Infrastructure : Cafouillage et confusion à la gare Victoria

  • Avec le début du chantier du Victoria Urban Terminal, quelque 100 000 passagers de bus voient leur train-train quotidien être bousculé
  • Pagaille, hier matin, en l’absence de panneaux d’indication sur les destinations desservies par les arrêts d’autobus de fortune le long de la troisième voie sur La Nationale M1
  • Les usagers d’autobus des routes 51 (Pointe-aux-Sables), 52 (Médine et Albion), 119 (Rivière-Noire), 123 (Flic-en-Flac) et 203 (Camp-Levieux) oubliés du plan relogement du MPI

Heureusement que c’est un samedi matin. Le nombre de passagers s’apprêtant à prendre l’autobus à la gare Victoria est bien moindre qu’en jour de semaine. Toutefois, le cafouillage et la confusion se donnent rendez-vous après la fermeture de l’ancienne gare routière en face du QG désaffecté da la National Transport Authority (NTA) pour la mobilisation du chantier de Victoria Urban Terminal au coût de Rs 1,8 milliard du Consortium Victoria Station Ltd, avec pour partenaires Transinvest Construction Ltd, General Construction Co Ltd, Innodis Ltd, RHT Bus Services Ltd, Promotion & Development, Lavastone et Bloomage Ltd.

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Les habitués de la gare Victoria se sentaient perdus devant l’absence totale de panneaux indicateurs au sujet du nouvel aménagement des arrêts d’autobus. La bonne volonté des policiers dépêchés sur les lieux et la courtoisie des employés des compagnies d’autobus affectés à la gare auront suffi initialement pour réorienter les membres du public dans la matinée. Mais ces éléments seront-ils suffisants demain pour endiguer ce flot de passagers aux heures de pointe, particulièrement à la sortie des bureaux ? Sans compter que l’embouteillage sur La Nationale (M 1) à cause de ces nouvelles dispositions, le flot d’autobus pour embarquer les passagers s’annonce moins fluide. Tout indique que la journée de lundi à la gare Victoria s’annonce des plus critiques que ce soit pour les passagers et les employés du transport en commun.

Premier constat: hier matin, le ministère des Infrastructures publiques, assurant la coordination du Handing Over du site au Consortium Victoria Station Ltd, qui avait déjà élaboré une répartition de différents arrêts aux opérateurs d’autobus, n’avait rien prévu comme panneaux ou autres indications pour diriger le public voyageur en attendant que ce dernier s’adapte au nouvel environnement. Pourtant, le ministre de tutelle, Nando Bodha, grand communicateur, avait fait comprendre que des guichets d’informations devaient être mise en place pour informer le public sur l’état des travaux en vue d’atténuer les inconvénients.

Pour démarrer, point de guichets d’information. Ce n’est qu’après 8h, que des préposés ont apposé le long de ce semblant Bus Stand sur la troisième voie de La Nationale des panneaux indiquant les points d’embarquement de passagers à différentes destinations. “Ki kote pran bis Rozil siouple ?” ou “kot pran bis pou alle liniversité Rédwi” ou même “kot bis Pointe-aux-Sables là pou arrêté pou pran dimounes ?” faisaient partie des remarques fusant sur la place des taxis évacuée.
Des policiers de service, des détails sur des feuilles de papier, constituaient les premiers secours de ces passagers. Des employés de compagnies d’autobus se transformaient en Traffic Wardens pour venir en aide aux membres du public. Une fois l’information recherchée obtenue, c’est le début du calvaire pour rattraper ce bus.
Ceux qui voyagent par les autobus de Rose-Hill Transport Services Ltd peuvent s’estimer les plus chanceux avec le nouveau Set-Up. Les autobus desservant les cinq destinations suivantes :
l No 1: Rose-Hill en passant par Beau-Bassin
l No 1 A Rose-Hill via Saint-Patrick
l No 1 B: Rose-Hill via Vandermeersch
l No 145: Rose-Hill via Roches-Brunes/Trèfles
l Nos 174/174 A: Rose-Hill en passant par Ebène/Cyber Tower embarquent les passagers au départ du Stand de la rue Dumas (le long de l’ex-Blendax House).

