ILES ÉPARSES – Travaux d’infrastructure : Le cri de coeur d’Agalega

– Agalega en quête d’un dialogue social « franc et vrai » avec les autorités

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– Une requête formulée et soumise en ce sens à l’Agalega Islands Council en vue de la réunion de lundi

Des membres de l’Agalega Islands Council résidant dans l’archipel ont adressé hier à cette instance une longue liste de doléances des habitants, en espérant que celles-ci seront prises en considération à la prochaine réunion du Council, prévue lundi au ministère des Administrations régionales. Avec le début des chantiers de construction de la piste d’atterrissage et de la jetée, et face au manque d’informations, les Agaléens évoquent ainsi l’urgence d’un « dialogue social franc et vrai avec les autorités » concernant l’évolution des travaux et leur avenir dans l’archipel. La nécessité d’une communication régulière figure d’ailleurs en premier sur cette liste de doléances. Quant à l’association Les Amis d’Agalega, elle mobilise les Mauriciens pour une rencontre prévue demain à son siège, à Roche-Bois, concernant l’avenir de l’archipel.

Même si on est encore dans l’archipel au stade des travaux préliminaires pour la réalisation de la piste d’atterrissage et de la jetée, il y a des signes visibles d’un changement graduel dans l’environnement quotidien des habitants. Par exemple, l’installation de panneaux indiquant les lieux des futurs bâtiments, la présence d’un nombre élevé de travailleurs indiens en deux mois et l’installation de tentes sur une grande superficie au village de La Fourche pour l’hébergement des travailleurs étrangers. Actuellement, on dénombre sur l’Île du Nord 160 Indiens, une cinquantaine de fonctionnaires en poste sur une base rotative et environ 200 Agaléens.

Selon les habitants, l’absence totale de communication sur l’exécution des projets constituerait une lacune majeure de la part du gouvernement. D’où, disent-ils, les « commentaires et spéculations » dans l’archipel et sur les réseaux sociaux quant à des changements possibles dans leur vie quotidienne. C’est pour cette raison qu’ils insistent auprès de leurs représentants au sein de l’Agalega Islands Council afin de transmettre aux autorités leur demande pour des « rencontres fréquentes », et ce afin d’avoir de « bonnes informations » sur l’évolution du projet et sur d’autres questions relatives, comme de savoir quelle superficie réelle sera requise pour la piste d’atterrissage.

Mais aussi d’autres questions : y aurait-il d’autres constructions prévues en lien avec ces deux projets majeurs ? Quelle sera la durée des travaux de construction? Des maisons seront-elles affectées par ces constructions ? Y aura-t-il d’autres contingents de travailleurs étrangers au cours de l’année et combien seront-ils ? Y aura-t-il des zones interdites aux habitants après la construction de la piste d’atterrissage et de la jetée ? Ou encore de quelle manière les travaux de construction pourront affecter leur vie quotidienne ? « Pourquoi pas une réunion mensuelle entre les autorités mauriciennes et nous, où l’on pourrait avoir un dialogue franc, vrai et ouvert, sur toutes ces questions ? » soutiennent les habitants.

Outre ce « dialogue social » qu’ils attendent avec impatience, des habitants pensent qu’il serait judicieux que le contracteur organise des « rencontres régulières » avec la population afin de leur donner des informations sur le déroulement des travaux. Ainsi ils pourraient être prévenus bien en avance des possibles inconvénients dans leurs habitudes quotidiennes.

Par ailleurs, le nombre d’étrangers dans l’archipel dépassera bientôt grandement la popualtion d’Agaléens. Et ce déséquilibre pourrait, préviennent-ils, provoquer un certain nombre de problèmes sociaux si on ne prépare pas les habitants « à en faire face avec sérénité ».

C’est ainsi que les habitants jugent « très importante » la présence de Social Workers dans l’archipel dans le cadre de ce travail de préparation de la population et en font ainsi une demande dans leur lettre envoyée hier à l’Agalega Islands Council. Selon un père de famille, il y a besoin aussi de Social Workers en raison de certains problèmes qui deviennent inquiétants, comme les grossesses précoces, les problèmes au sein des couples et des familles ou encore l’indiscipline de certains jeunes. Dans ce même registre, les habitants demandent la création d’une « école des parents » pour l’encadrement de ces derniers.

Pour des raisons sanitaires, les habitants de l’archipel demandent également la mise en place d’une station d’épuration qui soit connectée au système de “sceptic tank” utilisé pour l’heure. On relève aussi sur la liste des doléances une demande pour l’amélioration du système de distribution d’eau, afin d’éviter tout gaspillage, ainsi que le remplacement du système de fourniture d’électricité, fonctionnant pour l’heure au diesel. Des habitants réclament un système qui soit plus efficace et plus écologique, d’autant que le soleil ne fait pas défaut à Agalega.

Les habitants déplorent également le non-respect des engagements pris par les autorités à Maurice dans certains domaines de même que des projets qui ont été abandonnés en cours de route. À titre d’exemple, ils citent la suspension, depuis plus de… cinq ans, des travaux de construction d’un Tsunami Centre dans l’Île du Sud, alors que l’archipel est confronté d’une manière sérieuse au changement climatique et à de fréquents cyclones. Le contracteur choisi par l’OIDC pour la construction de ce bâtiment est rentré à Maurice et les autorités n’ont pas relancé les travaux en raison d’un procès en cour intenté au contracteur par l’OIDC.

Dans le secteur de l’éducation, les habitants reviennent à la charge sur leur demande d’un programme de formation solide à l’intention du personnel du préscolaire. Les autorités de l’Éducation avaient en effet promis depuis l’année dernière l’arrivée de deux formateurs de l’Early Childhood Care and Education Authority pour dispenser la formation aux enseignants concernés. Aussi les habitants se disent déçus devant ce qu’ils qualifient « d’oubli et d’indifférence » envers les enfants agaléens. Il semblerait aussi, selon le constat des habitants, que le projet de création d’un Centre de lecture et d’activités culturelles (CLAC), annoncé l’année dernière, « a été mis aux oubliettes ».

D’autres doléances des habitants concernent le fonctionnement de la boutique de l’OIDC. Il n’est en effet pas rare que ce lieu de ravitaillement ne soit pas opérationnel lorsque le Shop keeper, le seul employé en service, est en congé maladie. « L’OIDC doit recruter un assistant Shop keeper », souhaitent les habitants. Soulignons que l’Agalega Island Council, qui a reçu hier ces doléances des habitants, a un rôle consultatif et que, de ce fait, cet organisme ne peut prendre aucune décision.

Les bonnes œuvres d’Afcons Infrastructure

Après la distribution de chocolats et la projection d’un film en début d’année à l’intention des enfants à Agalega, Afcons Infrastructure a poursuivi durant la semaine écoulée ses actions sur le plan social dans l’archipel, où elle a décroché le contrat des travaux de constructions de la piste d’atterrissage et de la jetée. C’est ainsi que les représentants de cette firme multinationale ont distribué aux élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire avant-hier dans l’Île du Nord et, hier, de l’Île du Sud, du matériel scolaire et des équipements sportifs. Ils ont aussi annoncé aux habitants que l’enfant obtenant la meilleure performance aux examens du PSAC bénéficiera d’un parrainage d’Afcons pour ses études secondaires. Le contracteur indien leur a aussi dit qu’il apportera son soutien en cas de besoin de travaux de réparations aux établissements scolaires.

 

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