FRONT COMMUN : « Quelle place pour les enseignants avec le ‘9-Year Schooling’ ? »

Le Front Commun des Enseignants du Prévoc, nouvellement constitué au début du mois après un constat « alarmant » de l’évolution des élèves du secteur en 2013, se disent « préoccupés ». Après avoir dénoncé le système actuel, Brian Pitchen et Jean-Jacques Arjoon ont, lors d’un point de presse ce matin, exprimé leurs inquiétudes quant à l’avenir des enseignants du prévoc avec l’introduction annoncée du ‘9 Year-Schooling’ et la disparition des classes prévocationnelles. « Quelle place sera réservée aux enseignants ? », « Nos années d’expérience seront-elles rangées dans des tiroirs ? », « Quel avenir pour ces 8 000 jeunes qui entrent en prévoc chaque année ? »… Autant de questions qui taraudent le Front Commun. Ses membres estiment important d’entamer un audit avant la mise en application du ‘9 Year-Schooling’ en vue de déterminer ce qui a fonctionné ainsi que les failles du système actuel.
« On a toujours invité les élèves à s’adapter à un système. À quand un système qui s’adaptera aux spécificités des enfants ? » se demande le porte-parole du Front Commun Brian Pitchen. C’est à la suite d’une grande réunion organisée par les enseignants de ce secteur en début de mois, et après un constat « inquiétant » – voire « alarmant » – sur la manière dont ont évolué les élèves en 2013, que l’idée de ce regroupement a émergé.
L’une des sources principales d’inquiétude des enseignants émane de l’annonce du ‘9 Year-Schooling’ par le ministère de l’Éducation, qui prévoit l’abolition du CPE et la disparition, en parallèle, du système prévoc. Tout en précisant ne pas être contre l’abolition du CPE, Brian Pitchen déplore « l’incapacité du ministère à expliquer ses implications et sa mise en application ». Si en 2015, on met fin au système prévoc, il y aura toujours, en 2017, dit-il, des élèves dans ce système, notamment ceux qui débuteront en 2014. « Qu’est-il prévu pour eux ? Le certificat qu’ils recevront pourra-t-il leur être utile ? Et quid des professeurs du prévoc ? Quelle sera notre place ? » s’interroge-t-il. Par ailleurs, « avec les Std 8 et 9 – qui travailleront avec ces élèves – qui devaient se retrouver en prévoc dans le système actuel ? ». Autant de questions qui demeurent pour l’heure sans réponse pour le Front Commun. Selon Brian Pitchen, il importe de ne pas négliger toute l’expérience acquise par ces enseignants, qui seraient près d’un millier, dans le privé et dans le secteur public confondus. « Il y a beaucoup de manuels adaptés à ces enfants qui ont été conçus par les enseignants, par ailleurs formés pour travailler avec ce type d’élèves. Va-t-on ranger toutes ces années d’expérience dans des tiroirs ? ».
M. Pitchen souligne que nombre de stratégies ont été développées par les enseignants et que le Prevokbek, avec l’utilisation du kreol comme langue et médium d’enseignement, a beaucoup contribué au succès de l’alphabétisation des jeunes. Et de regretter que, contrairement à ce qui avait été annoncé alors que le premier groupe d’enseignants avait été formé, il n’y ait pas eu de « career path » pour ces derniers. Avant d’ajouter : « Des profs suivent actuellement des formations. Avec la disparition du prévoc, que deviendront-ils ? ». Autre question : qu’adviendra-t-il si, « au terme de la 9th year, les élèves ne savent toujours pas lire et écrire ? ».
Selon Brian Pïtchen, « il y aura toujours des slow learners ». D’où son questionnement sur « le mécanisme qui sera utilisé pour identifier ces jeunes ». Le Front Commun préconise d’étendre les années de Prévoc à cinq ans au lieu de quatre ans actuellement, car « certains élèves ne commencent vraiment à “décoller” qu’à partir de la troisième année ».
L’important, dans une réforme, selon Brian Pitchen, « c’est de prendre en considération ce que vivent les élèves, ce qui les intéresse comme matières ». Ce que, ajoute-t-il, des enseignants ont fait. Il s’est ainsi avéré que des jeunes ont fait part de leur désir d’apprentissage du code de la route, ou encore du métier de chasseur, voire de se préparer pour travailler dans des centres d’appels.
Pour sa part, Jean-Jacques Arjoon s’est demandé quels critères seraient utilisés si le ministère procédait à un redéploiement des enseignants du prévoc avant de mettre en garde contre un système qui émergerait sous forme « discriminatoire » et qui « porterait préjudice au corps professoral ». Et de prévenir : « Si jamais il y a acte discriminatoire, ce serait anticonstitutionnel. »
Le Front Commun a également dénoncé « le semblant de réforme » en 2011 étendant les trois années de prévoc à quatre années, avec deux jours de la semaine passés au MITD pour les élèves de troisième année et trois jours dans cet institut pour ceux en quatrième année. « Il y a eu une cassure avec l’école », qui n’aurait pas été bénéfique aux élèves. Les jours passés au MITD auraient ainsi été « infructueux ». Le enseignants, eux, regrettent : « Nous avons écrit au ministère, mais n’avons obtenu aucune réponse. »

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