It’s the end of the world… as we know it !

C’est ce que tonnait Michael Stipe en 1987 ! Le parolier de R. E. M (Rapid Eye Movement, garage band de Georgie, aux États-Unis) faisait alors référence à la Guerre froide. Le mur de Berlin ne va s’effondrer que deux ans plus tard, rappelons-le. Prémonitoire, ce titre ?
Ces dernières semaines, « It’s the end of the world » vit une deuxième jeunesse, se classant parmi les meilleures ventes de singles sur iTunes, en ligne avec la pandémie de coronavirus dans le monde. Le spectre de la mort qui rôde, de continent à continent, n’épargnant personne sur son passage, a insufflé, dans le monde artistique, un vent de solidarité et un regain d’énergie salutaire. Chacun s’y met, à sa façon, de l’occident à l’orient : on a vu les paroles originales de l’emblématique Killing in the name of de Rage Against The Machine (RATM) devenir Washing in the name of ! Même de grosses pointures telles que Baba Sehgal s’y sont mis : le chanteur humoristique indien a carrément composé un morceau pour sensibiliser les gens, sobrement et judicieusement intitulé Namaste !
Dans l’ensemble, donc, tout le monde est animé et motivé par un même élan d’humanité et de solidarité, avec le souci d’égayer son prochain, dans le but, surtout, de crever l’abcès de cette immense et terrible peur-panique qui guette au coin de chaque rue, dans chaque pays. Et, dans le même temps, faisant preuve d’une imagination débordante et originale, pour le moins. Le résultat est brillant, et surtout, fait chaud au cœur, comme cette composition de Bono, le leader de U2, Let your love be known, à l’intention des Italiens, cloîtrés chez eux, inquiets et appréhendant la suite des événements.
Cet élan d’humanité mondial a surtout été illustré, la semaine dernière, par le très beau geste du gouvernement chinois, qui a bravé les obstacles et fait poser un avion, rempli de médicaments et d’équipements, dans une Italie fortement touchée par le virus. La Chine, ayant été le premier pays très affecté par la pandémie, se remet lentement de l’immense isolation et a envoyé, au monde entier, un signal très fort via ce geste. Et ce pays a récidivé en envoyant une nouvelle aide à l’intention des Français, cette fois. Grand et beau geste qui souligne la grandeur d’âme, le souci de montrer que, dans la souffrance, quand notre village global voit ses frontières se rétrécir, et quand le spectre de la mort veille au grain, chacun se serre les coudes.
À notre échelle, depuis ce fatidique mercredi soir du 18 mars, quand Pravind Jugnauth, visiblement bouleversé, a annoncé que Maurice abritait trois compatriotes porteurs du Covid-19, un inévitable vent de panique a rapidement gagné toutes les maisons de l’île. Il y a fort à parier que très peu de Mauriciens ont eu une bonne nuit de sommeil ! Le réveil a été extrêmement brutal et très dur pour la très grande majorité des citoyens, aux quatre coins de l’île, déchirés entre l’envie de ne pas quitter sa maison, pour rester loin du virus, et le besoin, éventuel, de stocker des vivres, de peur qu’un “lockdown” ne vienne radicalement changer la donne. Les scènes de prise d’assaut dans nos supermarchés, par exemple, rivalisent avec ce qui s’est passé dans d’autres pays, d’ailleurs.
Au-delà des enjeux de santé publique et des risques de contamination, qui sont tous aussi très inquiétants, l’arrivée du Covid-19 chez nous vient nous ramener à l’essentiel. Cette période si dramatique et difficile vient redéfinir les vrais enjeux de la vie, ralentir le rythme par moments trop “speed”, alimenté par une société ultra-capitaliste. Pourquoi donc, en effet, ne pas en profiter pour faire le point et redéfinir nos priorités ? Car c’est le moment ou jamais de nous inscrire dans un futur qui sera dessiné selon des valeurs qui feront de nos générations futures de vrais citoyens armés et équipés.
Alors, oui, « It’s the end of the world, as we know it ». Mais c’est surtout synonyme d’un nouveau départ, sous de meilleurs auspices. Pourvu qu’on ne le rate pas !

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Husna Ramjanally

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