HIPPISME – AFFAIRE CATAMARAN PARTY : Le bookmaker Ashleysingh Junkee toujours introuvable

Chaque semaine qui passe apporte son lot de surprises et de scandales au sein du monde hippique. On n’ira pas jusqu’à citer toutes les affaires qui secouent le Champ de Mars depuis que la saison a commencé, mais la dernière en date a eu pour conséquence que deux jockeys, nommément Raymond Danielson et Brandon Lerena, sont suspendus pour trois mois. Un autre jockey, à savoir Muzi Yeni, fait face à une « objection to departure » et fut donc privé d’une monte dans la July Handicap, la plus prestigieuse course d’Afrique du Sud. Le Sud-Africain attend de passer à nouveau devant le board des commissaires des courses.
Le bookmaker Ashleysingh Junkee est « missing », la Police des Jeux n’étant toujours pas parvenue à l’identifier sur les photos qui circulent depuis lundi sur les réseaux sociaux. Mais le nouveau scandale frappe de plein fouet le monde hippique— de surcroit en pleine crise depuis les révélations autour de la personne du président de la GRA (Gambling Regulatory Authority), Raouf Gulbul, devant la Commission d’enquête sur la drogue. Le mois d’août s’annonce chaud malgré l’hiver…
Cette affaire, qui est connue aujourd’hui comme la Catamaran Party, a commencé dès dimanche 25 juin, lorsqu’ont circulé des captures d’écran de messages d’un compte WhatsApp, qui proviendrait du jockey Muzi Yeni. Ces captures d’écran publiées notamment sur la page Facebook Zougaturf — qui n’est plus accessible depuis — laissent comprendre que le jockey Muzi Yeni aurait sollicité des faveurs en retour d’un « tuyau ». De plus, durant la journée de lundi 26 juin, un congé public, une vidéo et des photos ont fuité sur la toile. Elles mettent en scène trois jockeys et une personnalité du turf sud-africain réunis sur un catamaran en train de passer du bon temps sous le soleil mauricien.
Ces jockeys sont Raymond Danielson, de l’écurie Perdrau, Brando Lerenza, de l’écurie Rousset, Yeni Muzi, — encore lui — qui était encore sous contrat avec Ricky Maingard. Est aussi identifié sur la vidéo Justin Vermaak, agent du jockey Bernard Faydherbe. L’euphorie du congé public passée, la journée de mardi allait commencer à 100 à l’heure, tant pour la GRA — qui a été informée entre-temps du message WhatsApp de Yeni Muzi et de la vidéo de la sortie en catamaran — que pour le Mauritius Turf Club (MTC).
Une première enquête qui ?ne donne rien…
Très tôt mardi matin, la GRA demande au MTC d’agir dans le cas de Muzi Yeni, notamment dans l’affaire des messages échangés sur WhatsApp. Le board des commissaires des courses lance une enquête peu avant 11h30. Dans le message qui est envoyé à la presse, le chargé de communication du MTC souligne : « Vu que Muzi Yeni doit regagner l’Afrique du Sud urgemment pour le Judy (Handicap), le board des commissaires des courses l’a convoqué pour une enquête qui se tiendra avant 11h30 aujourd’hui (mardi) ». Entre-temps, sans doute échaudée dans l’affaire Noel Callow — qui avait quitté le pays en catimini dans un contexte semblable —, la CEO de la GRA, Divya Ringadoo, a pris les devants pour informer la Police des Jeux des faits qui sont en sa possession. Elle a également demandé une « objection to departure » contre Muzi Yeni.
Durant la journée du mardi 27 juin, un communiqué portant la signature de Stéphane de Chalain, Chief Stipendiary Steward du MTC, indique qu’après enquête, rien n’a été trouvé contre le jockey sud-africain. « Le jockey Muzi Yeni a déclaré qu’il n’avait jamais rencontré M. Curpen et qu’il n’avait jamais eu de conversation avec lui. Il a ajouté qu’il était conscient qu’une telle capture d’écran était diffusée sur les réseaux sociaux et qu’elle a volontairement soumis son téléphone portable aux commissaires aux fins de contrôle. Après l’inspection, les commissaires ont établi qu’il n’y avait pas de tels noms/contacts dans son téléphone portable ni dans son compte WhatsApp ».
