touche pas. »
Sa dernière sortie n’était d’ailleurs pas passée inaperçue. En octobre 2013, Evra avait de nouveau brouillé son image en critiquant violemment quatre consultants audiovisuels dont deux anciens internationaux illustres, Bixente Lizarazu et Luis Fernandez. Mais la FFF n’a pris aucune sanction à son égard.
« Je donne à manger à certaines personnes, ce n’est pas parce qu’il y a une caméra que je vais devenir quelqu’un d’autre, a-t-il poursuivi. Je reste Pat même si ma franchise peut faire la Une des journaux et que les journalistes s’attendent à ce que je lance des grenades. Si un journaliste me pique, je sais comment lui répondre. Je ne joue pas un jeu. »
Plaidoyer 
Et de se lancer dans un plaidoyer pour le maillot bleu et la France, lui dont les larmes lors de la Marseillaise ayant précédé le premier match des Bleus en Afrique du Sud avaient été occultées par le chaos qui allait suivre.
« On joue tous pour le même pays et depuis le France-Ukraine (3-0 en barrage retour, le 19 novembre, ndlr), il y a la fierté de porter ce maillot. Il faut que les Français soient fiers de nous, c’est le mot d’ordre et la priorité, c’est que les supporteurs se disent qu’on respecte le maillot », a-t-il affirmé.
Mais plus question de penser au capitanat. « Le capitaine c’est Hugo Lloris, il faut respecter ça, a-t-il commenté. Je l’ai été en 2010 et je le suis à Manchester, ça me suffit. Ce n’est pas parce que je n’ai pas le brassard que je ne remplis pas mon rôle dans le vestiaire ou sur le terrain. C’est beau d’être capitaine mais ce n’est pas la priorité. »
La cicatrice de Knysna semble en tout cas refermée pour Evra qui avoue être comme « un gosse » au Brésil où il est pour l’instant incontestable au poste d’arrière gauche, en attendant l’émergence définitive de Lucas Digne (21 ans). L’évocation de la chasse à la taupe lancée au plus fort de la crise en Afrique du Sud provoque ainsi chez lui un large sourire.
« On était dans une telle bulle qu’on cherchait des taupes. C’était un grand moment mais je ne l’ai toujours pas trouvée », a-t-il reconnu dans un grand éclat de rire. 

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