Georges Chung (Conseiller au PMO) : « Les données sont devenues le pétrole de l’économie »

En marge de la conférence internationale consacrée à l’intelligence artificielle prévue fin novembre, Georges Chung, un des principaux organisateurs, nous explique comment les données sont devenues le « pétrole de l’économie ».

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« Intelligence artificielle » est un terme encore abstrait pour la majorité des Mauriciens, n’est-ce pas ?

L’intelligence artificielle a commencé à faire sens ou à donner toute la logique de sa technologie parce que jamais n’a-t-on pu capturer autant de données comme on la fait ces dernières années. La disponibilité des données a été multipliée par des millions de fois par rapport à ce qu’elle était il y a 15 ou 20 ans. Tout cela grâce à Google, aux satellites, aux caméras, aux censeurs et à toutes les autres applications destinées à capturer les données et qui se sont développées de manière exponentielle. Les données sont devenues le pétrole de l’économie. Il s’agit maintenant de faire le tri : garder ce qui est fiable et qui a une valeur économique et rejeter tout ce qui est faux et dépourvu de sens. Ce qui est devenu un nouveau métier d’analystes connu désormais comme “data scientist”. Un mathématicien qui peut séparer le bon et le mauvais. À partir des données fiables et valables, on peut faire des prédictions avec des logiciels et trouver des solutions aux problèmes que nous ne pouvons résoudre. C’est la raison pour laquelle on affirme que l’intelligence artificielle est meilleure que l’intelligence humaine.

C’est aussi le cas dans le domaine de la santé. Dans le diagnostic des grands maux, il y a une marge d’erreurs même si on est spécialiste dans le domaine. En évaluant toutes les données qui existent, la machine est capable de tirer une conclusion précise. Donc, l’intelligence artificielle permet de tirer des conclusions à partir des données fiables, ce qui n’était pas le cas il y a une décennie. C’est cela le fondement de l’existence de l’intelligence artificielle. C’est pourquoi Poutine affirme que, celui qui maîtrise cette technologie sera le maître du monde. Macron a mis 1, 5 milliard d’euros pour appliquer l’intelligence artificielle dans l’économie française.

Maurice ne doit pas être en reste avec cette nouvelle technologie. Elle prend en effet les devants pour être parmi les premiers dans la région africaine à développer sa stratégie.

Mais nous n’avons ni les moyens de Poutine ni ceux de Macron…

On n’a pas besoin de ces moyens extraordinaires. Il faut tout simplement attirer au pays les experts, les “data scientists” et ceux capables de tirer des “analytics” afin de nous aider à améliorer tous nos secteurs économiques, et ce en implémentant l’IA dans les secteurs respectifs. En même temps, il faudra former les jeunes et les universitaires afin qu’ils puissent devenir des “data scientists” capables de se servir des bonnes données et, à partir de là, tirer des conclusions des solutions pour amener l’économie au-delà de ce que l’humain peut faire.

À ce stade, quel est le potentiel existant à Maurice ?

Dans le domaine du secteur agricole, les études ont démontré qu’il est possible d’utiliser l’intelligence artificielle. Dans les champs agricoles, en Amérique en Israël, en Chine ou même en Inde, on utilise le portable, qui perçoit et qui collecte les données des censeurs ou encore les caméras installées dans les champs. Grâce aux caméras satellitaires ou les drones, on parvient à tirer les leçons concernant la productivité de la terre. Grâce à l’intelligence artificielle, il est possible de détecter des maladies dans les plantations, de constater s’il y a suffisamment d’eau ou de soleil et prédire si l’alignement des semences permet d’obtenir une productivité accrue. On peut aussi savoir où les machines peuvent remplacer la main-d’œuvre. L’intelligence artificielle propose toute une série d’applications pour la production agricole. Espérons qu’à travers cela les jeunes seront en mesure de retourner à l’agriculture. Nous assistons à une véritable révolution au niveau de l’application de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’agriculture. Il est possible que le diagnostic des maladies soit amélioré et aille au-delà de ce que peut faire l’humain. Dans l’hôtellerie, un “chatbox”, un logiciel programmé pour simuler une conversation en langage naturel, peut agir comme un concierge 24-7. Il suffit de poser la question appropriée et il vous indique le temps qu’il fait dehors ou si le lieu concerné est en sécurité. On peut réserver un taxi, faire des achats en ligne, ou même faire des réservations pour une chambre d’hôtel ou pour un siège à bord de l’avion à un prix convenable.

Parlez-nous du robot Sophia…

C’est une machine dans laquelle on a injecté des données de manière substantielle et qui peut remplacer un concierge de l’hôtel un dimanche après-midi.

Voulez-vous dire que ce robot peut remplacer l’humain ?

Il peut être au service de l’humain. Il est supérieur à l’humain en termes de mémoire. Toutefois, on aura besoin de spécialistes de l’analyse des données et pour leur application. Ce robot rend la vie plus facile. Si l’humain ne peut pas faire un certain travail, il ne le remplace pas, il l’aide.

N’est-il pas prématuré d’organiser une conférence de grande envergure sur l’intelligence artificielle ? Nous n’avons pas encore les infrastructures ni même les institutions appropriées…

Nous mettons les infrastructures en place actuellement. On peut déjà commencer certaines applications dans le domaine agricole, touristique, financier ou de la santé. Dans le textile, l’intelligence artificielle peut l’aider à gérer son stock, par exemple. Elle peut aussi être utilisée dans les grandes surfaces pour analyser le profil des consommateurs.

Quel est l’intérêt de la conférence prévue en novembre prochain ?

Elle aura pour but d’étudier les possibilités qu’offre l’intelligence artificielle. Les pouvoirs publics souhaiteraient voir les applications. Ce ne sera pas une conférence uniquement pour écouter les investisseurs. On leur demandera de nous faire la démonstration et nous indiquer comment telle ou telle application peut être utile pour nos champs de canne ou notre industrie hôtelière, ou encore dans nos hôpitaux afin de mieux canaliser les rendez-vous et réduire les files d’attente. Cette conférence permettra de présenter les opportunités de l’application de l’intelligence artificielle dans les différents secteurs de l’économie à Maurice.

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