« How dare you ? »

Empruntons le désormais légendaire “How dare you ?” de cette impressionnante jeune Suédoise, l’activiste écolo Greta Thunberg, qui a pris les «grands » de ce monde en grippe, le temps de poser quelques questions qui fatiguent bien des méninges de nombreux compatriotes en cette veille d’élections nationales…

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D’abord, de quel droit se permet le Premier ministre non-élu, Pravind Jugnauth, d’accaparer successivement des plateformes nationales populaires, par exemple les récents Jeux des îles, pour les transformer en plateaux politiques, destinés à véhiculer et booster l’image de son parti et de son gouvernement, éclaboussant au passage tout principe de décorum et de protocole ? Agissant ainsi davantage en politicien qu’en chef de gouvernement !

Le summum a été atteint avec le passage du pape François chez nous le 9 septembre dernier, quand le Souverain pontife a été ‘kidnappé’ pour être reçu, à la State House, uniquement par une assistance triée sur le volet, et qui, sommet de l’inélégance, excluait les politiques de l’opposition et d’autres personnalités tout aussi importantes du pays !
Autre exemple : l’idée de transformer le pays au nom du progrès.

Certes, développement il doit y avoir. Mais un projet qui, à la fois, soit en harmonie et respecte la nature et les habitants, se conjugue aux commerces et à l’environnement n’est-il pas plus avenant qu’un Metro Express qui rase tout (ou presque) sur son passage, dont la Promenade Roland Armand à Rose-Hill ? Oui, nous n’aurons de cesse de rappeler ce « détail » parce que, justement, le bien-être des habitants de cette partie de BB/RH a été cavalièrement balayé d’un revers de main par un chef de gouvernement trop avide de “koup riban”, au nom de ses « réalisations ». Et ça, ce n’est pas juste.
Comme si le parc créé à Ébène pourra compenser la perte encourue ! Les habitants des villes sœurs marchaient et couraient le long de cette promenade, désormais ensevelie sous le béton. Alors qu’ils auront à se déplacer par véhicule pour se rendre à Ébène. N’y a-t-il pas contradiction, là ?

Comment rester de marbre quand, le 2 octobre, lors du lancement en grande pompe du métro, dans son discours, Pravind Jugnauth a déclaré : « Mo pena dout ki bann Morisien pli fier kan pou trouv zot pei pe avanse a sa vites-la ! » Oui, l’ensemble du pays est fier de voir le pays progresser, mais à quel prix ?

De plus en plus de patriotes se posent la question : en quoi ce métro est davantage une urgence comparé aux problèmes d’ordre sociaux ? Pourquoi y avoir injecté des sommes astronomiques tandis que d’autres priorités, plus réelles et concrètes, relevant de la qualité de la vie du peuple, méritent davantage l’intérêt du gouvernement ? Comment expliquer cette indifférence grandissante, quel que soit le régime en place, soit dit en passant, quand il s’agit de questions sociales, de développement humain, de l’épanouissement de l’être ? Bref, de la construction d’un peuple.

A croire que quand il s’agit du capital humain, les politiques se défilent tout simplement. Ce sont pourtant bien des gens en chair et en os qui votent pour eux. Qui leur donnent leur ticket pour aller les représenter et, comble de l’ironie, améliorer leur sort en siégeant au Parlement ! Ce qui fait que le “Ensam tou posib” de Pravind Jugnauth, lâché toujours ce 2 octobre, et qui sera certainement l’un de ses slogans chéris pour les prochaines législatives – la formule est très « sexy », on l’avoue, sauf que le « Yes we can » de Barack Obama, mis à toutes les sauces, est déjà très éculé – sonne irrémédiablement… creux.
Quoi de mieux pour illustrer cela que la déportation illico presto de certains ouvriers étrangers de l’usine Firemount, soupçonnés d’être les meneurs de la rébellion, qui ont manifesté leur colère en saccageant la cantine de l’usine ?

En effet, cet acte de désobéissance mérite une lourde sanction. Mais les déporter sans aucune autre forme de procès, est-ce bien l’unique solution ? La plus humaine et légitime ?

 

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