GOVERNMENT BUSINESS—BETAMAX: À quitte ou double !

Le coup d’envoi des discussions en vue de renégocier le contrat jackpot de Betamax sur 15 ans a été donné cet après-midi. En prévision de ces rounds de consultations qui s’annoncent ardues compte tenu de l’enjeu, le gouvernement, qui a constitué une équipe de légistes et de ministres, a multiplié les séances de travail depuis le début de la semaine, car tout semble indiquer que la partie pourrait se jouer en un “quitte ou double”. D’ailleurs, lors des délibérations du Conseil des ministres de vendredi, l’option de résiliation du contrat de plus de Rs 10 milliards n’a pas fait l’unanimité. De son côté, Veekram Bhunjun, directeur Betamax, a exprimé le souhait que les discussions entamées cet après-midi répondent aux besoins du pays et des attentes des deux parties.
Face à une levée de boucliers d’une aile au sein du gouvernement remettant en question la résiliation du contrat de Betamax en raison du montant de compensation à être versé, le GM a été contraint de passer par l’étape de renégociation des conditions du contrat avec le groupe Betamax, qui avait fait l’acquisition du MT Red Eagle au coût de USD 65 millions. Pour affronter la direction de Betamax et ses conseils légaux, qui ne manquent pas de parler de « contrat en béton négocié avec le gouvernement Ramgoolam en 2009 », le GM a constitué un panel de ministres et de légistes.
L’équipe gouvernementale, qui s’est réunie encore une fois, hier, comprend Ivan Collendavelloo (ministre des Services publics), Vishnu Lutchmeenaraidoo (ministre des Finances), Ravi Yerrigadoo (Attorney General), Roshi Bhadain (ministre des Services financiers), Mes Manesh Gobin et Raouf Gulbul, de même que le Secrétaire financier, Dev Manraj, et le directeur général de la State Trading Corporation (STC), Megh Pillay. Lors de la réunion de cet après-midi, l’équipe gouvernementale fera un exposé sur sa décision de revoir les conditions de ce contrat en attendant de prendre connaissance de la position et des propositions du groupe Betamax.
À ce stade, ceux au gouvernement qui poussent pour la rupture du contrat avec Betamax maintiennent que le pays a plus à gagner dans la conjoncture, mais ils sont également conscients que les objections formulées contre cette démarche demandent à être gérées. Toutefois, ils disposent d’un dernier élément de poids à l’effet que, durant les derniers douze mois, le prix des produits pétroliers a accusé une baisse de 59 % sur le marché mondial et que le coût du fret au cours de la même période a baissé de 52 %.
« Les consommateurs mauriciens n’ont pas bénéficié de ces mouvements à la baisse. Il faut se demander pourquoi », soutiennent-ils, en ajoutant que l’indice sur le Baltic Exchange pour le fret a baissé de 50 %, soit 1 599 au 21 mars 2014 à 767 cette semaine, alors que le contrat fait provision de rabais en faveur de la STC en tenant en ligne de compte l’évolution de cet indice.
L’une des principales objections contre le contrat est le montant du fret agréé entre le gouvernement de Navin Ramgoolam et Betamax le 27 novembre 2009.
En moyenne, les USD 48 000 par jour versé par la STC, qui sont au-dessus des frais de location du pétrolier, représentent le double du coût du fret sur le marché international. À la signature du contrat à la fin de 2009, le coût du fret était en moyenne de USD 16 500 par jour avant de passer dans la fourchette de USD 11 000 à 13 000 alors que pour les derniers quatre mois, il avait atteint une pointe de USD 25 000, soit le plus haut niveau depuis 2009.
D’autre part, en quatre ans, la société Betamax aurait déjà empoché un montant de USD 84 millions (Rs 2,8 milliards) au rythme de USD 21 millions annuellement, représentant la seule location de ce tanker. L’acquisition du Red Eagle a nécessité des investissements de USD 65 millions, soit quelque Rs 2 milliards, de la part de ce groupe mauricien. Techniquement, celui-ci est déjà rentré dans les frais de son capital initial de USD 65 millions avec les paiements subséquents pour les autres 11 années du contrat représentant une Plus-Value plus que conséquente, soit quelque USD 230 millions en faveur de l’armateur mauricien.
Au cas où la rupture du contrat avec Betamax interviendrait, le montant de la compensation ne devrait pas dépasser les USD 65 millions alors que le maintien du contrat pourrait coûter plus de trois fois ce montant. C’est ce que souligne le camp des pro-résiliation au sein du gouvernement en affirmant qu’un plan B et même un plan C ont déjà été élaborés.
Dans une déclaration avant le début des consultations, le directeur du groupe Bhunjun soutient que « sous réserve de ses droits contractuels, la direction de Betamax Ltd est ouverte à toute discussion avec le comité interministériel mis sur pied par le gouvernement pour se pencher sur le contrat liant l’entreprise à la STC pour l’approvisionnement de Maurice en carburant. »
Veekram Bhunjun fait également ressortir que « le MT Red Eagle est un navire oeuvrant exclusivement pour la fourniture de Maurice en carburant tout au long de l’année, un ravitaillement qui évite au pays tout risque de pénurie, et ce en dépit des nombreux défis liés au stockage de produits pétroliers et au fret maritime. Nous espérons que les décisions prises à l’issue de ces discussions répondront aux besoins du pays et aux attentes des deux parties.»
Comme quoi, le match sur le contrat de Betamax n’est pas seulement entre le gouvernement et le groupe Bhunjun, mais également au sein du gouvernement…

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