HIT AND RUN MORTEL À FORBACH : Lizié Manisha ti ankor uver ! mo pas ti conner mo tifi ti fini aler, a déclaré la mère

Neuf jours après cette folie meurtrière de Matthieu Coret et Barlen Mardaymootoo, au volant respectivement d’une Mercedes immatriculée 2539 AG 03 et d’une Honda 1415 MY 96 sur l’autoroute à Forbach, la mère de Manisha Shamloll, Veena Quedoo, 47 ans, ne parvient pas à accepter à cette dure séparation. Elle se rappelle encore ces moments fatidiques et prémonitoires de ce samedi matin quand pour l’une des rares occasions où sa fille n’était pas encore passée la voir avant d’aller à son travail à la pâtisserie de Grand-Baie. Elle ne se doutait nullement qu’elle n’allait plus la revoir vivante. Plus cruelle encore est la confirmation que sa fille attendait une petite fille, qui n’allait pas voir le jour en raison de l’imprudence criminelle de deux jeunes connectés à un club très spécial du Nord, Le Rocher.
Veena Quedoo, encore accablée par la disparition de sa fille et de l’époux de celle-ci, se rappelle dans les moindres détails ce qui s’est passé chez elle à Grand-Baie ce samedi matin. Le jour du drame, comme presque tous les autres jours de la semaine, Manisha était attendue chez ses parents à Grand-Baie. Son père, Chatran Quedoo, 57 ans, étant malade, elle se faisait un devoir de lui rendre visite tous les matins avant de se rendre à son travail.
Ce matin-là, il était déjà 8 h 05. Ccpendant, Manisha n’était pas encore arrivée. “Mo pa konné kifer me mo pa ti pe santi mwa bien ça zur là. Mo ti envi trouve mo tifi”, se souvient Veena. Elle s’est gardée de lui passer un coup de fil, croyant qu’elle voyageait à moto avec Arvind, son époux. Mais elle ne savait pas qu’un drame s’était déjà joué depuis une demi-heure sur l’autoroute de Forbach, à quelques kilomètres de là.
La mère se contentera d’une petite démarche de tendresse avant de se rendre à son travail. “Mone guette photo Manisha lerla monn ale travay”. A peine un quart d’heure plus tard, les hurlements de son beau-frère viennent interrompre la routine “Veena! Veena! Vine vite!”. La mère de Manisha a immédiatement cru qu’il était arrivé quelque chose à son mari, dont la santé s’était dégradée depuis ces quatre derniers mois.
“Gouvernement la pas bon!”
À ce moment-là, son beau-frère ne lui avait pas fourni d’explications supplémentaires. Avant même qu’elle ne puisse regagner son domicile, les collègues de Manisha sont passés la prendre en voiture et l’ont conduite jusqu’à la pâtisserie. N’y trouvant pas Manisha, se doutant de quelque chose, elle devait les interroger sur cette absence. Ne sachant pas comment annoncer une nouvelle aussi triste, ils ont prétendu que Manisha avait subi de légères blessures aux pieds suite à un accident.
Une fois au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital, Veena Quedoo découvre de Manisha inconsciente et allongée sur une civière. “So lizié ti encore ouvert, mo pas ti conner mo tifi ti fini aler”. Ce n’est qu’après que les infirmières lui eurent demandé d’embrasser sa fille une dernière fois qu’elle a compris que Manisha avait déjà rendu l’âme. Son monde s’est écroulé.
Manisha entretenait d’étroites relations avec sa famille. Elle est décrite comme étant de ceux qui avaient le coeur sur la main, faisant passer le bien-être de ses proches avant le sien. “Nous n’avons jamais manqué de rien avec Manisha. Elle faisait tout pour nous, sans même que l’on ait à le lui demander”, confient ses parents. Il en était de même pour Arvind, leur gendre, qu’ils considéraient comme leur fils. Tous les mois, le couple se chargeait de leur acheter des provisions, sachant que des problèmes de santé ne permettent pas au père de Manisha de travailler.
