J – combien ?

Jour après jour, lentement, mais sûrement, le monde prend conscience du danger du réchauffement climatique. D’ailleurs, ils sont aujourd’hui de moins en moins nombreux à nier ce qui apparaît désormais comme une évidence. Le thermomètre s’affole davantage d’année en année, les calamités naturelles se font de plus en plus nombreuses et destructrices, les glaces fondent à une allure accélérée… Autant de phénomènes qui, mis bout à bout, et appuyés par les projections quasi quotidiennes du monde scientifique, sonnent progressivement le glas de la religion du climatoscepticisme. Pour autant, cette phase d’acceptation à laquelle nous assistons ne semble toujours pas suffisante que pour être suivie d’actions concrètes.

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Par ailleurs, la crise climatique, si elle paraît la plus cruciale dans la conjoncture, n’est aucunement la seule à se profiler. Comme nous le clamons d’ailleurs semaine après semaine, d’autres viendront en effet s’y ajouter (économique, sociale, migratoire…), comme si cette épineuse question n’était en soi pas suffisamment douloureuse à gérer. Pourquoi donc un tel déferlement de mauvaises nouvelles ? En vérité, la réponse est simple : parce que la crise climatique, justement, n’est qu’une des nombreuses conséquences d’un système mis en place il y a déjà bien longtemps. Un symptôme, en quelque sorte, d’une longue maladie dont nous semblons vouloir à tout prix ignorer l’existence.

L’effondrement, puisque c’est de cela dont il est encore une fois question, ne fait plus, pour de plus en plus d’entre nous, l’ombre d’un doute. Personne ne peut en effet plus nier que l’ère du “tout-pétrole” touche progressivement à sa fin, y compris les multinationales. Dans le même ordre d’idées, le monde sait tout aussi bien que les énergies renouvelables, à moins d’être déployées dès à présent à grande échelle, ne pourront jamais palier l’extraordinaire pouvoir que nous confère aujourd’hui l’or noir. Pas plus, d’ailleurs, que les autres sources énergétiques que sont, par exemple, le nucléaire et le charbon. De même, il n’est un secret pour personne que la démographie galopante (le nombre d’humains a quadruplé en un siècle seulement) constitue un autre problème, d’autant cornélien d’ailleurs que viendront immanquablement s’y ajouter – réchauffement aidant – des déplacements massifs de populations, des pénuries alimentaires et d’autres items non moins vitaux, à l’instar de l’accès à l’eau potable.

Or, malgré ces menaces directes quant à la survie de notre espèce, nous continuons de les ignorer, trop engagés socialement depuis trop longtemps probablement dans cette croyance que l’humain est apte à se sortir des pires situations, « comme il l’a toujours fait », aidé cette fois par notre sacro-sainte intelligence et les nouvelles technologies. Car le problème est bien là : l’on ne peut croire en la croissance éternelle et, dans le même temps, dans un renouveau sociétal guidé par les impératifs susmentionnés. Alors bien sûr, cette question de l’effondrement fait peur, très peur même, et l’on peut dès lors comprendre que l’on hésite à s’engager dans une voie moins confortable, car débarrassée de tout ce que nous considérons aujourd’hui – à tort – comme faisant partie de notre indispensable « kit de survie » (automobiles, smartphones, voyages en avion…).

Ceux qui s’intéressent à cette question, de près ou de loin, ont presque tous la même question qui revient en boucle : « Quand l’effondrement aura-t-il lieu ? » A savoir, donc, si nous sommes à J-360, J-3600, J-7200… En vérité, cette question ne devrait jamais être posée, et ce pour deux raisons. D’abord parce qu’il est impossible d’y répondre avec exactitude, puisque ne sachant pas quelle crise (économique, politique…) émergera en premier. Ensuite parce qu’elle induit que cela laisserait un répit supplémentaire à notre inaction. Quant à ceux qui ne croiraient toujours pas à ces menaces, nous leur poserons simplement une question : devons-nous attendre de les voir pour agir ou la simple possibilité qu’elles puissent surgir ne devrait-elle pas au contraire nous inciter à le faire ? En d’autres termes, de manière imagée, devons-nous continuer de fumer en sachant que le tabac tue, même s’il y a évidemment une possibilité que l’on n’en soit jamais affecté ? À la différence, bien sûr, que dans le cas présent, notre irresponsabilité collective a un risque élevé de métastaser notre espèce entière.

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