INDUSTRIE SUCRIÈRE : Post-grève, coup d’envoi de l’arbitrage

Pratiquement quatre mois après la grève paralysant l’ensemble de l’industrie sucrière en novembre dernier, l’arbitrage indépendant, sous la présidence de Me Premila Balgobin, institué pour régler le litige entre les syndicalistes et les patrons du secteur sucre, passe aux choses sérieuses en cette fin de semaine. En effet, après des séances préliminaires datant de trois semaines, des premiers documents ont été échangés hier à la Victoria House dans le cadre du verdict qui devra être rendu par cette ancienne juge de la Cour suprême dans un délai de deux mois. Le volet de l’augmentation salariale, après le deal intérimaire d’une révision de 13% pour une sortie de crise à l’époque de la grève, devrait vraisemblablement être au centre des débats des plus animés entre les principaux acteurs.
Les recoupements d’informations auprès des sources bien informées tendent à confirmer que le Joint Negotiating Panel syndical a dressé une liste de cinq points essentiels dans le document déposé devant l’ancienne juge Me Premila Balgobin, lors de la séance d’hier à la Conference Room de la Victoria House, siège du ministère du Travail. L’on retrouve ainsi la hausse salariale après le deal de l’augmentation intérimaire de 13% conclu en novembre dernier et échelonnée sur trois ans, les mesures pour contrer les abus dans le recrutement des travailleurs saisonniers, l’allocation de huit perches de terres en guise de compensation à la retraite, une révision à hauteur de 100% de toutes les allocations qui n’ont connu aucune hausse depuis plusieurs années et l’institution d’un Human Dignity Fund pour réparer les torts causés par les compagnies sucrières sous le système de l’esclavage.
Compte tenu des dernières négociations des plus difficiles au sujet de la révision salariale, il va s’en dire que les dirigeants du JNP feront de ce volet leur cheval de bataille au cours de ces travaux de l’arbitrage indépendant. D’ailleurs, les informations recueillies confirment que les syndicalistes s’appuieront sur des analyses de l’augmentation de salaire de base en termes réels au cours de la période du 31 décembre 2000 au 1er Janvier 2015, démontrant que la valeur du salaire de base en termes de pouvoir d’achat pour les employés non agricoles et agricoles des entreprises a connu une augmentation annuelle d’environ 0,5% pour la période de 14 ans.
Les syndicalistes devraient également attirer l’attention de l’ancienne juge Premila Balgobin sur le fait que ces deux réformes successives ont façonné la mutation des entreprises d’une forme de capitalisme “rentiers’’  à une nouvelle architecture du capitalisme “rentiers” avec du sucre à valeur ajoutée produite par la main-d’oeuvre bon marché, maintenant le niveau de bénéfices via les contrats de charbon-bagasse, des  contrats IPP’s et des exonérations massives des impôts fonciers. Le JNP maintient que cette mutation a eu lieu au détriment de la richesse sociale des consommateurs et, en particulier, les travailleurs de l’industrie sucrière.
D’autres indications confirment que les représentants des travailleurs tenteront de faire comprendre que leurs demandes représentent une « réforme » de la répartition de la richesse « déloyale » entre travail et capital tout en soutenant que c’est une nécessité aussi bien qu’un impératif de justice sociale. Le JNP est aussi d’avis que la nouvelle réduction des prix du sucre et l’abolition des quotas n’auront pas une incidence significative sur les recettes, les bénéfices, les dividendes et l’accumulation des actifs des sociétés sucrières. Le syndicat est catégorique sur le fait que la nouvelle architecture née de la réforme a offert une nouvelle protection aux entreprises sucrières tout en affirmant que ce sont uniquement les petits planteurs qui ne bénéficient pas de cette protection et qui seront principalement affectés.

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