Leur départ brutal laissera une grande amertume, un vide qui peut être difficilement comblé, au sein de la famille Quedoo, un sentiment qu’ils doivent principalement au fait que Manisha attendait son premier enfant lorsqu’elle a été fauchée par ces chauffards. Le plus gros choc a été la confirmation de la mort de leur petite fille innocente dans le ventre de sa mère. La nouvelle avait été annoncée aux proches après l’autopsie de samedi dernier. Le jeudi précédent l’accident, la jeune femme, très proche de sa mère, lui avait confié avoir un retard dans ses règles.
Ce détail si important pour la famille fait que la rancoeur contre les deux chauffards devient encore plus dure. Les proches de Manisha, qui avaient tenu à se rendre à Forbach, jeudi dernier, pour les besoins de la reconstitution, ont clairement fait comprendre leur triple souffrance. La tension était palpable.
Chatran Quedoo, le père de la défunte, est visiblement le plus tourmenté par cette perte. Il éprouve du mal à s’exprimer sur le drame ayant emporté sa joie de vivre de manière si injuste et cruelle. “Li akor sous le sok So latet bien fatiguer”, explique Nandisha Dusoruth, 25 ans, la soeur aînée de Manisha.
Ce drame est intervenu au pire moment. La famille avait prévu une petite fête pour marquer un double anniversaire. Manisha devait souffler ses 23 ans vendredi 25 septembre, et hier son père devait célébrer ses 57 bougies. “Quand mo papa ti fet so l’anniverser 40 ans, zot ti fer li ansam me depi zame zott ine re coupe ene gato. Nu ti pe penser qui ça fwa la pa ti pou ena ni Durga Puja, ni service des mor, nou ti pou faire zot ene sirpriz mais se li (faisant référence à Manisha) qui finne donne nou ene sirpriz line aler”, regrette Nandisha devant la perte de sa soeur, qui restera irremplaçable.
Les proches du couple Shamloll pointent du doigt  le gouvernement qui — à leur avis — n’a jamais pris les mesures appropriées afin de décourager des jeunes d’organiser de telles courses de voitures dans les rues, surtout à l’heure à laquelle est survenu le drame. “Zame person pane koz ene parol pou dire qui ça l’heure la, bisin pena ça banne zafaire la, qui li avant qui li après! Gouvernement la pas bon! Sa bane qualité ministres la bisin dismiss ça!”, dénonce Veena.
“Li pas ene aksidan ça, li ene murder!
Tout aussi sidérée par le manque de compassion des deux conducteurs impliqués dans ce hit-and-run, Veen, pour mieux démontrer sa profonde colère, espère “qui zot pas gagn ene kosyone ek qui au mwin 50 ans zot reste dans prison. Li pas ene aksidan ça, li ene murder! Zotte pane faire nanye, zot ine sauver!” Au cas contraire, elle explique avoir l’intention de se trouver un avocat pour les poursuivre en Cour afin que justice soit rendue à Arvind et Manisha.
Le beau-frère de Veena Quedoo a du mal à comprendre : “Nous avons perdu des proches. Rien n’est comparable à cela. Personne ne pourra nous les ramener. Une autre personne avait trouvé la mort dans des circonstances similaires deux jours plus tard. Pourquoi est-ce que rien n’est fait par rapport à cela? Est-ce que le gouvernement approuve ce genre de chose? Les autorités concernées doivent introduire la peine capitale dès à présent pour que ceux qui conduisent dangereusement soient punis comme ils le méritent!”
À 18h , vendredi, jour où Manisha Shamloll devait célébrer ses 23 ans, des prières ont été dites à son intention au domicile de ses parents, à Grand-Baie. Veena Quedoo espère désormais que “Bon Dieu mette li lor ene bon simé aster qui li nepli avec nous…” Un réconfort, qui sera de courte durée pour elle, car les images de ce samedi matin continueront  à défiler dans sa tête…

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