Il poursuit : « Muzi Yeni a également déclaré que des choses semblables se déroulent en Afrique du Sud, où les noms des jockeys et les faux profils sont utilisés par des personnes pour des raisons qui lui sont inconnues. Il a conclu en niant avec véhémence toute participation et a réitéré qu’il avait signalé le piratage de son compte Facebook aux commissaires au samedi 24 juin 2017 ». L’enquête pour le moins rapide de Stéphane de Chalain conclut qu’« après examen, les délégués commissaires ont décidé de ne pas aller plus loin ».
«No case to answer»
L’Anglais vous dira que cette enquête est arrivée à un « no case to answer » contre Muzi Yeni et que, ce dernier, selon le MTC, était libre de partir. Le jockey sud-africain — dont le contrat avec Ricky Maingard a été résilié le dimanche 25 juin —, après avoir obtenu ses papiers de clearence du MTC, se rendra au MRA pour des formalités réussies, et puis à la GRA. L’autorité le renvoie à la police. Mais, pour l’heure, nous ne sommes en mesure de confirmer que le jockey Muzi Yeni s’est effectivement rendu à la police. Par contre, il s’est bien présenté mercredi à l’aéroport pour prendre son vol pour l’Afrique du Sud. Toutefois, la police de l’immigration l’a retenu et le jockey a passé une longe journée aux Casernes centrales jeudi.
Puisqu’en amont, soit dans la journée du mercredi 28 juin, des photos montrant les trois jockeys Raymond Danielson, Brandon Lerenza et Yeni Muzi de même que Justin Vermaak avec un Mauricien, portant une casquette et des verres solaires, ont commencé à circuler. Ce Mauricien est soupçonné d’être le dénommé Ashleysingh Jankee, un bookmaker connu au Champ de Mars et dans certains milieux très festifs.
Une nouvelle fois, l’attention de la GRA est attirée et, jeudi 29, lorsque le programme des courses a été publié, avec les noms de Raymond Danielson et de Brandon Lerenza y figurant, la GRA demande illico presto au MTC de respecter la section 53 du Rules of Racing et de retirer ces deux jockeys du programme de la journée d’hier pour « improper manner ».
Fashion Consultant? pour Fashion TV
Dans la foulée, les deux jockeys sont convoqués devant les commissaires des courses, et une enquête est menée par le même Stéphane de Chalain aux alentours de 15h jeudi. Devant les faits, les deux jockeys reconnaissent que, le mercredi 21 juin, ils ont participé à la Catamaran Party et qu’ils furent invités par un certain « Ash/Ashley », selon leur dire, qui s’est présenté à ceux comme « un Fashion Consultant pour Fashion TV ». Ils ajoutent qu’ils ne savaient pas que Ash était un bookmaker licencié auprès du MTC.
Les jockeys sont dès lors suspendus pour trois mois en fonction de la directive K des Expatriate Jockey’s Licence, qui interdit à une cravache d’avoir des connexions avec un bookmaker. Le jockey Muzi Yeni a aussi été convoqué devant le commissaire vendredi, mais il n’a pu y aller en raison de sa convocation devant la Police des Jeux.
Reste à savoir pourquoi la licence d’Ashleysingh Jankee n’a pas été suspendue à ce jour, bien que Brandon Lerena et Raymond Danielson l’ont formellement identifié. Selon nos informations, la suspension de sa licence de bookmaker dépend exclusivement d’une décision du board de la GRA. Même informés de la situation, les membres de ce board, en unanimité, ne s’étaient pas prononcés sur ce cas à hier matin. De plus, il semblerait que ce dossier soit bloqué au niveau de la Police des Jeux, qui n’a toujours pas identifié Ashleysingh Jankee sur les photos qui circulent toujours sur le web.
Toutefois, notre source nous indique que cette fête sur le catamaran avait été préparée depuis la journée de samedi 17 juin par la paire Danielson-Jankee. Une paire très liée, dit-on au Champ de Mars. Notre source nous indique que certains chevaux, qui ont été vendus à Rs 230 ou Rs 220 chez la majorité des bookmakers, ont été vendus à Rs 280 chez le bookmaker Jankee. Allez savoir pourquoi. Il serait bien également de questionner pourquoi une cravache mauricienne a commencé à montrer des signes de nervosité depuis qu’a éclaté cette affaire. Par ailleurs il se pourrait aussi que ce soit le CCID qui soit saisi de ce dossier à la place de la Police des Jeux.

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