Avec ce déplacement, l’arrêt d’autobus pour la route 150, soit la ligne Vallée-Pitot à Pailles, est déplacée de la rue Dumas à la rue Jemmapes, soit à côté des Casernes centrales. Les autobus allant vers Rose-Hill empruntent la bretelle à côté de l’ex-QG de la NTA pour regagner La Nationale (1). Le problème se fera davantage sentir pour les chauffeurs de Rose-Hill Transport Services Ltd car ils auront à manoeuvrer entre les autobus arrêtés le long de La Nationale sur la troisième voie et le trafic véhiculaire sur les deux autres voies rapides pour s’y engager. De ce que l’on a pu constater, hier matin, ce ne sera pas une partie facile pour les chauffeurs avec les passagers prenant leur mal en patience une fois installés dans les autobus.

Par contre, ce sera une autre paire de manche pour la  majorité des quelque 100 000 passagers utilisant cette principale gare routière de la capitale quotidiennement. Tous devront faire la queue le long de La Nationale, même si les planificateurs, qui n’ont jamais voyagé en autobus ou mis les pieds dans une gare routière, n’ont pas prévu de passages piétonniers à ce point en vue d’assurer la sécurité dans ce corridor étroit où les autobus de Rose-Hill passent par la bretelle.

Tous les autobus de la Corporation Nationale de Transport (CNT) et de la United Bus Service vers les Plaines Wilhems jusqu’à Curepipe et Vacoas, de même que les opérateurs individuels en direction du district de Moka-Flacq embarquent les passagers le long de La Nationale à l’arrière de la gare Victoria.
Placés en file indienne, les autobus individuels pour:
l Pellegrin (No 12), Camp-Thorel/L’Espérance (No 93)
l Eau-Bouillie/La-Laura (No 103)
l Camp-de-Masque (No 113) et Vuillemin (No 135) disposeront de cinq arrêts à partir du pont du Ruisseau-du-Pouce, soit au tout début la nouvelle gare.

Les deux Stands subséquents sont réservés à des autobus de la United Bus Service desservant les quatre lignes suivantes:
l No 2: Curepipe via Rose-Hill
l No 2 A; Forest-Side No 149: Bigara
l No 162: Curepipe (Express).

Gare aux bousculades et à leurs conséquences
Donc, les passagers venant de la rue Dumas et s’apprêtant à prendre les autobus susmentionnés devront tourner sur la droite à la hauteur de l’ancien restaurant Cheminot, alors que les autres doivent impérativement emprunter le passage menant à l’arrière des anciens bureaux de la NTA.

C’est à ce point précis que le chaos surgira, et surtout aux heures de pointe. Gare aux bousculades et à leurs conséquences en raison de deux facteurs : l’étroitesse du passage piétonnier et le nombre conséquent de passagers transportés par la Corporation Nationale de Transport à partir de la gare Victoria.

Dans leur sagesse, les ingénieurs du ministère des Infrastructures publiques n’ont réservé qu’un simple trottoir, soit à peine deux personnes pouvant se croiser tout le long de ces quelque 150 mètres de Bus Stand. Donc, les passagers faisant la queue pour prendre l’autobus devront s’attendre à se faire bousculer par ceux se précipitant pour gagner leur autobus un peu plus loin.
A ce titre, un véritable parcours du combattant attend le public voyageur, car cinq Stands sont réservés à la flotte de la CNT partant pour dix destinations finales, dont Curepipe, Vacoas, Floréal, Phoenix, Beaux-Songes, La Marie et ou Rose-Hill à partir de Port-Louis. Les plus à plaindre seront les membres du troisième âge et les parents voyageant avec des enfants en bas âge.

“Li pa pou fasil ditu pou bann pasaze kumsa. Lorla éna ene rebor en béton dan bor ki kapav vine ene danze si pa fer attansyon”, concède un des chefs de gare à Victoria, alors qu’un de ses collègues lui lance en guise de boutade : “Kuma to pou travay aswar dan sa plas là.” En effet, aucun point de lumière n’avait été installé dans ces Stands à hier matin. Comme quoi, au ministère de Nando Bodha, l’on semble oublier que les autobus roulent après le coucher du soleil.

