GRÈVE DE LA FAIM, FEMMES CLEANERS : Il est faux de dire qu’elles travaillent pour un salaire de Rs 1500, a déclaré Etienne Sinatambou

Le gouvernement a, par le biais de son porte-parole, laissé comprendre qu’il ne cédera pas aux revendications des femmes cleaners qui sont aujourd’hui à leur sixième jour de grève de la faim. Leur salaire a, insisté Etienne Sinatambou, est régi par la loi et il en sera ainsi. Le gouvernement ne peut, a-t-il déclaré hier, être tenu responsable de leur situation, d’autant qu’elles toucheraient un salaire supérieur à ce qu’elles disent. Il a rappelé que le gouvernement a mis en place le Negative Income Tax pour venir en aide aux employés au bas de l’échelle.
Si une semaine auparavant Etienne Sinatambou avait ironisé en déclarant à la presse qu’avec un salaire qui fait trois fois le sien, un pilote à Air Mauritius n’était pas à plaindre, en revanche, hier matin, il n’a pas eu recours aux mathématiques pour le même exercice de comparaison s’agissant des Rs 1 500 mensuelles des femmes cleaners. A Week-End, qui lui demandait lors du point de presse hebdomadaire du gouvernement hier, qu’au-delà des calculs s’il ne jugeait pas injuste le salaire dérisoire des femmes cleaners, le ministre Sinatambou a brandi le National Remuneration Board. «C’est la loi qui fixe les salaires ! Le NRB les détermine en fonction d’une proportionnalité entre les meilleurs jobs et les moins qualifiés. Si ou travay zis de zer-tan ou pa kapav blam mwa! Al travay trwa fwa de zer-tan », répondait Etienne Sinatambou avant d’exprimer sa compréhension sur « le côté tragique» de la situation des femmes cleaners.
L’action des femmes grévistes était à l’agenda de la conférence de presse. En abordant le sujet, le porte-parole désigné par le gouvernement MSM/ML, n’a pas fait dans la dentelle ! A hier matin, le gouvernement, disait-il, n’allait pas céder aux revendications des femmes grévistes. D’ailleurs, il leur lance l’appel de mettre un terme à leur action. Selon Etienne Sinatambou, il y aurait dans ce mouvement de grève, mené aux côtés de deux syndicalistes, Jane Ragoo et Reaz Chuttoo, de la Confédération des Travailleurs du Secteur privé, une part de « mensonge» et de « démagogie ». Pour appuyer ses propos, le ministre Sinatambou a fait ressortir que des vérifications ont été faites qui ont, affirme-t-il, démontré que « na pana enn dimounn la-dan ki tous Rs 1500!» Il est catégorique : « Il est faux de dire que des femmes travaillent pour un salaire de Rs 1500 (…) En réalité, ces femmes ne travaillent que deux heures par jour. Fode pa fer krwar ki dimounn-la pe travay full-time e ki la-fin dimwa li pe gagn zis Rs 1500 ! Ce n’est pas le cas. C’est un mensonge!» A une autre question de la presse, Etienne Sinatambou devait affirmer : «La majorité de celles qui travaillent plus de deux heures touche un minimum de Rs 3000. »
« C’est de la démagogie ! »
Etienne Sinatambou a relevé un autre élément qualifié d’acte malhonnête, selon lui : « Une des grévistes travaille une à deux heures par jour et touche à peu près Rs 3000. Li travay trwa part-time li gagn Rs 10 000. » De plus, toujours après vérification, le gouvernement aurait eu « la confirmation auprès des maîtres d’école et recteurs du secondaire qu’aucune des cleaners grévistes n’est présente dans les établissements pendant toute une journée. Fer krwar ki zot pe tous Rs 1500 par mwa est une demi-vérité ou… un demi-mensonge ! » a poursuivi Etienne Sinatambou.
Le gouvernement a aussi fait passer un autre message à travers son porte-parole : celui-là ne peut être tenu responsable de la situation qui a mené les femmes cleaners à faire une grève de la faim. « Il est injuste de faire croire ki gouvernman ki pe fer dominer (…) Il ne faut pas faire croire de manière démagogique que le gouvernement doit employer des personnes qui ne sont pas satisfaites de leurs conditions d’emploi dans le secteur privé », a dit Etienne Sinatambou. Il a aussitôt rappelé que « le gouvernement n’est pas sans coeur ». La décision d’introduire le salaire minimal et l’application en cours de la Negative Income Tax pour des salariés au bas de l’échelle en sont la preuve, a-t-il dit. Pour lui, ces deux mesures sont une première dans l’histoire de Maurice : « Ce gouvernement, plus que les autres, a fait plus pour les travailleurs. » Et lance ceci comme une avertissement : « Un gouvernement ne peut pas se laisser mener par une grève de la faim, c’est de la démagogie. »
Le ministre Sinatambou a aussi insisté sur le fait que le salaire des cleaners mécontentes est régi par les Cleaning Enterprises Remuneration Regulations 2013 : « Ce n’est pas le gouvernement qui décide de leur salaire. Il y a un système salarial qui est en place depuis des décennies à travers le National Remuneration Board qui dicte le salaire minimal d’un employé (…) S’il y a un problème, il existe des procédures, une manière de faire… mais il est inconcevable que tous ceux qui ont un problème pensent qu’ils peuvent le résoudre avec une grève de la faim. »

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