Géopolitique : Mahé dit non à New Delhi pour la base militaire à Assomption

  • Le président seychellois, Danny Faure, confirme l’annulation de cet accord avec l’Inde, qui ne sera pas abordé lors de la prochaine visite officielle de Narendra Modi dans l’archipel
  • La présence indienne à Agaléga consdérée comme une “Fall Back Position” stratégique dans la nouvelle configuration

Développement de taille sur le plan géopolitique dans cette partie de l’océan Indien. L’Inde, qui avait élaboré un programme avec une présence stratégique de taille, notamment aux Seychelles et à Maurice, avec des projets d’infrastructure à Agalega, a essuyé un sérieux revers. En effet, s’adressant à la presse pour la deuxième fois cette année, mercredi, le président des Seychelles, Danny Faure, a confirmé que l’accord militaire avec l’Inde, en vue de construire des facilités militaires sur l’île d’Assomption, était désormais caduc et que la question ne devrait pas figurer à l’agenda de la prochaine visite officielle du Premier ministre indien, Narendra Modi, dans l’archipel prochainement. Cette décision laisse la porte ouverte pour une collaboration militaire plus étroite entre les Seychelles et la France et donne un éclairage plus large aux récentes discussions entre la ministre des Affaires étrangères de l’Inde, Sushma Swaraj, et le “Mentor Minister”, sir Anerood Jugnauth, avec pour principal sujet la “maritime cooperation”.

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En annonçant sa décision d’annuler cet accord militaire avec l’Inde, le président des Seychelles n’a pas donné de raisons spécifiques. La Seychelles News Agency, faisant état de ce point de presse, fait ressortir que « president Faure says his government has cancelled the security cooperation agreement signed early this year for the establishment of an Indian naval base on the remote island of Assumption. » De ce fait, la construction de la base militaire sur l’île d’Assomption a été abandonnée, soit plus explicitement, « the construction of the Indian naval base will not “move forward”. »

Toutefois, le président Danny Faure a ajouté que la Seychelles Coast Guard (SCG) procéderait à la construction dès l’année prochaine de sa propre base sur la même île d’Assomption, identifiée par les Indiens dans l’accord militaire. « In next year’s budget, we will put aside funds for us to build a (Seychelles) Coast Guard facility on Assumption ourselves. It is important to ensure that we have a military post in this area », a-t-il ajouté face à la presse en confirmant que ce projet des Indiens ne devrait pas figurer à l’ordre du jour lors des discussions avec le Premier ministre indien.

Des observateurs avertis sur le plan de la Realpolitik notent que ce non des Seychellois aux Indiens intervient presque un mois après la mission menée par le commandant Éric Vidaud, commandant des Forces armées françaises dans l’océan Indien (FAZSOI). Les discussions entre la France et les Seychelles étaient axées sur un accord pour renforcer et renouveler des liens militaires et de sécurité entre les deux pays.

Le commandant Vidaud avait transmis à Mahé le souhait de Paris pour la formation des Seychellois dans des opérations de sécurité pour contrôler les frontières et préserver la Zone économique de l’archipel contre des actes de piraterie, de kidnapping, de trafic de drogue et de terrorisme transnational. Il a été question d’établir aux Seychelles le premier “hub” régional pour la coordination de la surveillance maritime dans l’océan Indien. « We want the (maritime security) centre to become operational as soon as possible. The centre will be able to designate a vessel in a shorter limit of time to counter any illegal activities in the Indian Ocean », devait faire comprendre le commandant en chef de la FASZOI.

Ce refus des Seychelles d’accueillir une base militaire indienne à l’île d’Assomption remet en perspective de l’intérêt des Indiens à Agalega. Pour certains observateurs, le Tweet de la fin de la semaine dernière du ministère des Affaires étrangères de l’Inde, Sushma Swaraj, lors de son transit au retour d’Afrique du Sud, ferait état de la préoccupation de son pays à propos de la “maritime cooperation” avec Maurice.

Très probablement, New Delhi avait été informé au préalable de la décision des Seychelles au sujet de l’île d’Assomption. Mais aucune des sources autorisées à Maurice ne s’est aventurée pour confirmer la teneur de ces échanges ou encore l’importance accrue d’Agalega aux yeux des Indiens. Jusqu’ici, toutes les tentatives d’obtenir la moindre indication du projet de l’Inde se sont heurtées à un mur nommé “State Secret”.
Affaire à suivre…

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