Par contraste, les passagers à destination de Mahébourg (No 168) et de La Sourdine (No 200) à bord d’autobus UBS et d’autobus individuels, Dubrueil (No 250) et Hermitage (No 140) par l’UBS et Rivière-des-Galets (No 197), Bord Cascade via Réduit (No 141) et Vacoas (Express) par la CNT sont logés à meilleure enseigne. Trois corridors spécifiques les attendent au MiniBus Stand, nouvellement construit à la rue Deschartres.

Dans tout ce remue-ménage, les passagers se rendant sur la côte ouest, soit de Pointe-aux-Sables jusqu’à Baie-du-Cap en passant par Flic-en-Flac sont relégués au second plan, pour ne pas dire oubliés. Aucune mention dans le communiqué du 6 septembre. Jusqu’à vendredi dernier, ces passagers étaient les seuls à attendre leurs autobus au Stand le long de La Nationale. Mais le nouveau plan ne prévoit aucun Stand pour les routes Nos 51, 52, 119, 120, et 203.

Hier, ces passagers, notamment ceux allant à Pointe-aux-Sables ou même La Tour Koenig, ont rencontré les pires difficultés à la gare Victoria ne sachant à quel endroit précis leurs autobus sont supposés s’arrêter pour les embarquer. Certains chauffeurs ont gardé leurs vieilles habitudes de s’arrêter à l’entrée de la Newly-Built Slip, alors que d’autres préférent tout simplement brûler cet arrêt, vu le nombre d’autobus de la CNT occupant les espaces délimités.

En tout cas, pour prendre la navette de la CNT en vue de se rendre de la place de l’Immigration, il faudra accepter de parcourir plus d’une centaine de mètres dans l’étroit passage en jouant des coudes avec les autres, alors que ce service de navette aurait dû être une facilité pour les usagers du transport en commun.

Collateral Effects
Le fait indéniable est que la fermeture de la gare Victoria et le nouveau positionnement des Bus Stands aux alentours généreront des Collateral Effects sur la fluidité du trafic routier à ce point névralgique de la capitale. En tout cas, le passager lambda sait qu’il les paiera en heure d’attente plus longue et stressante en raison des embouteillages, même si les autorités avancent que “there will be no change in the bus schedules”.

Ainsi, le tronçon de La Nationale à partir du Port-Louis Waterfront jusqu’au rond-point du Caudan devra digérer un volume de trafic plus conséquent, vu que tous les autobus se dirigeant vers les Plaines Wilhems l’emprunteront pour déboucher sur la rue Moka à hauteur des feux de La Butte. Du côté de la Traffic Branch de la police, l’on rechigne des engorgements dans les deux sens à l’entrée sud de Port-Louis, que ce soit le matin ou l’après-midi.

Cette équation d’embouteillage sur les artères menant à Port-Louis pourra perdurer jusqu’à septembre 2021 quand le Victoria Bus Terminal, avec la nouvelle gare routière, les 2 850 mètres carrés d’espace bureau, 7 835 mètres carrés de centre commercial, 2 328 mètres carrés de supermarché, 1 000 mètres carrés d’emplacements pour les marchands ambulants et 1574 mètres carrés de Food Court, sera opérationnel.

Toutefois, en embuscade se pointe le Metro Express, circulant sur une ligne dédicacée et prioritaire entre Rose-Hill et Port-Louis, susceptible de tirer des passagers des autobus pris dans la congestion routière. Mais l’Overhead Bridge reliant le Victoria Urban Terminal à la Victoria Metro Station sur La Nationale, en voie de construction, ne sera livré qu’en mai 2020.

Un détail qui intéresse le public voyageur débarquant : la place des taxis de la gare Victoria a éclaté en quatre parties, soit la rue Sir Célicourt Antelme, à l’arrière de la Telecom Tower entre La Chausée et la rue Chevreau, la rue Sir Célicourt Antelme en face du supermarché Winners, la rue Révérend Lebrun (SICOM Building) et la rue Edith Cavell devant le Casino Senator.

Par contre, les autobus, qui ne seront pas en service momentanément seront dirigés au Bus Holding Area aux Salines.

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