INDUSTRIE CANNIÈRE : Les petits planteurs réclament leur dû

Maurice a été obligée de transformer son industrie sucrière en une industrie cannière en raison de la baisse du prix du sucre en valorisant la canne à sucre mais les petits planteurs qui contribuent énormément à cette industrie, surtout au niveau de la production de l’énergie renouvelable, peinent à trouver leur part dans ce secteur. Les petits planteurs, au nombre de 18 000, produisent environ 28 % de la production totale de sucre à Maurice.
« Les petits planteurs sont payés pour la quantité de sucre qu’ils produisent et quelques sous pour la bagasse qui est utilisée dans la production de l’électricité mais ils n’obtiennent rien pour l’électricité que les centrales thermiques vendent au Central Electricity Board (CEB). Rien non plus pour la mélasse et encore moins pour l’éthanol », lance Jugessur Guirdharry, petit planteur, membre de la société coopérative d’Union Park.
De ce fait, les petits planteurs ne sont pas contents. Ils se plaignent des coûts élevés de production et des intrants – fertilisants, herbicides, la main-d’oeuvre et le transport. « Si le planteur n’effectue pas lui-même une partie des travaux aux champs, il ne pourra joindre les deux bouts », ajoute M. Jugessur, avant de rappeler qu’en produisant de la bagasse, les petits planteurs contribuent à la production de l’énergie renouvelable. « Si nous utilisions seulement le charbon, l’impact sur l’environnement du pays aurait été dévastateur. De par notre contribution à l’industrie cannière, nous réduisons l’importation d’environ 250 000 tonnes de charbon annuellement », dit-il.
Sen Dabydoyal, dirigeant de la Médine Cooperative Society, ajoute que si les petits planteurs n’obtiennent pas leur dû de l’industrie cannière, beaucoup d’entre eux vont abandonner la culture de la canne à sucre. Selon les chiffres officiels fournis par le ministre de l’Agro-industrie, Satish Faugoo, la semaine dernière, un total de 28 000 arpents de terre appartenant à cette catégorie de planteurs ont été abandonnés entre 2008 et 2014. « Hormis les coûts élevés de production, il y a aussi le vieillissement de la population et l’absence de relève qui affecte ce secteur », relève M. Dabydoyal.
Des petits planteurs comme Sen Dabydoyal sont en train de trouver d’autres moyens pour augmenter leurs revenus de cette industrie. Ils se sont joints au mouvement du commerce équitable. Environ 5 000 d’entre eux y sont déjà inscrits et ils ont produit un total de 21 000 tonnes de sucre sous ce label en 2013. Ce qui leur a rapporté une somme additionnelle d’environ Rs 900 par tonne de sucre, en sus du prix normal de Rs 16 000. Sous cette certification offerte par la firme internationale FLO-CERT, les petits producteurs de sucre développent de bonnes pratiques agricoles, font une bonne utilisation du sol, utilisent moins de produits chimiques et suivent un plan intégré de gestion des maladies et des pestes dans le but d’améliorer leurs récoltes. « C’est une très bonne chose pour les petits planteurs. Nous les encourageons tous à se joindre à ce mouvement », lâche Sooradehoo Punchu, président de la Mauritius Fair-trade Federation Cooperative Ltd.
Pour défendre leurs intérêts d’une meilleure façon, les petits planteurs se sont regroupés en une Alliance of Sugar Cane Planters Association (ASPA). Ce regroupement de petits planteurs réclame une révision du montant des revenus qu’ils obtiennent de l’industrie cannière ainsi que des mesures pour freiner l’abandon des terres agricoles.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -